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Digitaliser son offre de formation : y aller ou pas ?

C’est un dilemme pour les organismes de formation. Faut-il ou pas digitaliser son offre de formation ? Le digital est-il un effet de mode ou une lame de fond qui va tout emporter sur son passage ?

Nous penchons plutôt pour la seconde proposition. Le digitalisation des pratiques de formation est enclenchée et ne s’arrêtera plus. Après la musique, la presse, l’hôtellerie, le transport… le digital frappe de plein fouet la formation.

On peut penser (espérer) que les effets seront moins violents sur la formation qu’ils ne l’ont été sur l’information. Il n’y avait pas dans le domaine de la presse écrite ou audiovisuelle un tiers payant (OPCA/Entreprise). Se former n’est pas s’informer et l’accompagnement pédagogique reste indispensable. Mais tout porte à croire qu’une bonne partie des pratiques de formation, celles orientées vers les savoirs et savoir-faire fondamentaux, migreront vers une digitalisation quasi systématique.

Faisant ce constant, la question de savoir s’il faut digitaliser son offre ne semble, à première vue, même plus se poser pour un organisme de formation. Sauf à y regarder de plus près, car en fait trois pistes possibles sont à envisager

1- Digitaliser soi-même son offre de formation

C’est donc le choix évident. Pour se prémunir du digital qui peut le faire disparaître, l’organisme de formation décide de se lancer lui-même dans une digitalisation de son offre de formation. Il peut en attendre un positionnement distinctif sur son marché (modernité, efficacité pédagogique, flexibilité, capacité à répondre à tous les appels d’offre exigeant systématiquement le digital comme format pédagogique…).

Ce choix est justifié si l’organisme de formation a les moyens de l’assumer. Car digitaliser est très coûteux. Faisons un calcul rapide : 1 journée de formation peut être réduite à environ 2 heures de digital learning et une heure de formation digitale coûte à produire de façon industrielle environ 5.000 € (coût de l’expert compris mais avec un niveau de médiatisation relativement rudimentaire). Pour un organisme de formation ayant un catalogue de 50 jours de modules de formation différents, la note à payer est de 50 jours x 2 heures x 5.000 euros, soit 500 K€. Peu d’organismes de formation ont les moyens d’investir en peu de temps de telles sommes, d’autant plus que le marché n’est pas à la croissance.

Pour aller plus loin sur la digitalisation d’une offre de formation – cliquez ici.

Digitaliser soi-même son offre de formation n’a réellement d’intérêt que pour les organismes de formation experts de leurs domaines et à forte marge. C’est-à-dire les organismes premium du marché. Les autres se pencheront plutôt vers le choix du partenariat.

2- Digitaliser en partenariat

Il existe de plus en plus des “pures players” du digital learning capables de réaliser des catalogues généralistes de grande qualité. C’est le cas par exemple dans le domaine des langues, de la bureautique ou du management. Dans le domaine technique, c’est moins vrai. Mais des start-up comme Open classrooms ou Coorpacademy bâtissent des offres intéressantes.

Un organisme de formation généraliste de taille modeste aura du mal à rivaliser avec ces “pures players”. Son offre digitale restera toujours moins pertinente que ces “pures players” aux fonds d’investissement ayant les poches bien remplies. Plutôt que de les concurrencer, il paraît évident qu’en faire des partenaires est bien plus intéressant. C’est ce qu’ont compris les écoles professionnelles et les organismes de formation de langues qui depuis déjà quelques années ont préféré se concentrer sur leur savoir-faire (l’accompagnement pédagogique). Et sont devenus des distributeurs d’offres de formation digitale en complément.

 3- Utiliser au mieux le digital gratuit

Réaliser une offre de formation digitale quasiment auto portée, c’est-à-dire pouvant permettre à un apprenant de s’auto-former, reste comme nous l’avons vu relativement coûteux. A contrario, on assiste à un déferlement de ressources pédagogiques gratuites sur la toile. Que ce soit via YouTube ou Viadeo, via les sites et blogs professionnels… l’offre de capsules de contenus ne manquent pas. La qualité est très hétérogène, mais souvent sans être dénuée d’intérêt.

Parallèlement, les réseaux sociaux apprenants présentent l’avantage d’amener les formés eux-mêmes à devenir des co-producteurs de contenus pédagogiques. Sous-certaines conditions (régulation, accompagnement des apprenants à la captation du savoir, domaine de formation se prêtant à la prise de vue de gestes professionnels, etc.), les apprenants peuvent être d’excellents producteurs de contenus digitalisés).

Pour aller plus loin sur les réseaux sociaux apprenants – cliquez ici

Cette multiplication des ressources pédagogiques gratuites peut conduire l’organisme de formation à faire le pari non pas de la digitalisation de son propre contenu mais plutôt de l’utilisation de contenus déjà existants ou produits par les apprenants en cours de formation. L’organisme se concentre alors sur le fléchage des ressources pertinentes gratuites et sur l’animation d’une co-production des ressources en réseau par les apprenants eux-mêmes. Plutôt que d’investir dans la digitalisation du contenu, il concentre ses efforts sur la médiation pédagogique.

Cette approche originale est peu coûteuse. Elle se prête parfaitement aux organismes de formation de niche qui souhaitent rester agiles. Elle n’est pas sans effort, car animer un réseau social, identifier les ressources pédagogiques nécessitent du temps et une belle énergie. Mais cela n’a rien à voir avec l’investissement dans un catalogue de formation entièrement digitalisé.

 

Marc Dennery

Marc Dennery

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