Les concepteurs sont souvent allés trop loin dans la recherche de sophistications pédagogiques dans les produits E-Learning. Pour faire “pédago“, ils ont multiplié les activités pédagogiques, bâti des progressions bien trop compliquées et créé trop souvent de la fausse participation. Il y a certainement une autre voie à explorer, mais encore faut-il aller à l’encontre de certaines idées fausses.
Idée fausse n°1 : le E-Learning est une formation présentielle en temps réduit
A son introduction, fin des années 1990, le E-Learning était porteur d’une promesse aujourd’hui bien oubliée : le E-Learning devait purement et simplement remplacer la formation. De cette croyance de départ, il est resté l’idée selon laquelle le E-Learning n’est rien d’autre qu’une formation présentielle plus courte, plus intensive réalisée sans formateur.
Cette idée se retrouve aujourd’hui dans la tête des concepteurs qui cherchent à reproduire vainement le stage. C’est ainsi que se multiplient les formateurs digitaux (hier avatars, aujourd’hui e-coach), les exercices en tous genres (E-Quiz intermédiaires, exercice drag and drop, mini études de cas…), les introductions excessivement longues de présentation des objectifs du module… Tout ceci fait pédago, mais n’est pas forcément efficace. Il y a une erreur fondamentale sur l’usage même du E-Learning.
Près de 15 ans après son introduction, on sait maintenant que le E-Learning ne peut pas se substituer au stage, mais le complète efficacement. Son usage premier est l’apport flash de connaissances que ce soit en introduction de parcours ou en aide ou révision tout au long de mises en pratiques. Dans ce contexte, le E-Learning doit davantage s’inspirer de l’édition professionnelle (documentation technique, ouvrage professionnel…) que du stage de formation. Ses concepteurs auraient tout à gagner à supprimer tous ces “gimmicks pédagogiques“ et à épurer leur message pour aller droit à la connaissance à acquérir.
Idée fausse n°2 : l’apprenant doit progresser pas à pas selon un “One best way“ pédagogique
Les modules ont sensiblement raccourci ces dernières années passant de plus d’une heure à moins de 30 minutes. Il n’en reste pas moins qu’ils sont encore très longs. Et cela ne serait rien, si l’apprenant pouvait naviguer librement et trouver facilement l’information qu’il recherche. Mais malheureusement, Google ne fait pas de E-Learning !
Les concepteurs pédagogiques pensent pour leurs apprenants et leur imposent un parcours plus ou moins fléché, en tous les cas beaucoup trop long. Le “One best way“ pédagogique pouvait se comprendre avec un formateur en salle (quoique les meilleurs formateurs sont souvent ceux qui adaptent leur programme à la progression des participants). Il devient totalement inapproprié dans une société digitale où la connaissance est au bout de son “device“.
Plutôt que de chercher à concevoir des parcours sophistiqués et quasi imposés, les concepteurs devraient davantage réduire la granularité pédagogique de leur contenu et proposer des accès plus aisés via des moteurs de recherche.
Idée fausse n°3 : l’apprenant doit participer pour apprendre
Les concepteurs confondent trop souvent participation et action. L’action amène l’apprenant à produire et souvent à créer son propre savoir en étant confronté à des situations apprenantes. La participation, ce n’est qu’amener l’apprenant à entrer dans le cheminement des propos du formateur. Cela n’a pas du tout la même portée pédagogique (cliquez ici). Dans le E-Learning, on cherche trop souvent la fausse participation : cliquer pour découvrir une information évidente ou déjà connue, QCM sans intérêt… L’action est souvent perçue comme trop couteuse à mettre en oeuvre, car il faut passer par des outils de type serious games.
Remplacer de l’action par de la pseudo participation n’a pas beaucoup d’intérêt pédagogique. Puisqu’on ne peut pas faire agir, n’embrouillons pas l’apprenant avec de la pseudo participation. L’action peut être réalisée en présentiel et surtout en expérienciel, elle n’est pas indispensable dans un module E-Learning si le rôle de ce dernier est seulement d’acquérir / approfondir des connaissances simples.
Faire simple, direct et facile d’accès
La voie à privilégier pour le E-Learning de demain est d’abord la simplicité : le contenu est à apporter sans fioriture pédagogique. Le message est à présenter directement à l’apprenant sans progression sophistiquée. Des liens hypertextes devraient être utilisés pour surmonter la difficulté des niveaux hétérogènes d’apprenant. Mais à part cela, partons du principe que plus le message est simple, plus le style est direct, plus efficace sera le E-Learning.
La seconde voie à explorer est la facilité d’accès. L’accès via une plateforme avec inscription pour la consultation de modules de 30 minutes est un non sens. Pourquoi j’irais consacrer 30′ de mon précieux temps pour acquérir des connaissances dont seulement 15 à 20% me seront peut être utiles ? C’est finalement la question que se pose beaucoup de salariés au moment de s’engager dans un module de E-Learning. L’avenir du E-Learning est dans le flash learning : l’aide en ligne, le tutoriel, le module hyper court (3 à 7′) accessible d’un clic en tout lieux et à toute heure. Bref la connaissance au bout des doigts quand j’en ai vraiment besoin.
Add comment