On entre dans une nouvelle ère de la E-Formation. Longtemps centrée sur la seule digitalisation du contenu (E-Learning, Rapid E-Learning, Serious games…), la E-Formation est en train d’évoluer grâce au social learning, et plus globalement à tous les outils digitaux, vers la digitalisation de l’éxpérience apprenante. Et les opportunités à saisir sont prometteuses.
Du E-Learning au Rapid E-Learning
1997 – 2005 : Le E-Learning fait Pschitt ! C’est l’époque des premières expérimentations. Les entreprises sont peu réceptives aux propositions d’organismes tels que la Cegos ou Demos, ni même à celles de Crossknowledge qui démarre à peine.
2006 – 2012 : le E-Learning se mue en rapid E-Learning. Articulate, Adobe, E-Doceo… fournissent aux acteurs de la formation, l’outil qui leur manquait. En deux ou trois jours de conception, il est possible de transformer un support PowerPoint en un module de E-Formation de bonne facture. Certes, l’interactivité reste faible avec les premières versions des logiciels, mais l’essentiel est là. Le contenu est digitalisé. Il peut être consulté à tout moment, en tout lieu, autant de fois que souhaité.
Les thuriféraires du E-Learning s’enthousiasment. C’est la fin de la rareté en formation et l’avénement d’une formation enfin pour tous. Le savoir est à portée de clic !
Serious games et social learning
Hop ! hop ! hop ! C’est sans compter l’usager de la formation, l’apprenant lui-même. Et force est de reconnaître qu’il ne se rue pas sur l’offre pléthorique à sa disposition. Une raison simple : son appétence à la formation reste limitée. Ou plus exactement, il ne trouve pas d’intérêt à se former pour acquérir des connaissances non certifiantes ou non directement utilisables. Peut-on lui en vouloir ? D’autant plus que la qualité des produits n’est pas toujours au rendez-vous.
Heureusement, l’évolution de la technologie ne s’arrête jamais. Deux pistes s’ouvrent alors successivement. Les tenants de la digitalisation du contenu investissent d’abord dans les Serious games. Mais hormis quelques expériences réussies ayant demandé des énergies considérables, cette voie reste trop coûteuse aussi bien en temps de développement qu’en argent.
L’autre piste, plus récente, est le social learning. Les éclaireurs du domaine de l’apprentissage rêvent d’inventer le Facebook de la formation. Il arrive, il est là… c’est Yammer ! Formidable outil qui permet(tra)au formateur d’animer sa communauté d’apprentissage en amont et en aval de ses formations. Déjà, certains imaginent de confier les clés de Yammer aux experts métiers. Fini la formation, vive l’info-formation et la capitalisation permanente entre professionnels.
L’enthousiasme que soulève le social learning est égal à celui qu’a suscité le E-Learning ou les serious games. Le monde de la pédagogie est friand de phénomènes de mode. S’il est indéniable que le social learning est une modalité prometteuse, il n’en reste pas moins qu’elle tient plus pour l’instant de l’effet marketing que de la pratique constatée.
Le piège de l’apprenant acteur de sa formation
E-Learning, rapid E-learning, serious games, social learning… toutes ces modalités ont un point commun. Elles reposent toutes sur le mythe du salarié acteur de sa formation. Les laudateurs de ces approches partent du principe que tout salarié apprend à condition qu’il ait à sa disposition les ressources d’apprentissage attractives dont il a besoin.
C’est oublier un peu vite que la capacité d’auto-direction n’est pas donnée à tout apprenant. Nous ne sommes pas tous égaux face à l’apprentissage ! Il y a ceux qui savent apprendre et ceux qui le savent moins. La plupart des apprenants ont besoin de guidance, d’un tuteur ou d’un formateur, ou encore d’un référent pour apprendre. Ils doivent être accompagnés dans la fixation de leurs objectifs et planning d’apprentissage. Ils ont besoin d’être fléchés vers les ressources pertinentes. Bref, on doit les aider à apprendre. Et mieux à apprendre à apprendre.
Vers la digitalisation de l’expérience apprenante
Et c’est peut être dans ce domaine de la guidance et du développement des capacités d’apprenance que la digitalisation pourrait s’avérer être la plus efficace. Avec le développement de la classe virtuelle (voir les avancées des nouvelles versions de Skype sur XBox), des outils d’E-évaluation ante et post formation, du blogging, micro blogging et social learning (à condition qu’il soit intégré dans des logiques d’animation pédagogique) et également de la transformation de la bonne vieille salle formation en E-Training room (voir par exemple la salle immersive de Microsoft), c’est toute l’expérience apprenante qui est revisitée. Il n’y a plus une étape du parcours d’apprentissage qui ne peut être digitalisé. Et le E-Learning, c’est-à-dire le contenu digitalisé, n’est qu’une modalité de ce parcours.
Cela ne fera pas disparaître la mission de formateur, mais on assistera certainement à sa transformation vers une mission de E-Formateur.