Il y a huit ans, en 2013, sortait la première édition de l’ouvrage L’évaluation de la formation chez Dunod. Avec ce livre, je souhaitais proposer un condensé de bonnes pratiques, inspiré de mes recherches et de mes expériences sur le terrain. Quelques années après, en 2017, je proposais une deuxième édition, qui tenait compte, notamment, du long travail réalisé en partenariat avec la société Kirkpatrick Partners (notamment via l’animation de leurs programmes de certification) et de l’actualisation du modèle de Kirkpatrick.
Quand mon éditrice m’a contacté pour me proposer de travailler à la troisième édition (disponible depuis le 7 juillet), je me suis d’abord demandé quelle serait la part de l’ouvrage qui serait à actualiser parce que rendue obsolète avec les années. Je me suis également interrogé sur les manques éventuels et sur les améliorations à y apporter, toujours dans l’optique d’en faire un guide de bonnes pratiques à destination des professionnels des RH et de la formation, et ce, afin que ceux-ci ne restent pas “englués” dans la sempiternelle évaluation “à chaud”.
Voici donc, en quelques mots, les principales nouveautés de cette édition, en lien avec l’actualité de la formation et de son évaluation.
Sur la forme : un texte amélioré et augmenté
Outre les classiques corrections apportées à chaque édition (exercice toujours pénible pour le perfectionniste que de constater que certaines fautes ont échappé aux multiples relectures…), une partie non négligeable du texte a été réécrite (environ 20 % de l’ouvrage). Des phrases ont ainsi été simplifiés, certaines tournures ont été allégées, etc., avec comme souci constant de rendre le texte le plus intelligible possible. À nouveau, ce livre se veut être un guide pratique.
Fait notable : le texte a également été “augmenté” car cette troisième édition totalise 296 pages, contre 232 pages pour la précédente, soit 64 pages de plus. Une différence notable pour votre sac de plage !
Un ouvrage moins francocentré
C’est une critique que j’accepte volontiers et qui, honnêtement, pourrait être faite à nombre d’ouvrages sur la formation édités en France : notre système juridique étant ce qu’il est, nous avons souvent tendance à confondre management de la formation et droit de la formation. C’est ainsi que nous pouvons, malgré nous, “noyer” les lecteurs francophones mais non-français (belges, suisses, québécois, marocains, tunisiens, etc.) sous nos textes de lois et nos sigles (DIF, CPF, AFEST, etc.). Certes, cela correspond à une réalité et cela impacte nombre de pratiques (l’élaboration du plan, le lien aux entretiens professionnels, etc.). Mais cela peut “exclure”, au moins partiellement, certains lecteurs. La moindre des choses serait de spécifier dans le texte quand certains points sont spécifiques au contexte français.
Même si les deux précédentes éditions en comportaient en nombre très limité, j’ai pris soin de retirer au maximum tout ce qui a trait à la loi, à deux exceptions principales : Qualiopi est rapidement évoquée et l’AFEST est prise en exemple de ce que peut être une formation efficace, voilà tout ! Grand bien nous en fasse : des pratiques de formation efficaces reposent sur des principes qui n’ont pas de frontières. D’ailleurs, depuis la première édition, les références à des travaux ou des expériences menés hors de nos frontières avaient largement leur place (notons que le modèle de Kirkpatrick est nord-américain !).
Merci à mes lecteurs francophones de nombreux pays de m’avoir aidé à prendre conscience de cette limite.
Des concepts et notions précisés
Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement, et les mots pour le dire arrivent aisément. Nicolas Boileau
- Qu’est-ce que l’évaluation ? En quoi se différencie-t-elle du contrôle et de la mesure ?
- Qu’est-ce que l’efficacité en matière de formation ? Quelles différences avec la qualité ou avec l’efficience ?
- Par formation, parlons-nous de toute forme de formation ? Ou uniquement des actions de formation formelles ?
Cette troisième édition a permis de (re)préciser le périmètre de l’ouvrage et de définir des termes qui sont souvent utilisés de manière indifférenciée.
De nouveaux avis d’experts
Pour illustrer la diversité des mises en application de nombreux principes du livre, quoi de mieux que de donner la parole aux professionnels ?
Cette troisième édition n’est pas avare de nouveaux témoignages et de retours d’expérience, portant entre autres sur :
- la création d’une unité dédiée à l’évaluation au sein d’un centre de formation interne ;
- la posture du responsable formation amené devant être un véritable partenaire d’affaires (business partner) ;
- la conception de formations en partant des compétences visées (un principe fort de l’efficacité des formations : commencer par la fin !) ;
- les apports du nudge pour favoriser le transfert des acquis de la formation ;
- les pratiques mises en œuvre dans une entreprise pour favoriser ce transfert et de faire de la formation un véritable processus ;
- l’évaluation de formations en ligne (e-learning et dispositifs de type SPOC) ;
- et, enfin, l’évaluation de la culture d’apprentissage (learning culture), un sujet ô combien important en matière d’évaluation pour les années à venir, notamment pour valoriser les apprentissages informels.
Plusieurs avis présents dans l’édition précédente y figurent toujours, souvent avec un texte mis à jour.
Une prise en compte accrue de la multimodalité
Le choix d’une modalité d’apprentissage présentielle, distancielle ou expérientielle (l’AFEST pour les Français !), n’a, au bout du compte, que des impacts mineures sur les pratiques d’évaluation associées. En matière d’évaluation, c’est le résultat qui compte (les objectifs, les finalités, etc.), bien plus que les moyens mis en œuvre.
Néanmoins, certaines parties du texte et certaines pratiques ont été revues de façon à préciser, le cas échéant, à quelle(s) modalité(s) elles s’appliquaient.
- Indiquer plus précisément l’impact des modalités de formation sur les méthodes et outils d’évaluation à ce niveau (par ex. la taille des questionnaires pour de courts modules de formation en ligne).
- Indiquer plus précisément l’impact des modalités de formation sur les méthodes et outils d’évaluation à ce niveau (par ex. L’évaluation des acquis en AFEST qui est liée aussi au niveau 3 : « je pratique, donc j’apprends »).
En conclusion : pas de révolution, mais des évolutions
Au bout du compte, en relisant la deuxième édition, je me suis dit, en toute humilité, que celle-ci était encore vraiment d’actualité ! J’en veux pour preuve l’état des pratiques d’évaluation des formations dans les entreprises qui, à l’exception de celles nord-américaines, évoluent encore à un rythme loin d’être satisfaisant.
Est-ce que cette troisième édition, revue, corrigée et augmentée (selon l’expression consacrée), aidera davantage les professionnels à passer le cap ? C’est tout le bien que je leur souhaite !
Le livre peut être commandé sur le site de l’éditeur ainsi que dans toutes les bonnes librairies (et je ne peux vous inviter qu’à privilégier celles de quartier qui se feront un plaisir de vous le commander, le cas échéant…).