Après la sidération et la fermeture des salles, les organismes de formation, qu’ils soient internes ou externes, sont en train de passer à la formation 100% à distance. Car ils ont compris que :
- Le retour au présentiel est difficilement jouable tant que les conditions sanitaires ne sont pas réunies. C’est-à-dire tant que le virus n’aura pas disparu naturellement, ou tant qu’on ne pourra pas avoir accès à un vaccin généralisé ou, à tout le moins, un traitement fiable et qui fait autorité (sans être médecin, cela ne semble pas être pour demain !)
- La formation 100% à distance est loin d’être une solution par défaut grâce aux moyens (classes virtuelles, digital learning, fibre et 5G à venir) et surtout les états d’esprits qui ont évolué favorablement à son égard. Décideurs, apprenants et surtout formateurs ne voient plus le problème de la même façon !
Reste que le passage n’est pas aussi simple que cela. Cela ne se résume pas à prendre sa formation présentielle et à en faire un Zoom, un Teams, ou un Google meet toute la journée, puis à demander aux participants de signer une fiche de présence à distance. Comme Yann Bonizec nous l’a rappelé la semaine dernière sur ce blog, la FAD doit être pertinente, efficiente et humaine pour s’imposer.
Des conditions techniques (équipement, bande passante, terminaux…), pédagogiques (capacité des apprenants à apprendre en autonomie), organisationnelles (espace-temps formation) sont requises. Et, ne l’oublions pas, les formateurs eux-mêmes doivent s’y mettre et être convaincus de son intérêt.
Or, cela ne se fera pas d’un claquement des doigts. La marche entre le formateur et le E-Formateur est assez haute. Pour s’en convaincre, voici les 7 compétences que nous identifions pour le E-Formateur.
Les 7 compétences du formateur 100% à distance
A partir de notre expérience et des échanges que nous avons eu avec les formateurs que nous formons, nous retenons 7 compétences clés pour le formateur 100% à distance. Ces 7 compétences s’appliquent à la fois pour des concepteurs de dispositifs (IF ou “ingénieur en formation”) que des animateurs de formation (AF pour “animateur de formation”) .
1- Architecturer le dispositif de formation 100% à distance en prenant en compte le contexte techno-pédagogique, réglementaire et financier (IF)
Avant de se lancer dans la FAD, il est impératif d’évaluer sa faisabilité. Pour cela, il est nécessaire de réaliser un diagnostic du contexte à la fois :
- Techno-pédagogique : maîtriser les choix en matière d’équipement et de solutions (classes virtuelles, LMS, LCMS, LCTMS, plateformes de participation interactives, équipement multimédia…), identifier les meilleurs formats pédagogiques et savoir piloter leur production, etc.
- Contenu et niveaux d’objectifs : la formation porte-t-elle sur des contenus de niveau 1 ou 2, ou plutôt 3 selon la taxonomie de Bloom.
- Profil des apprenants : quel est leur niveau d’apprenance ? Leur espace-temps formation est-il favorable à la FAD ?
- Profil des animateurs de formation FAD : quel est leur niveau d’engagement dans la formation digitale ? Ont-ils les compétences requises notamment les 3 et 6 présentées ci-dessous ?
Ensuite, l’ingénieur de formation peut dessiner une première architecture grossière du dispositif de formation : combien de classes virtuelles ? Quelle proportion de Digital learning ? Comment organiser les intersession ?
Enfin, il prépare l’organisation de la FAD notamment en répondant aux exigences réglementaires.
Livrables : étude de faisabilité, architecture globale, PIF, modalités de traçabilité (dossier de preuve, quiz, extractions de LMS…).
2- Réaliser le scénario pédagogique d’une formation 100% à distance en utilisant des stratégies, modalités et techniques pédagogiques et des modalités d’évaluation appropriées (IF)
Chaque séquence pédagogique est à ré-interroger en vue de la transformer à distance. A distance, il est possible de réaliser 4 types de sous-modalités pédagogiques :
- La classe virtuelle qui avec un bon équipement permet d’atteindre un niveau d’efficacité approchant les 90 à 95% du présentiel pour les formations “papier-crayon”,
- L’autoformation à travers la consultation de ressources de digital learning lorsqu’une bibliothèque de qualité est déjà constituée,
- La co-formation via des travaux en binôme ou trinôme pendant les intersessions de classes virtuelles.
- La formation terrain. Cela peut paraître surprenant, mais la formation à distance peut également être de la formation en situation de travail. Le formateur peut demander pendant les intersessions aux apprenants de mettre en application seul ou accompagné par un tuteur ou mentor ce qu’ils ont appris à travers les cours digitaux ou les classes virtuelles.
Livrables : Matrice de traitement pédagogique, Scénario pédagogique général et détaillé…
3- Préparer et animer ses classes virtuelles (AF)
Animer une classe virtuelle n’est pas animer un présentiel. La maîtrise de l’outillage technopédagogique est indispensable. L’interactivité est différente. Elle doit être renforcée. Là où en présentiel un exposé moyen passe encore, ce n’est plus le cas en classe virtuelle. Le niveau de préparation et d’animation s’élève d’un rang.
Livrables : diaporama de qualité, guides des bonnes pratiques pour réussir l’animation de ses CV
4- Bâtir sa stratégie de création et d’animation de bibliothèque de ressources digitales (IF)
La formation à distance nécessite impérativement une bibliothèque de ressources en digital learning. La formation 100% du temps en classe virtuelle est rapidement laçante et économiquement peu rentable (car la taille des groupes est réduite de 25 à 50% du présentiel au distanciel).
Les formateurs, c’est-à-dire ici surtout les ingénieurs en formation, doivent contribuer à mettre en place cette bibliothèque. Pour ce faire des choix stratégiques doivent être réalisés :
- Choisir entre crowdlearning, autoscopie, location et production
- Choisir le bon format techno pédagogique en fonction du contexte : e-reading, vidéo learning, e-learning, réalité virtuelle… ?
- Choisir les bons outils de diffusion : blog, serveur vidéo, ou LMS, LCMS, LCTMS ?
Livrables : bibliothèque fournie et accessible (parfaitement indexée)
5- Réaliser des ressources digitales (IF/AF)
Une fois la stratégie établie, il faut la mettre en oeuvre. Ingénieurs formation et animateurs de formation sont invités (parfois sommés !) de produire leurs ressources. Grâce aux nouveaux applicatifs informatiques l’exercice est à la portée de quasiment tous les formateurs qui ne reculent pas devant l’obstacle du digital.
Aujourd’hui, un outil aussi diffusé que PowerPoint peut très bien faire l’affaire si on décide de se former à son utilisation (pour connaître notre offre cliquez ici).
D’une manière plus générale, trois sous-compétences clés sont à maîtriser pour produire des ressources digitales :
- Maîtriser les règles de base du graphisme,
- Maîtriser les logiciels de montage vidéo (Camtasia) ou de montage Rapid E-Learning comme Articulate studio et/ou Story Line ou tout simplement Power Point,
- Maîtriser les règles de rédaction et de simplification du contenu.
Livrables : ressources digitales de types : E-Reading, Video-Learning, E-Learning, VR produites.
6- E-Tutorer (AF)
Lorsque la formation s’étale sur plusieurs semaines, un accompagnement ou un E-Tutorat s’impose. D’une manière générale, dès qu’il y a une intersession entre deux temps synchrones de classe virtuelle, un dispositif de E-Tutorat est à imaginer.
Du côté du formateur, cela a des conséquences sur ses compétences. Il doit pouvoir :
- Bâtir un parcours d’accompagnement et l’outiller
- Animer les séances d’accompagnement à l’aide de l’analyse réflexive
- Adopter une posture de coach ou d’accompagnateur et non plus seulement de transmetteur de savoir
Livrable : dispositif d’accompagnement, séquences de E-Tutorat animées
7- E-Evaluer sa formation à distance (IF/AF)
Comme toute formation, la formation à distance doit être évaluée. Un dispositif doit être mis en place, des outils sont à créer. Plus que jamais, le formateur doit maîtriser cette compétence d’évaluation :
- Architecturer un dispositif d’E-Evaluation adapté au contexte en partant notamment des principes de la méthode Kirkpatrick (pour en savoir plus cliquez ici),
- Réaliser des E-Quiz et des E-Test de compréhension,
- Mettre en place et accompagner la réalisation de dossiers de preuves de réflexivité digitaux
- Etc.
Livrables : tableau du dispositif d’E-Evaluation de sa formation, E-quiz, Dossier de preuves numérique…
Se former pour acquérir ces 7 compétences
Suite à la crise sanitaire, et s’appuyant sur une quinzaine d’années d’expérience dans le digital learning, C-Campus a développé un parcours à la carte de 4 modules de chacun deux classes virtuelles entrecoupés de temps d’intersession d’auto et de co-formation, afin de vous permettre de développer ces compétences.
Téléchargez ici le parcours à la carte et inscrivez-vous auprès de Samia Ouari en la contactant ici : samiaouari@c-campus.fr.