On nous pose souvent la question : “Comment s’y prendre pour transformer une formation classique en un parcours mixant formation à distance (FOAD), formation en situation de travail (FEST) et regroupement présentiels ?” Les fondamentaux de l’ingénierie de pédagogique ne changent pas, mais on doit prendre en compte la digitalisation des contenus qui vont être utilisés quelle que soit la modalité choisie.
1) Auditer la formation existante
Avant de se lancer tête baissée dans la reconception du programme, il est important de repartir de l’existant. on vérifiera que les objectifs sont correctement rédigés. On contrôlera qu’il y a bien un système d’évaluation associé à chaque objectif et si besoin on le fera évoluer (la formation multimodale est plus exigeante en terme d’évaluation que la formation présentielle). On passera enfin au peigne fin le contenu du programme de formation. Si un guide d’animation existe, on l’analysera en détail, puis on “disséquera” le diaporama en répartissant d’un côté les exposés et de l’autre les exercices, jeux, études de cas… mis en oeuvre.
2) Répartir en trois catégories les activités pédagogiques
Pour chaque objectif pédagogique identifié dans l’étape précédente, vous allez vous demander comment le traiter de façon la plus pertinente d’un point de vue pédagogique. Faut-il faire acquérir les connaissances par de la FOAD, de la FEST ou du présentiel ?
Il n’y a pas de méthode infaillible pour faire cette répartition. Il s’agit toujours d’un compromis prenant en compte deux critères qui peuvent être divergents : l’efficacité pédagogique au regard du contexte (équipe de formation, profil des apprenants, formation des référents et implication des managers, plateforme de diffusion…) et le coût de conception, de réalisation et de diffusion.
En règle générale, vous traiterez le savoir en FOAD, le savoir-être en FEST et le savoir-faire en FOAD ou FEST selon le contexte et les objectifs pédagogiques. Vous garderez le présentiel pour créer des moments de prise de conscience et renforcer la dynamique d’apprentissage. Et vous veillerez à le transformer en véritable événement pédagogique : séminaire, convention, world café, Barcamp, Hackathon… plutôt que stage classique avec groupe de 10/12 en U écoutant quasi-religieusement son formateur !)
3) Bâtir un parcours standard
Une fois la répartition des activités pédagogiques réalisées, vous allez pouvoir bâtir une progression pédagogique type. C’est la parcours qu’emprunteront la plupart des apprenants. Ce parcours sera ensuite personnalisé en fonction du profil de l’apprenant. Il est important, très tôt, de fixer les grandes étapes du parcours et notamment le format du positionnement, l’enchaînement pédagogique des principales activités présentielles, distancielles et expériencielles, le protocole de validation des compétences et le type d’accompagnement. Tout ceci vous permettra d’avoir une vision relativement précise de l’expérience apprenante et de vérifier que le parcours envisagé est bien adapté au contexte organisationnel et au profil des apprenants.
4) Digitaliser les ressources
C’est le gros du travail à réaliser : transformer chaque exposé, chaque exercice, quiz, jeu… en une ressource pédagogique digitale. Vous allez effectuer un véritable travail de micro pédagogie en vous demandant quel type d’écriture la mieux adaptée compte tenu de l’effet pédagogique recherché et des moyens à votre disposition. Vous avez 4 grandes écritures possibles :
- L’écriture textuelle : la fiche pédagogique, le post, la note de synthèse, etc. C’est très économique, facile à mettre à jour mais relativement peu attractif.
- L’écriture filmique : la vidéo “face caméra” façon MOOC, la vidéo “Go pro” façon tuto de bricolage, le tuto avec capture d’écran façon apprentissage d’un logiciel, le replay de webinar ou de classe virtuelle, le motion design, etc. Cela reste peu coûteux et c’est relativement efficacement pour faire acquérir un grand nombre de savoir et de savoir-faire.
- L’écriture interactive : le schéma animé avec différents niveaux de lecture, l’exercice d’analyse critique, les jeux pédagogiques, les quiz, etc. C’est le monde du e-learning ou rapid E-Learning. L’interactivité permet une meilleure appropriation. Mais les coûts peuvent grimper assez vite (compter 5 à 10 K€ par module de 15 à 30′).
- L’écriture immersive : le serious games, le simulateur, la réalité virtuelle… On entre ici dans le monde de la simulation. L’apprenant peut s’entraîner sans risque. Il peut développer des savoir-faire et des savoir-être comme s’il était en situation de travail. Là, les coûts ne sont plus les mêmes. A moins de 50 K€ passez votre chemin !!!
5) Conception des activités FEST
La formation en situation de travail n’est pas la formation sur le tas. Il y a dans la FEST une véritable intention pédagogique et un encadrement par un tiers. C’est pourquoi la FEST implique un processus de conception au même titre que la FOAD ou la formation présentielle.
Il vous faut produire un carnet ou livret de FEST. C’est le document à remettre à l’apprenant qui lui servira de journal d’apprentissage. Vous y indiquerez les objectifs pédagogiques, les épreuves d’évaluation, les activités apprenantes possibles en situation de travail. L’apprenant y rajoutera ses notes personnelles provenant de ses lectures, de ses retours d’expérience et de ses échanges avec tous ceux qui l’ont accompagné dans son apprentissage. Le référent FEST y notera ses feed back. Ce carnet ou livret de FEST deviendra un des éléments essentiels de traçabilité de la formation.
Pour aller plus loin sur la FEST… cliquez ici.
6) (Re)conception du présentiel
Le passage au multimodal ré-interroge fortement le présentiel. Quand vous conservez des regroupements présentiels, ceux-ci doivent être denses et intenses. Le présentiel devient événementiel. Il peut avoir lieu à distance de façon synchrone (webinar ou classe virtutelle) ou en présence des participants dans un même lieu (atelier, barcamp, hackathon…). Dans tous les cas, il nécessite d’être innovant pour attirer les apprenants et leur donner envie de s’y rendre. Et le plus souvent, il est lui-même digitalisé (activité de VR pendant le présentiel, utilisation de jeux pédagogiques digitalisés, etc.)
Pour aller plus loin sur le présentiel… cliquez ici.
7) Mobilisation des parties prenantes du parcours
Dans une formation 100% présentielle, les acteurs se réduisent au formateur et à l’apprenant. Dans un parcours multimodal, on se retrouve avec une multitude d’acteurs contribuant directement ou indirectement à l’apprentissage. Manager, référent, tuteurs ou formateurs terrain, pairs d’apprentissage, animateur de communautés d’apprentissage et bien sûr apprenant et formateurs présentiels sont à mobiliser dans ce que l’on peut appeler l’éco-système apprenant.
8) Evaluation et retour d’expérience
Une fois le parcours déployé, il est important, comme dans tout projet de formation, d’en évaluer les résultats aussi bien en terme d’acquis, de succès à la certification et d’impact sur la performance et l’organisation. Un retour d’expérience ou bilan de projet est à organiser pour évaluer notamment la pertinence du parcours et la combinaison des modalités pédagogiques.
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