Réduction des temps de formation : la pédagogie inversée au secours du blended learning

La réduction des durées de formation est une quête incessante pour la formation en entreprise. C’est un levier majeur pour la réduction des coûts. Le sujet n’est pas récent. Dans les années 90, les concepteurs de formation ont expurgé les parties théoriques des formations et ont ainsi réduit de 20, 30 voire 50% les durées de formation. Dans les années 2000, ce fut la mode du blended learning. Aujourd’hui, nous testons la pédagogie inversée. Et cela permet de réduire davantage encore la durée des formations.

Blended learning : une réduction trop souvent théorique des temps de formation

Le blended learning, imaginé comme simple juxtaposition de formation présentielle et de modules E-Learning, a très vite trouvé ses limites en matière de réduction des temps de formation. Les stagiaires sont invités via leur convocation à réaliser un module de formation E-Learning. Malheureusement, en pratique, ils ne sont que 30 à 70% à le réaliser. Le formateur débute ainsi sa formation avec des niveaux très hétérogènes de participants. Il est alors contraint de refaire un exercie de remise à niveau avant de démarrer à proprement parlé sa formation. Après la formation, les participants bénéficient d’une liste de modules à réaliser. Mais sans incitation particulière, là-aussi rares sont les stagiaires qui les consultent réellement. Bref, au final la formation est raccourcie, mais l’apprentissage également. Certes la durée est réduite de 3 jours à 2 jours ou de 2 jours à 1 jour, mais l’efficacité de l’apprentissage varie dans les mêmes proportions.

Du blended learning bien conçu à la pédagogie inversée

Notre expérience nous a amené à identifier différentes conditions de réussite pour accroître l’efficacité du blended learning :

1. Fixer des consignes précises de consultation du module. Et si possible faire adresser ces consignes par le formateur lui-même. Les futurs stagiaires se sentent davantage impliqués.
2. Bien doser le travail préparatoire à l’atelier et éviter surtout de proposer un temps d’auto formation trop important au regard de la disponibilité des apprenants.
3. Utiliser les ressources pédagogiques proposées en aval de la formation au cours de la formation. Cela peut prendre la forme d’exercices d’auto formation en binôme ou trinôme ou tout simplement d’un fléchage personnalisé des ressources par le formateur.
4. Amener le formateur à relancer les stagiaires après la formation pour les inciter à consulter les ressources à dispositions.
5. Organiser des séances de retour d’expérience plusieurs semaines après le premier atelier pour évaluer les plans d’action et partager les acquis autour des modules d’auto formation.

A regarder de près, ces conditions de réussite ont en commun d’être issues d’une logique de pédagogie inversée. Car qu’est-ce que la pédagogie inversée si ce n’est une alternance de temps de préparation individuelle et de temps de partage lors de regroupement (présentiel ou à distance via classe virtuelle). Or un parcours blended efficace démarre le plus souvent par un travail préparatoire, suivi d’un atelier, puis à nouveau d’un travail d’auto formation via des ressources pédagogiques (E-Learning, E-Reading, M-Learning…), relayé par un nouvel atelier. Cette alternance pouvant se renouveler plusieurs fois.

Depuis que nous sommes passés dans nos parcours de formation du “simple“ blended learning à un véritable accompagnement des apprenants via des consignes de préparation précises (utilisant tout simplement l’e-mail, voire mieux des outils de réseaux sociaux tels que Yammer), le niveau de nos stagiaires s’est sensiblement élevé. Nous avons pu ainsi aller beaucoup plus loin lors de nos présentiels. Le travail d’auto formation est beaucoup mieux réalisé car une dynamique s’enclenche dès le premier atelier. La mise en place de classes virtutelles (ou toute simplement de conférences téléphoniques) préparées permet également de renforcer le taux de consultation des modules. Bref, la réduction des temps de formation devient effective et la raison première n’est pas la qualité ou l’attractivité du E-Learning mais bien la guidance pédagogique inhérente à une démarche de pédagogie inversée.