Nos clients, directions L&D ou consultants – formateurs, nous posent fréquemment la question : pour une formation « terrain » de qualité, faut-il plutôt mettre en oeuvre l’AFEST ou au contraire organiser un tutorat classique ? Nous aurions tendance à répondre “les deux !” : combiner AFEST et Tutorat car ce sont deux approches opposées et complémentaires mobilisables dans un même parcours de formation !
Cela étant dit, tentons d’apporter quelques éléments de choix simples, au cas où une priorité devrait s’opérer entre l’apprentissage par l’imitation selon les principes du « modelage » (tutorat) et l’apprentissage par la réflexivité (FEST/AFEST)… Et profitons-en pour rappeler quelques méthodes pédagogiques à posséder du côté des formateurs terrain, dans les deux approches !
Prioriser le tutorat dans principalement 3 types de parcours !
Le tutorat est l’approche indiquée dans 3 grands cas précis de parcours de formation. Leur caractéristique commune est que les objectifs d’apprentissages y correspondent, grosso modo, aux 3 niveaux inférieurs de la taxonomie de Bloom: Connaissance, Compréhension et Application !
Dans ces trois cas, les apprenants ont besoin de maîtriser rapidement des fondamentaux, en imitant (a minima) des collègues “modèles” exemplaires = les tuteurs-tutrices ou (encore mieux), en copiant-améliorant et s’inspirant des pratiques de différents tuteurs – co-équipiers. Voir notre article sur l’équipe tutorale.
Cas n° 1 : Parcours d’intégration / on boarding
L’enjeu des apprenants est de s’acculturer à leur nouvelle équipe, de s’adapter à leur nouveau job, d’en assimiler les savoir faire et comportements professionnels et bien entendu, de cerner rapidement les attendus concrets de leur job. Une phase d’accompagnement / tuilage ou binômage par un tiers de confiance (= tuteur-tutrice) est souvent nécessaire. À la fois dans la phase un peu critique, dite de “découverte” (où tout est nouveau pour l’apprenant, transformé en véritable “éponge absorbant de multiples informations et connaissances”) et aussi dans la phase “d’approfondissement” (où l’apprenant se lance dans sa production réelle de travail).
La durée de la période tutorée sera à adapter en fonction de la nature de l’emploi, du niveau de départ des apprenants et également du temps dont disposent leurs tuteur-tutrices !
Cas n° 2 : Parcours qualifiant / habilitation
Dans ce cas, l’un des enjeux est de sécuriser la réussite (du premier coup) des candidats à la qualification / habilitation ! Tuteurs & tutrices concentreront leur accompagnement pédagogique sur les compétences les plus complexes ou délicates ou difficiles à maîtriser par un apprenant. Guidance, conseils et feed-back structureront l’apprentissage, feront gagner un temps précieux aux apprenants et leur éviteront lacunes et mésapprentissages…
Tuteurs-tutrices doivent eux-mêmes être formés et outillés à mener les entretiens de feed-back et à évaluer objectivement les acquis de leurs apprenants !
Un peu de promotion pour C-Campus en passant : Chaque mois nous organisons des sessions de formation inter-entreprises “réussir son tutorat”. Nous pouvons également organiser des sessions en intra, voire concevoir une formule “sur mesure” évènementielle ou encore une animation de vos communautés tutorales ! Si vous souhaitez inscrire des participants et pour tout renseignement : formation@c-campus.fr
Cas n°3 : Parcours “compliance” – formations obligatoire ou des professions réglementées, etc.
De plus en plus de réglementations obligent à former son personnel pour tenir le job. Dans ce cas, la supervision ou le tutorat des apprenants amènent une garantie de sérieux dans la formation délivrée. Les apprenants assimilent mieux les contenus (que par ex. laissés seuls face à un MOOC ou un écran de e-learning…), ils peuvent poser des questions, bénéficier d’explications pour mieux comprendre le sens des consignes ou directives à respecter, etc.
Les bénéfices du tutorat sont encore plus évidents lorsque la formation prévoit des mises en situation. Les retours des tuteurs & tutrices aident les apprenants à comprendre leurs éventuelles erreurs et à progresser !
L’AFEST : particulièrement indiquée dans 4 types de parcours…
Dans d’autres cas, après une courte phase de tutorat, il faut savoir passer à l’AFEST, notamment dans des parcours visant le développement des compétences !
Dans la taxonomie de Bloom, les objectifs pédagogiques de ces parcours relèvent souvent des 3 niveaux supérieurs :
- analyser,
- synthétiser,
- évaluer !
Cas n°1 : Parcours de perfectionnement
L’apprenant possède déjà de bonnes bases dans le domaine considéré : la pratique réflexive (élément central de toute AFEST) va lui permettre de se perfectionner et de devenir autonome !
Prévoyez des projets concrets à confier, des missions apprenantes, des “chantiers” avec responsabilités etc. afin que votre apprenant(e) se “fasse les crocs” et apprenne de ses expériences !
Cas n°2 : Parcours de développement du “Leadership“
Qu’on soit amené à devenir formateur interne, tuteur, manager d’équipe, chef de projet, etc., bref à développer un certain leadership, ce ne sont ni les cours théoriques, ni les conseils des camarades qui aident le plus à grandir… Ce sont plutôt la pratique, l’expérience réelle et la prise de recul : une approche AFEST est souvent très indiquée !
Un de nos clients par ex. prévoit une AFEST pour ses jeunes ingénieurs devenant “chef de projet“, en plus d’une formation classique!
Cas n°3 : Parcours de formation aux soft skills
Entrainements sur cas réels, réflexivité en sous-groupes, partages entre pairs sont incontournables ! Non pas qu’une formation présentielle soit inutile. Bien au contraire : elle apportera méthodes et conseils comportementaux. Mais tout bon formateur utilisera aussi les ingrédients de l’AFEST pour faire avancer ses participants…
Hé oui ! L’AFEST prend de multiples formes et elle n’est pas seulement individuelle ! Lire par exemple nos deux articles sur 20 techniques réflexives à plusieurs ! Cliquez ici et cliquez-là.
Cas n°4 : Parcours certifiant – diplômant
De plus en plus les parcours certifiants intègrent l’AFEST, d’abord comme modalité pédagogique. Et puis aussi la réflexivité comme outil d’évaluation formative, voire comme modalité d’évaluation lors des épreuves orales de certification. Les candidats sont ainsi “interpellés” par les jurys et évalués sur leurs capacités réflexives. La constitution d’un mémoire, d’un dossier professionnel, etc., en sont les bases.
Au fond, L’AFEST est aussi une excellente occasion de faire produire à un(e) apprenant(e) son “journal d’apprentissages”.
Dernier cas, un peu à part : le développement personnel
Nous sortons bien sûr ici du cadre de la formation professionnelle et a fortiori du plan de développement des compétences. Les personnes s’intéressant aux formations de développement perso (et de bien-être), évoquent par exemple les bénéfices des techniques de “pleine conscience”, basées sur la méditation. Il ne s’agit pas vraiment de méthodes de réflexivité et donc d’AFEST. Pourtant elles apportent d’après certaines autorités, notamment médicales, un plus en terme de gestion du stress ou de capacité de concentration, utiles en AFEST.
Je devrais peut-être y songer car la vie de consultant-formateur n’est pas toujours un long fleuve tranquille…