La force du collectif dans le management et la performance individuelle des collaborateurs est aujourd’hui une évidence. Formateurs et responsables de formation, ont longtemps reconnu le collectif comme une condition sine qua non à l’apprentissage. Dans les années 1970 / 1990, il était courant que les professionnels de la formation soient formés à la dynamique de groupe. Des courants de pensée, issus de la psychologie sociale jusqu’à la psychanalyse de groupe, étaient alors assez influents (cf. notamment les travaux de Didier Anzieu et Jacques-Yves Martin – La dynamique des groupes restreints).
Tout ceci a été fortement remis en cause avec l’émergence des nouvelles techno-pédagogies et de l’individualisation de la formation. Le collectif en formation n’est plus un enjeu pour les responsables de formation ou les formateurs. Et pourtant, dans une société de plus en plus “distancialisée”, individualisée, digitalisée… le collectif est plus que jamais une condition de réussite des apprentissages en formation. Mais comment créer les conditions pour que les apprenants bénéficient de l’effet positif du collectif ? Nous vous proposons d’ébaucher quelques pistes à investiguer, en partant de trois niveaux d’analyse d’une situation pédagogique.
Le niveau micro : les sous-groupes
En partant du niveau le plus bas, le collectif en formation s’inscrit d’abord dans les sous-groupes que le formateur met en place, pour faire réfléchir, produire ou évaluer, dans le cadre d’un apprentissage.
La pédagogie dite des ateliers ou des travaux de sous-groupes est bien connue des formateurs chevronnés. Malheureusement, elle a tendance à perdre du terrain actuellement, alors qu’elle est plus que jamais nécessaire. Stressés par le raccourcissement des durées consacrées à la formation, certains formateurs ont tendance à sacrifier les ateliers sur l’autel de la productivité pédagogique. C’est tout l’inverse de ce qu’il faudrait faire et de ce que nous préconisons dans nos formations de formateurs.
Les avantages du collectif au niveau des sous-groupes
Le collectif dans les travaux de sous-groupes permet de favoriser :
- Le conflit socio-cognitif : l’apprenant exprime ses incompréhensions et ses collègues peuvent l’aider à mieux comprendre ou à mieux faire. Et faisant cela, ils apprennent eux-mêmes et consolident leurs apprentissages.
- L’activité et l’interactivité : un participant dans un atelier est toujours plus actif et plus engagé cognitivement que lorsqu’il écoute passivement un formateur. Cet engagement lui permet de rester davantage concentré.
Les points de vigilance pour développer le collectif dans les travaux de sous-groupes
Pour réussir des travaux de sous-groupes quelques conditions sont à réunir :
- Soigner les 4 temps de l’animation d’une séquence en atelier : lancement, travaux de sous-groupes, exploitation des productions, synthèse,
- Limiter le nombre de participants dans les sous-groupes : idéalement 3 (un groupe de 2 travaille plus vite, mais est moins riche, un groupe de 4 travaille beaucoup moins vite et risque de se scinder en deux),
- Bien composer ses sous-groupes : hétérogénéité de connaissances mais pas de statut,
- Fixer et même présenter des règles et principes de communication efficace (ex. le “principe de la pelote” utilisé en “brise-glace” ou team building)
- Proposer des activités au niveau de « difficultés désirables » : ni trop faciles, ni trop difficiles,
- Utiliser des techniques pédagogiques variées et pertinentes (cf. notre jeu de cartes pour les animateurs de formation La Pédagothèque 1, lien ci-dessous)
- Placer les groupes d’apprenants dans des conditions matérielles favorables : plutôt debout devant un tableau de papier qu’assis à une table derrière un ordinateur (pour accélérer les échanges), assez éloignés les uns des autres (pour éviter de se gêner avec le bruit entre groupes), dans un cadre agréable (pour favoriser des émotions positives).
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Le niveau meso : le groupe en formation
Quand on pense au collectif en formation, on pense d’abord au groupe d’apprenants, à l’effet “promotion”.
Les avantages du collectif au niveau du groupe en formation
L’effet du groupe en formation sur l’apprentissage est évident, malheureusement souvent oublié à l’ère digitale. Le groupe en formation permet de :
- Créer une ambiance propice à l’apprentissage (a contrario une mauvaise ambiance peut avoir des effets délétères sur l’efficacité pédagogique).
- Favoriser la richesse des apports en formation : n’oublions pas qu’en formation continue, le formateur ne représente qu’une partie des apports de contenu, les autres (participants) par leurs témoignages, leurs questions, leurs réactions apportent également beaucoup à chaque apprenant, parfois plus dans les formations de perfectionnement, que le formateur ou la formatrice.
Les points de vigilance pour développer le collectif au niveau du groupe en formation
Pour mettre en place une bonne dynamique au sein du groupe, le formateur est invité à :
- Soigner son démarrage de formation : avec notamment l’expression des attentes, la présentation et valorisation des objectifs et leur contractualisation. Dans la vie, on n’a jamais deux fois l’occasion de faire une première bonne impression, en formation on n’a jamais deux fois l’occasion de réussir son lancement de formation !
- Quand cela est possible, ouvrir le groupe à des profils d’horizons différents. L’hétérogénéité d’attentes et de niveaux est toujours difficile à gérer en formation, mais inviter des personnes de secteurs ou d’environnements professionnels différents, comme cela est le cas en inter-entreprises, est toujours un avantage pour la richesse des échanges.
- Créer des temps de régulation, notamment pour les formations longues. Ces temps de régulation et de prise de recul sur la progression collective du groupe permettent à chacun de s’exprimer sur sa représentation du vécu collectif. Cela évite les rancœurs, les mises à l’écart, les leaders invasifs…
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Le niveau macro : les communautés apprenantes
Le niveau macro des communautés d’apprenants est plus rarement utilisé par les formateurs que les deux niveaux précédents (micro et meso). Il n’en est pas moins déterminant pour l’efficacité en formation.
Les avantages du collectif au niveau des communautés d’apprenants
Pour les apprenants, la participation à des communautés d’apprentissage, permet notamment de :
- Renforcer les apprentissages dans la durée : grâce à l’effet bien connu d’apprentissage multi-épisodique – une même notion est revue de façon différente plusieurs fois,
- Favoriser l’innovation. Les communautés d’apprenants sont non seulement un environnement pour recueillir des informations, mais plus encore des espaces d’échanges créatifs. C’est l’intelligence collective au service de l’apprentissage !
Les points de vigilance pour développer les communautés d’apprenants
Avec l’introduction des forums puis des réseaux sociaux, la création des communautés d’apprenants est devenue techniquement très facile. Pour autant les résultats ne sont pas toujours à la hauteur. Probablement car certains points de vigilance ne sont pas toujours pris en compte :
- Transformer les groupes de formation en communautés d’apprentissage. La taille du groupe en formation est bien trop réduite pour favoriser les échanges. En même temps, s’être vu et reconnu favorise la confiance. Tout l’art consiste donc à passer à l’échelle et à intégrer plusieurs groupes de formation en une communauté plus vaste d’apprentissages (par ex. les apprenants de sessions de formation en management intègrent la communauté des managers de l’entreprise en intra ou celle de l’organisme de formation en inter-entreprises),
- Mettre de l’énergie pour réussir le démarrage. Les communautés d’apprentissage naissent assez rarement par “génération spontanée”. Pour créer (et entretenir) une réelle dynamique, l’équipe pédagogique doit “mouiller sa chemise” !
- Favoriser le multicanal. Le tout digital asynchrone ne fonctionne que rarement. Il faut renouveler les occasions de rencontres à distance et dans la “vraie vie” : webinaires, rencontres thématiques, rencontres en présentiel pour des moments ludiques ou festifs, etc.