Se former prend du temps, comme nous l’avons rappelé dans un article précédent – cliquez ici. Cette fois-ci nous passons à la pratique. Vous n’y trouverez pas de conseils pour organiser votre temps d’apprentissage (nous le ferons ultérieurement) nous vous proposons plutôt 10 pistes à investiguer pour apprendre ou faire apprendre en profondeur. Certes cela vous prendra du temps, mais l’investissement en vaut le prix, si vous voulez développer des compétences durables et non plus jetables !
Acquérir les fondamentaux pour mieux appréhender les connaissances spécifiques
Sur la toile vous trouverez toutes les connaissances dont vous avez besoin, mais ce savoir est émietté. Comment le décrypter ? La solution réside dans l’acquisition des concepts et notions fondamentales.
Prendre le temps de faire des MOOCs, lire des livres ou suivre des cours d’initiation, pour acquérir ces fondamentaux. Une maison ne se construit que sur des fondations solides !
Apprendre en structurant ses connaissances et non pas seulement en faisant des quiz
Pour mémoriser, il ne faut pas seulement redire à l’identique ce que l’on vient d’apprendre, mais faire des liens entre ce que l’on savait déjà et ce que l’on vient d’apprendre. Pour que le greffon prenne, il doit s’ancrer et pas seulement rester en surface. Des liens doivent se tisser. C’est la même chose pour le savoir.
Utiliser des outils comme des cartes mentales ou “mind mapping” pour résumer régulièrement ce que l’on a appris. Cela permet d’ancrer ses connaissances, bien mieux qu’en faisant des quiz.
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Apprendre par le tâtonnement, par essais-erreurs
Bien faire dès la première fois, c’est dans les livres de recettes ! Pour apprendre, il faut répéter. Plus précisément expérimenter. C’est-à-dire imaginer une stratégie, la tester et voir ses résultats. Et ceci, pas seulement une fois, mais plusieurs fois, afin d’affiner le “geste”.
Sortir de sa zone de confort, prendre le temps d’expérimenter une, deux ou plusieurs fois, est une condition indispensable pour progresser.
Apprendre sur son action pour tirer le meilleur parti de ses expériences
Si se mettre à l’épreuve de la réalité, se tester, est indispensable, ce n’est pas suffisant. Faire et refaire le geste ne suffit pas pour apprendre en profondeur. Encore faut-il réfléchir sur ce que l’on a fait, en tirer les enseignements.
Pratiquer « l’analyse réflexive » comme on la nomme en pédagogie (cliquez ici pour en savoir plus) est indispensable pour éviter les « mésapprentissages », c’est-à-dire les mauvaises façons de faire ou de raisonner, qui s’ancrent à notre insu. C’est aussi le meilleur moyen pour ancrer en profondeur nos opérations mentales (car une fois de plus, la mémorisation passe par un encodage sémantique de qualité).
Apprendre par la sérendipité et l’apprentissage fortuit
Si apprendre nécessite souvent d’être stratège comme nous venons de le voir, ce n’est pas toujours le cas. On peut apprendre de façon fortuite, sans forcément s’y être préparé. En sciences, on appelle cela la « sérendipité » : faire une découverte par hasard.
On peut donc apprendre aussi incidemment. Mais cela nécessite du temps, car il faut se laisser aller, fouiner, farfouiller dans des connaissances. Et au détour d’un clic ou d’une page d’un livre, on peut trouver des choses qu’on n’imaginait pas et qui nous ouvrent de nouveaux horizons. Tout ça prend du temps et va à l’encontre de toutes les “petites voix” qui nous disent que nous ne devons plus procrastiner. Et notamment de l’IA qui investit la toile et nous pousse à ne plus voir, que ce qui est censé nous intéresser. Et tend à nous enfermer dans nos propres savoirs et convictions.
Se donner du temps pour rechercher, découvrir, investiguer, n’est plus naturel dans nos sociétés hyper productivistes. Mais “perdre son temps”, c’est parfois la meilleure façon de le gagner dans le domaine de l’apprentissage.
Apprendre par le détour pour innover
Cet apprentissage fortuit vous pouvez aussi en partie l’organiser. Cela est bien connu des pédagogues qui pratiquent depuis de nombreuses années la « pédagogie du détour ».
Prendre-le temps au moins une fois par semaine, de faire une activité qu’on n’a pas l’habitude de faire et rechercher les ponts que l’on peut établir avec ce que l’on cherche à apprendre, est loin d’être inintéressant.
Découvrir un essai philosophique, pratiquer un nouveau sport, s’initier au bricolage ou au jardinage… n’ont peut-être rien à voir avec ce que vous cherchez à apprendre. Mais si vous analysez ce que vous faites dans ces nouvelles activités, vous trouverez peut-être des façons de considérer les choses différemment. Et vous verrez que ces détours peuvent vous apprendre beaucoup sur votre métier.
Apprendre par la rencontre, le débat, l’échange, la confrontation, la pairagogie…
Le formateur n’est pas forcément le seul sachant ! Tout notre environnement regorge de connaisseurs, voire d’experts. Ils sont là et il nous suffit de les rencontrer, les questionner, les écouter ou les observer pour apprendre. Se former c’est aller vers le savoir, mais aussi et surtout aller vers les autres. Notre compétence c’est aussi savoir s’appuyer sur les autres. Pour cela, il faut prendre le temps de la rencontre, de l’écoute et de l’observation et pas seulement chercher dans Google la solution à tous nos problèmes !
Constituer son réseau de personnes ressources, les rencontrer régulièrement, leur demander de l’aide et savoir leur rendre service, c’est peut-être un mode de fonctionnement du passé, mais il reste encore terriblement pertinent aujourd’hui, à l’heure des applis en tout genre (qui d’ailleurs ne font que digitaliser ces constructions sociales, en en captant une partie de la valeur).
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Apprendre en apprenant aux autres
Votre entourage est votre premier formateur, Ok. Mais vous aussi, vous pouvez devenir le premier formateur de vos collègues. Et en faisant cela, vous renforcez ce que vous avez compris. Expliquer ou montrer, c’est apprendre ! Alors prenez du temps pour apprendre aux autres, vous apprendrez plus vite et vous rendrez service à vos pairs.
Apprendre par la réflexivité sur soi, car se former c’est se transformer
Apprendre à faire un geste, à résoudre un problème précis, c’est bien. Mais est-ce suffisant ? Chris Argyris, le très reconnu professeur en management, nous enseigne que cela ne représente qu’un apprentissage en simple boucle. On apprend à faire dans une situation donnée, mais on ne ré-interroge pas forcément les modèles mentaux ou matrices d’action qui guident nos façons d’appréhender la réalité. Or pour apprendre de façon durable, il faut ré-interroger ses modèles mentaux, afin d’adopter les plus efficaces et réussir dans n’importe quelles classes de situations. C’est ce que l’on appelle l’apprentissage en « Double boucle » (cliquez ici pour en savoir plus).
Et pour pratiquer l’apprentissage en double boucle, il nous faut prendre le temps d’analyser les invariants qui nous conduisent à agir de façon récurrente et à obtenir en retour toujours les mêmes résultats. Ce temps d’analyse réflexive, cette fois-ci sur soi et pas seulement sur l’action, est indispensable pour non pas seulement se former, mais se “transformer”. C’est la mission du coaching et de l’accompagnement en formation.
Apprendre sur ses façons d’apprendre
Ultime niveau dans l’apprentissage, apprendre sur ses façons d’apprendre représente ce que certains appellent la metacognition ou encore l’apprentissage en « Triple boucle ». Cet apprentissage est indispensable pour tous ceux qui souhaitent s’engager dans des formations longues ou des démarches d’auto-formation sur le long terme. Mieux connaître ses préférences d’apprentissage permet d’établir de meilleures stratégies d’apprentissage (par exemple, choisir parmi les 10 pistes investiguées dans cet article, celles qui correspondent le mieux à vos objectifs d’apprentissages).
Mais cela aussi nécessite un peu de temps et d’accompagnement. Bref, vous l’aurez compris, le Slow learning, ça se mérite ! Mais peut-on apprendre de façon profonde, sans y consacrer du temps et de l’énergie ?