Il y a tout juste un an, le 14 décembre 2013, les partenaires sociaux concluaient une négociation marathon par l’accord relatif à la “formation professionnelle“. Un an après, une loi et quelques décrets et listes, où en sommes-nous concrêtement ?
Le CPF prêt à démarrer le 5 janvier ?
La DGEFP nous le répète inlassablement : tout sera prêt pour le 5 janvier 2015. Mais “tout”, ça signifie quoi exactement ? Reconnaissons qu’ils ont mis les bouchées doubles pour sortir en 9 mois quasiment l’ensemble des décrets et arrêtés d’application (on attend les décrets sur le socle et la qualité de la formation et l’arrêté sur l’inventaire pour la toute fin de l’année ou pour le mois de janvier). Il n’en reste pas moins qu’il ne faut pas s’attendre à un décollage immédiat du CPF dès 2015. En cause, les listes de formations éligibles. En début d’année, les entreprises n’auront que les listes issues du RNCP et quelques CQP pour démarrer. C’est trop peu pour attirer les salariés dotés de seulement 120 heures de DIF.
Par ailleurs, les délais très courts entre parution des décrets et mise en oeuvre au 1er janvier 2015 leur ont empêché de bâtir une politique CPF digne de ce nom. De nombreuses questions restent en suspens :
Faut-il conserver ou déléguer le 0,2% CPF ?
Faut-il conclure un accord ambitieux ou a minima sur le CPF ?
Faut-il promouvoir ou faire une communication discrète sur le CPF ?
Comment bâtir une offre CPF en lien avec ses priorités GPEC qui ne se limite pas à des certifications de plus de 300 à 400 heures de formation ?
Comment impliquer les RH et managers dans la mise en oeuvre du CPF ?
Etc.
En attendant de répondre à toutes ces questions, elles pourront toujours inviter leurs collaborateurs à se renseigner sur le cadre juridique de ce nouveau dispositif en allant sur moncompteformation.gouv.fr.
L’entretien pro : bien plus qu’une simple évolution ?
L’ANI posait le principe d’une obligation d’entretien professionnel. La loi et surtout le décret en ont précisé le contenu et la sanction : 3.000 euros pour un salarié à temps plein, 3.900 euros pour un salarié à temps partiel. Conséquence : l’EP version 2014 n’a plus rien à voir avec un entretien annuel. Il s’agit d’un véritable entretien RH. La posture de celui qui le conduit est davantage orientée vers l’écoute et l’aide et non plus seulement vers l’évaluation et les objectifs.
Les entreprises ont maintenant moins de 15 mois pour le réaliser avec chacun de leurs salariés. Nous venons de réaliser chez C-Campus nos premiers déploiement d’entretiens en version 2015. Si les étapes sont quasiment toujours les mêmes, les manières de les réaliser sont toujours adaptées aux spécificités de l’entreprise.
Et là aussi les questions sont nombreuses pour les entreprises :
Qui doit réaliser l’entretien ? Le management, la RH, ou les deux ?
Avec quel outil ? Faut-il en créer un nouveau ou simplement adapter l’ancien ?
Comment préparer les managers et les RH à réaliser ces entretiens ?
Comment enregistrer les données et les conserver plus de 6 ans ?
Etc.
Fin du 0,9% et qualité en formation : de nouvelles opportunités pour former autrement
La fin du 0,9% ne devrait pas avoir, à court terme, d’impact important sur les budgets formation. Les grandes entreprises semblent unanimes pour dire qu’elles ne baisseront pas leur investissement. Ce n’est pas pour autant que la fin du 0,9% sera sans effet sur les pratiques de formation. Son impact se situe ailleurs.
La fin du 0,9% va libérer les entreprises du “tout imputable”. Elles vont pouvoir repenser leurs processus de formation à l’aune de l’efficacité en formation et non plus seulement au regard du temps passé. Le stage ne sera plus l’alpha et l’omega de la formation. Les entreprises vont pouvoir accélèrer le déploiement des pédagogies multimodales et des approches 70:20:10. Bref, elles vont pouvoir former autrement.
Ceci est vrai pour les formations au-delà du 1% de versement obligatoire. Mais cela le sera également pour les formations entrant dans le cadre du 1%. Le décret sur la FOAD et, plus encore, celui en préparation sur le contrôle de la qualité par les financeurs vont en tous les cas dans ce sens. Ils invitent entreprises, financeurs et organismes de formation à sortir enfin du carcan de la feuille de présence. La formation expériencielle et distancielle vont être libérées de l’obligation de traçabilité des heures réalisées.
Dans les semaines à venir, il faudra observer les prises de position du CNEFOP et des OPCA sur les méthodes de contrôle de la qualité en formation. Mais une chose est sûre : à moyen terme, on changera de logique. L’unité de compte ne sera plus l’heure de formation, elle sera remplacée par le niveau de certification et de qualité du processus de formation mis en oeuvre. A suivre.