Le CPF a pour finalité de réduire les inégalités dans le domaine de la formation. C’est un objectif louable. Mais une fois de plus, on peut se demander si cela ne relève pas du voeux pieux. Les premières contributions des parties prenantes à la concertation sur le CPF semblent avoir laissé des trous dans la raquette.
Première victime : les retraités
C’est écrit dans tous les textes, les retraités n’auront pas droit au CPF. Le sujet ne fait même pas l’objet d’une question. “Retraités : circulez, y a rien à voir pour vous, place aux chômeurs et aux jeunes sortis sans qualification !“ La crise a frappé et il faut être efficace. Certes, mais c’est sans penser au problème des retraites. Pourquoi un retraité ne pourrait-il pas reprendre une activité après s’être arrêté quelques mois voire années ? C’est aujourd’hui possible de cumuler emploi et droit à la retraite. Et cela peut être un moyen de renflouer les caisses de nos régimes de retraite. Alors pourquoi ne pas accompagner par de la formation ces personnes qui créeront à nouveau de la richesse. Aujourd’hui, ce n’est pas prévu par le CPF.
Deuxième victime : les reprises d’activité et les chômeurs longue durée
L’alimentation des droits va se réaliser de deux manières. Pour les jeunes sortis sans qualification du système scolaire, ils bénéficieront d’un capital inversement proportionnel à leur niveau d’étude (jusqu’à 800 heures propose Medef). Pour les autres, c’est-à-dire les salariés, ils accumuleront des droits au CPF sur le même principe que les droits à DIF, à savoir 20 heures par an (il n’est pas prévu pour l’instant de proratiser en fonction du temps de travail, mais cela pourrait avenir au cours de la concertation ou de la négociation).
Quid alors des chômeurs longue durée ou des personnes reprenant leur activité après de nombreuses années d’arrêt ? S’ils sont sortis du système scolaire sans qualification : pas de problème, ils auront leur capital de départ. Mais si ce n’est pas le cas ? Ils n’auront pas cumulé de droits à DIF ces dernières années et ne pourront donc pas le transférer en droit à CPF. Et ne travaillant pas, ils ne pourront pas capitaliser à nouveau. Pour eux aussi, le CPF n’aura pas beaucoup de saveur !
Troisième victime : les CDD
Les CDD ont un contrat de travail et à ce titre accumuleront des droits à CPF comme ils accumulaient des droits à DIF. Et c’est peut être là que le bât blesse. S’ils accumulent selon les mêmes règles les droits à CPF qu’ils accumulaient les droits à DIF, ils risquent de ne pas voir avant longtemps la possibilité de s’inscrire à une formation certifiante. La capitalisation était pour le DIF-CDD prorata temporis. A coup de contrats de 3 à 6 mois, ils mettront combien d’années avant de pouvoir accéder à une formation longue diplomante ou certifiante ? Ce qui était déjà bien risible pour le DIF, devient carrément ridicule pour le CPF. Espérons que nos négociateurs et le Législateur sauront remédier à ce problème.
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