Notre cerveau est comme un muscle : si on ne le stimule pas, il ne donne pas tout son potentiel, notamment lorsqu’on est en situation d’apprentissage ou de formation.
La « réflexivité » (ici on vous explique en quoi cela consiste) est à la portée de tous mais chacun ne la pratique pas spontanément. Elle mérite d’être stimulée. Et la pratique réflexive est encore loin d’être encouragée dans l’ensemble des organisations (entreprises, centres de formation, grandes écoles etc.). Pourtant rappelons-le : la réflexivité est indispensable à tout apprentissage «sérieux » (et à la connaissance de soi…)
Pour éviter un article trop conséquent, nous abordons dans ce premier article, 13 grands principes individuels pour muscler sa propre réflexivité et éviter 5 grandes catégories de freins ou facteurs limitant la qualité de celle-ci ! Ces principes ne sont certainement pas exhaustifs et vous en avez certainement d’autres en tête…
Nous revenons dans ce deuxième article sur 4 principes à adopter cette fois-ci par les formateurs, référents AFEST, accompagnateurs, tuteurs pour muscler la réflexivité de leurs apprenants. Pour cela nous abordons ce qu’il est possible de faire concrètement, durant les entretiens d’analyse de pratique avec la méthode FAST.
Frein n°1 : nos nombreux biais cognitifs
Des psychologues comme Daniel Kahneman (prix Nobel d’économie), ont identifié plus d’une trentaine de biais cognitifs. Ces biais nuisent à notre réflexion, voire font déraper notre pensée, hors de toute rationalité ou raisonnement logique.
Un des plus célèbres : le biais de confirmation nous faisant préférer les informations qui confirment nos « croyances », plutôt que d’accepter celles qui les remettent en cause…
Quatre principes pour dépasser nos biais !
De manière graduée, nous pouvons « lutter » contre nos biais, par exemple par ces 4 principes :
- 1er principe : en conservant une dose d’humilité dans nos domaines et activités : “je sais que je ne sais pas grand-chose”, est un principe salutaire,
- 2ème principe : en prenant le temps d’analyser à froid les problématiques, par exemple en les couchant sur le papier,
- 3ème principe : en acceptant lors d’une formation ou en réunion d’équipe, de jouer le jeu du conflit socio-cognitif : nous pouvons apprendre du point de vue d’autrui, même si nous ne sommes pas d’accord,
- 4ème principe : en prenant finalement conscience de nos “modèles mentaux”, c’est-à-dire nos manières de considérer le monde qui nous entoure.
Frein n°2 : nos “nouvelles” habitudes de travail et de vie…
On peut citer notamment :
Primo l’abus d’écrans, y compris au domicile (contrairement à la lecture de livres, par exemple).
Secundo la surcharge cognitive : trop d’informations, de sollicitations, de stimuli.
Tertio la mauvaise qualité du sommeil, conséquence notamment des deux précédents.
Quarto le fait de zapper d’une tâche à une autre ou d’enchainer les missions sans prise de recul.
Quinto la soi-disant capacité de certain(e)s au multi-tâches : participer à une réunion d’équipe tout en lisant ses mails et en “musclant son pouce” sur Instagram. Outre que ce comportement est peu respectueux de ses petits camarades, la réflexivité individuelle et collective est très limitée.
4 principes supplémentaires pour aller au delà de nos habitudes…
Pour faire face à ces habitudes limitantes, nous vous proposons d’actionner 4 autres principes préservant notre capital réflexif :
- 5ème principe : se ménager des instants de « pensée flottante » ou des pauses structurantes (cf. notre article sur le Moment Eurèka ! – cliquez ici.)
- 6ème principe : se ménager des « temps pour soi » ou des « temps de recul » : après une mission, un chantier, une tâche délicate, une prise de fonction, un parcours d’intégration, etc.
- 7ème principe : se concentrer, marquer de l’attention à ce que l’on fait d’important,
- 8ème principe : développer des stratégies d’apprentissages profonds, par exemple en confrontant nos nouveaux savoirs à des connaissances antérieures.
Frein n°3 : notre paresse “innée” !
Le processus évolutif chez les mammifères supérieurs (dont l’être humain), fait que nous sommes « programmés » pour préserver nos ressources énergétiques. Notamment chez Homo Sapiens : on estime que 25% de nos calories ingérées alimentent notre (gros) cerveau ! Ce qui est considérable en terme de “dépenses”. Pour autant l’évolution ne nous a pas programmé pour que nous nous “cassions la tête” à réfléchir à tous bouts de champs : nous ne mobilisons pas (fort heureusement d’ailleurs) nos fonctions mentales supérieures en permanence, nous mourrions épuisés, sinon !
Par conséquent, il nous faut produire un effort intellectuel afin de réfléchir vraiment en tant qu’individu, par exemple lorsque nous sommes en réunion ou en salle de formation !
Encore un autre principe pour optimiser notre “énergie cérébrale” !
- Ce 9ème principe consiste à mobiliser notre « énergie de cerveau disponible », non pas pour des activités d’apprentissages certes ludiques ou plaisantes (effet Wahou ! mais futile), mais au contraire pour des réflexions à haute valeur ajoutée. On sait par exemple, grâce aux avancées des neurosciences, que la différence entre les « novices » et les « experts » (dans tous les domaines) est que ces derniers savent se créer des automatismes, afin de consacrer leurs fonctions mentales supérieures à chercher, creuser, se questionner, etc.
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Frein n°4 : des freins au sein même des organisations ?
La réduction des moments collectifs d’échanges (l’obsession du manque de temps, la culture de l’immédiateté), une culture interne suscitant le conformisme ou à l’inverse la sur-compétition entre collègues (bonjour l’ambiance !) ne facilitent pas vraiment la réflexivité.
De même qu’un management trop dirigiste ou interventionniste auprès des apprenants/collaborateurs.
Un principe sain pour “réfléchir ensemble”…
- Ce 10ème principe est issu du concept “d’organisations apprenantes” par exemple en favorisant les rituels réflexifs de type apprentissages entre pairs
Frein n° 5 : des inhibitions et dérives…
Au sein même de nos sociétés, certains phénomènes peuvent inhiber la réflexion individuelle ou la “distance critique”.
Primo les comportements de foule : confer les travaux de spécialistes de la psychologie des foules comme Gustave Le Bon. Ou encore la théorie de la « désindividualisation » (pouvant conduire aux pires excès en situation de crise).
Secundo les dérives d’un certain marketing depuis le « génial » Edward Bernays, avec des slogans, truismes et sophismes, présentés comme autant de raisonnements logiques et d’évidences.
Et pour en finir, trois principes salutaires…
- 11ème principe : rester conscient du pouvoir des mots (par ex. vis-à-vis des dérives du langage performatif),
- 12ème principe : varier ses sources d’information et « questionner » les informations reçues,
- 13ème principe : cultiver son esprit critique, voire sa réflexion philosophique. Ils ont été et doivent demeurer des principes d’éducation populaire.
Dans un prochain article, nous aborderons les 4 derniers principes, à la main des “formateurs”, cette fois-ci pour muscler la réflexivité de leurs apprenants !
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