Qualiopi n’a pas forcément bonne presse auprès des formateurs, car souvent perçu comme trop contraignant. À en croire les échanges sur les réseaux sociaux, les ingénieurs pédagogiques lui font très souvent le procès de brider leur créativité.
Vu de notre fenêtre de “formateur de formateurs”, il est difficile pour nous de prendre parti, tant les contextes de nos clients sont divers et le référentiel Qualiopi si riche, avec ses 32 indicateurs en perpétuelle évolution (la V.9 vient de remplacer la V.8 qui aura eu une durée de vie de seulement quelques semaines !).
En tous les cas, il est un point où nous pouvons reconnaître que Qualiopi peut aider à améliorer les pratiques pédagogiques, c’est l’obligation ou quasi-obligation d’utiliser un guide d’animation, pour faire la preuve d’une conception de parcours pédagogiques de qualité.
Le référentiel Qualiopi ne parle pas explicitement de guide d’animation. Mais il y fait référence plusieurs fois dans les indicateurs du critère 2, notamment dans les preuves à apporter à l’indicateur 5 (« objectifs opérationnels et évaluables ») et 6 (« établissement des contenus et modalités mises en œuvre »), et dans une certaine mesure 7 (« adéquation du ou des contenus aux exigences de la certification visée »).
Pour ceux qui n’utiliseraient pas encore ce type d’outils pour leurs formations, voici la F.A.Q qui nous permet de répondre aux 10 questions incontournables que nous posent généralement les formateurs qui viennent se former chez nous à la conception et à la scénarisation pédagogiques.
Petit intermède publicitaire : nous formons chaque année plus de 500 concepteurs ou chefs de projets pédagogiques ! Si vous souhaitez comme eux bénéficier de nos formations intra ou inter contactez-nous formation@c-campus.fr ou consultez notre catalogue.
1. Qu’est-ce qu’un guide d’animation ?
Le guide d’animation, c’est le fil conducteur, la feuille de route ou encore le scénario de sa formation. C’est un outil pratique qui résume en un tableau, ce que feront le formateur ou la formatrice et leurs apprenants et apprenantes pendant la formation.
Il n’y a pas d’A.O.C dans ce domaine, certains l’appellent « guide d’animation », d’autres lui préfèrent le terme de « scénario pédagogique », d’autres encore de « conducteur de formation ».
2. Existe-t-il un modèle unique de guide d’animation ?
Non, et cela crée parfois de la confusion quand on débute dans la conception pédagogique. Le meilleur guide d’animation est celui qui est adapté au contexte. C’est pourquoi, chez C-Campus, nous adaptons à chaque fois le nombre de colonnes et leurs fonctions.
Vous trouverez ci-dessous un modèle simple et courant.
Pour des formations démultipliées avec de nombreux formateurs occasionnels, on aura intérêt à le compléter avec des colonnes « commentaires » ou « points de vigilance ». Pour des parcours de formation multimodale, on complètera par une colonne “modalité”.
3. Quelle est l’utilité du guide d’animation pour un concepteur ?
Pour le concepteur pédagogique, le guide d’animation permet de formaliser et de traduire dans un tableau simple et lisible, son travail de conception. Il le communiquera ensuite à l’animateur, qui pourra donc animer, selon ses prescriptions. C’est en quelque sorte le “mode d’emploi” des supports pédagogiques (diaporama, exercices, quiz, cours digitaux, documentation print ou digitale, etc.)
Pour les grands déploiements, le guide d’animation est ainsi un formidable outil pour s’assurer que toutes les sessions seront animées de façon homogène. Cela permet de réduire les écarts de pratiques entre formateurs.
4. Quelle est l’utilité du guide d’animation pour un animateur ?
Pour l’animateur, le guide d’animation est son pense-bête.
- Avant l’animation, il lui permet de préparer de façon rigoureuse son animation, en le parcourant et en s’assurant qu’il a tous les éléments pour animer efficacement chacune des séquences pédagogiques.
- Pendant l’animation, il s’y réfère constamment. C’est son « road book ». Posé sur sa table, toujours à portée de vue, le guide d’animation, comme son nom l’indique, lui sert de guide.
- Après son animation, il lui permet de comparer ce qu’il a fait, avec ce qui était prévu de faire. Cela lui permet d’enclencher une démarche réflexive sur sa pratique d’animation.
5. Quand le guide d’animation est-il réellement indispensable ?
A en croire Qualiopi, pour toutes les formations ! Mais reconnaissons que pour une formation à faible enjeu, que vous avez l’habitude d’animer et dont vous êtes à la fois le concepteur et l’animateur, son intérêt reste limité. Mais il représente toujours un bon outil pour ne pas vous perdre ou vous laisser embarquer dans des dérives, en matière par exemple de gestion du temps d’animation.
6. Est-ce normal qu’un commanditaire exige de nous le guide d’animation ?
Les commanditaires, au moment de l’appel d’offre exigent souvent le guide d’animation. Cette pratique, malheureusement de plus en plus courante, peut avoir des effets pervers. C’est un peu comme si on exigeait des chefs étoilés qu’ils mettent leurs recettes dans la devanture de leurs restaurants !
Tout le monde pourrait copier les recettes, sans jamais passer le pas de la porte. Et le chef étoilé serait bien lésé. Il peut en être de même quand un commanditaire finalement retient le prestataire de formation le moins cher et qu’il conseille à ce dernier d’utiliser une partie du guide d’animation de celui qui n’a pas été retenu !
Nous concernant, chez C-Campus, nous communiquons sans problème nos guides d’animation à nos clients fidèles et avec qui nous entretenons des relations de partenariat. Mais pour les réponses à appels d’offre, nous y réfléchissons à deux fois !
7. A quel moment faut-il rédiger son guide d’animation ?
Le guide d’animation est à réaliser avant le diaporama et l’outillage pédagogique, à la fin du travail créatif de conception.
Concrètement, le concepteur pédagogique réalise son analyse du besoin, définit ses objectifs pédagogiques en fonction du profil des apprenants et des contraintes liées à la formation (durée, organisation logistique, etc.). Puis il imagine la scénarisation de ses séquences pédagogiques sur un grand tableau (si plusieurs concepteurs) ou sur une feuille de papier ou une note sur son ordinateur ou téléphone (s’il est le seul concepteur).
Après cette phase de créativité, qui doit rester d’une certaine manière “brouillonne” (les idées fusent et il y en a un peu partout, cela permet certains partis-pris originaux), le concepteur remet de l’ordre dans ses idées (ou intuitions) et il formalise son travail de conception dans le guide d’animation.
Il sera prêt ensuite à s’atteler à la rédaction de tout l’outillage pédagogique et notamment du fameux diaporama d’animation. Je dis « fameux » car pour bien des formateurs, le diaporama est l’alpha et omega de tout travail de conception. Chez C-Campus, grâce à nos jeux de cartes, nous n’utilisons pas toujours un diaporama d’animation et l’on s’en porte très bien !
8. Combien de temps peut prendre la rédaction d’un guide d’animation ?
Le temps à consacrer à la rédaction d’un guide d’animation dépend grandement de ses compétences en ce domaine. Si l’on ne comptabilise que le temps de formalisation (et non pas celui de conception pédagogique, comme vu dans la question précédente), le temps à consacrer est d’environ 1h00 pour une journée de formation conçue.
9. Comment peut-on valider la qualité de son guide d’animation ?
La qualité d’un guide d’animation s’analyse à la fois sur la forme et sur le fond :
Sur la forme : il doit être à la fois précis et léger :
- Il doit correspondre approximativement à 1 page pour une demi-journée d’animation (en format A4 paysage, avec une police type Arial 11),
- Surtout, il doit utiliser les bonnes colonnes en fonction du contexte de formation (multi-modalité, démultiplication avec formateurs expérimentés ou débutants, etc.).
- Pour s’assurer de la qualité de la forme, le mieux est encore de tester son guide d’animation auprès d’un futur animateur-démultiplicateur. S’il le comprend et s’il peut animer facilement, c’est parfait. S’il vous pose une question pour chaque ligne, il faudra revoir votre copie !
Sur le fond plusieurs analysent peuvent être faites :
- La première est de valider l’alignement pédagogique. Vous vérifiez pour cela la cohérence entre niveaux d’objectifs pédagogiques, types d’activités pédagogiques et niveaux d’évaluation.
- La deuxième est de vérifier que votre formation utilise des techniques réellement ludiques et interactives. Pour cela vous analysez la colonne « Techniques ». Si vous avez “exposé, exposé, exposé…” vous pouvez tout recommencer. Si, à l’inverse, vous avez une bonne alternance des techniques, c’est tout bon !
- La troisième, consiste à contrôler le temps. Pour ce faire, vous comparez la colonne « déroulé » et la colonne « horaires ». En relisant à tête reposée, comme l’on dit, votre déroulé, vous vous apercevrez très vite si le temps envisagé est réaliste ou très ambitieux (Attention ! si vous débutez, dans le domaine de la conception de formation, vous aurez toujours tendance à indiquer des temps bien trop limités).
10. Faut-il et comment mettre à jour son guide d’animation ?
Le guide d’animation n’est pas rédigé une bonne fois pour toute. C’est un document évolutif.
A la fin de chaque animation, si vous appliquez le référentiel Qualiopi, ou si tout simplement vous souhaitez bien faire votre métier de formateur, vous aurez intérêt à reprendre votre guide d’animation et à analyser, comme dit plus haut, les écarts entre le prévu et le réalisé. Ce travail est généralement formalisé dans le “rapport du formateur” (nous y reviendrons dans une prochaine publication sur ce blog !).
Les conclusions du rapport du formateur peuvent donner lieu à des modifications mineures ou substantielles du guide d’animation, qui seront alors diffusées à tous les futurs animateurs et animatrices. Vous aurez mis ainsi mis en place une boucle d’amélioration continue (c’est bien aussi pour votre critère 7 de Qualiopi, soit dit en passant !)