Une appréhension règne parfois chez les tutrices et tuteurs “débutants”. On peut être à l’aise voire pointu dans son métier, tout en étant sujet au trac, à l’idée d’accompagner pour la première fois un stagiaire, une personne suivant une formation en alternance ou encore un ou une apprenti(e).
Les premières questions des participants lors de nos formations C-Campus au tutorat traduisent d’ailleurs leurs doutes. Ils nous interrogent ainsi sur les grands principes à suivre pour accompagner un apprenant sur une durée longue : de trois à six mois pour des stagiaires école, jusqu’à une à deux années pour des alternants et apprentis.
Pas de panique ! Pour celles et ceux qui débutent en tutorat, nous avons sélectionné 3 principes essentiels à mettre en oeuvre.
1) (re)prendre conscience de ce qu’on fait pour transmettre
Les tuteurs sont souvent identifiés parmi les meilleurs équipiers : ceux qui ont su grâce à l’accumulation d’expériences et à la répétition d’activités professionnelles, développer un capital de méthodes et astuces personnelles, leur faisant gagner du temps, de la productivité et de la qualité dans leur travail.
Ils opèrent de nombreuses tâches et missions de manière quasi automatique, sans avoir besoin d’y réfléchir et sans même en avoir conscience. Ils sont ce qu’on appelle “inconscients de leurs compétences”. Lorsqu’on les interroge à brûle-pourpoint, ils sont rarement capables d’expliquer comment ils “font bien”.
Or pour passer de cette maîtrise inconsciente à la capacité à jouer le rôle de tuteur, donc à former un collègue, un effort de conscientisation est indispensable.
Un tuteur va ainsi devoir reprendre conscience des trucs, astuces, bonnes pratiques, tours de main, bons réflexes, automatismes, habitudes et routines positives, etc. qu’il met en oeuvre instinctivement dans son travail. De manière à pouvoir ensuite les formaliser et transmettre à son apprenant.
Quant à l’ apprenant débutant ou junior : il ignore de larges pans du job qu’il va exercer. Il est inconscient de son incompétence (relative). Une formalisation d’objectifs d’apprentissages par le tuteur va donc être indispensable pour amener l’apprenant à “savoir qu’il ne sait pas”.
Cette double démarche de “conscientisation” est abordée au début de nos formations de tuteurs, notamment au travers de la formalisation de la “feuille de route” de son apprenant.
Vous souhaitez former vos tuteurs et maîtres d’apprentissages à réussir leurs 1ères missions pédagogiques ? Nous organisons 1 à 2 sessions de formation chaque mois, en format 100% à distance, pour les participants de France Métropolitaine et d’Outre-Mer. Contactez-nous : formation@c-campus.fr.
2) Eviter la “courbe de désamour” de son apprenant !
Parfois le tutorat n’est pas un long fleuve tranquille : les tuteurs et maîtres d’apprentissages sont confrontés à une démotivation progressive voire à un désengagement de leur apprenant, après une première phase enthousiaste et volontaire.
Pas de fatalisme en la matière ! Pour éviter les 4 stades de la “courbe de désamour” de l’apprentissage, nous abordons en formation de tuteurs les postures ou démarches pédagogiques pour, au contraire, cultiver l’envie et maintenir le goût de l’apprentissage chez son apprenant.
Stade 1 : “Vais-je être à la hauteur ?”
Certains apprenants manquent de confiance en eux (même celles et ceux qui semblent les plus assurés : souvent un “masque- faux semblant”).
Nous travaillons en formation de tuteurs sur l’attitude à adopter pour donner confiance à son apprenant (ou éviter la perte de confiance).
Stade 2 : “Ouh la : ça se complique !”
Confrontés à des premières difficultés récurrentes ou à des missions nécessitant une constance dans l’effort, l’apprenant peut faire ce qu’on appelle un “refus d’obstacle” dans le jargon hippique.
Nous abordons en formation de tuteurs comment l’accompagner au travers d’entretiens de progrès et feed-back réguliers.
Stade 3 : “Ils me saoulent avec leur truc !”
L’expression est triviale mais elle traduit fréquemment un manque de sens au travail (ou du travail). Si cette perte de sens perdure, elle peut malheureusement déboucher sur des comportements inappropriés ou une démotivation durable de l’apprenant.
Nous faisons réfléchir nos tuteurs en formation sur comment donner du sens aux missions confiées à l’apprenant, même celles qui semblent ingrates !
Stade 4 : “What else ?”
Il peut s’agir du stade où l’apprenant, après plusieurs mois ou en seconde année d’alternance, commence sérieusement à s’ennuyer au travail ou exprime le sentiment d’avoir “fait le tour de la question”.
Arriver à ce stade avec son apprenant est particulièrement délicat car le tuteur aura beau jeu de dire que lui-même apprend (encore) tous les jours, malgré ses années d’expériences, il va falloir le démontrer concrètement à son apprenant !
Nous abordons en formation de tuteurs, plusieurs approches pour continuer à faire apprendre son apprenant, selon le contexte :
- Changement de tuteur (comme nous l’expliquions dans un autre article sur l’équipe tutorale )
- Délégation par autonomie croissante,
- Missions apprenantes,
- Binôme de compétences,
- Reverse mentoring, etc.
Si vous souhaitez des formations intra sur mesure au tutorat ou encore outiller de manière homogène vos tuteurs + ou – expérimentés avec des outils pédagogiques simples, ludiques et modernes (print ou digital) contactez-nous : formation@c-campus.fr.
3) Tenir compte des préférences d’apprentissage…
Lorsque nous abordons une nouvelle activité professionnelle, quand nous acceptons une nouvelle mission nécessitant de développer d’autres compétences et aussi quand nous nous mettons à un nouveau sport, etc. nos “premiers pas” tiennent souvent compte de nos préférences d’apprentissages (à savoir comment nous préférons “entrer” dans le nouveau domaine ou discipline).
Nos alternants, apprentis et stagiaires ne dérogent pas à la règle : ils n’apprennent pas tous de la même manière et selon les mêmes réflexes.
Leurs tuteurs vont donc devoir détecter ces fameuses préférences d’apprentissages et dans un premier temps s’y adapter :
- Certains apprenants adorent apprendre par le contenu : accumuler du savoir, suivre des cours, engranger de la théorie, etc. : les lancer directement dans la pratique professionnelle concrète peut les mettre en mode “panique”.
Nous abordons en formation de tuteurs comment procéder pour, quand-même, amener un apprenant “bon élève” à passer à l’action ! - D’autres au contraire préfèrent apprendre en faisant, en pratiquant concrètement l’activité professionnelle.
Le tuteur devra en ce cas mettre en oeuvre une pédagogie de type AFEST combinant mises en situation et séquences réflexives.
L’AFEST est au coeur de nos formations de tuteurs car combinée au tutorat classique, elle est redoutablement efficace pour former, comme nous l’évoquions dans cet autre article : Tutorat et AFEST : deux approches pédagogiques opposées et complémentaires ! - D’autres apprenants préfèrent apprendre avec les autres, en groupe. En échangeant avec l’équipe ou en confrontant leurs idées et dialoguant avec leurs tuteurs.
Evidemment le tuteur va favoriser dans les premiers temps cet apprentissage relationnel mais il s’agit aussi de travailler au développement de la capacité de l’apprenant à apprendre par lui-même et à ne pas seulement compter sur les trucs, conseils et aides des autres… - Enfin, cas plus rare, certains aiment apprendre de manière auto-dirigée, sollicitant peu leurs tuteurs, se référant peu à du contenu et en agissant de manière très libre et autonome par rapport au cadre.
Pour éviter les apprentissages “hors sujet” ou le sentiment de perte de contrôle chez les tuteurs, nous voyons avec eux quels principes mettre en action pour piloter et contrôler l’activité et l’auto-formation de leur apprenant “autodidacte”.
Une fois que le tuteur a cerné la préférence d’apprentissage de son apprenant, s’y est adapté pour favoriser l’acquisition des premières compétences du job, il s’agit d’encourager l’apprenant à varier sa manière d’apprendre.
C’est bien en combinant toutes les approches : apprendre par le contenu, apprendre en faisant, apprendre des autres et apprendre comme un autodidacte, que nous optimisons nos apprentissages ! C’est aussi une des grandes leçons des expériences de parcours en multi-modalités !