Les vacances approchent, mais très vite la rentrée sera là. Et elle risque d’être mouvementée, si en on croit ce qui se trame dans le domaine de la formation en entreprise.
Une nouvelle grande réforme en préparation
Après 2004, 2009, 2014, voici la réforme 2018 qui se profile. On n’en connaît pas encore les contours précis, mais elle devrait être très significative. D’aucuns nous prédisent une nouvelle fois le grand soir : fusion du CIF /CPF, harmonisation contrat de pro / contrat d’apprentissage et pourquoi pas fin du paritarisme de gestion, et avec lui, la suppression des OPCA…
Mais le système de formation professionnelle n’aime pas les grand soir. Il n’y en a jamais eu. Même la loi de 1971 s’inscrit dans le prolongement des lois Debré de 1959 et 1966. Et les trois dernières lois ne font que faire évoluer le système de formation par touches successives.
Notre conviction est qu’in fine il y aura toujours plus de réglementation sur la qualité de l’offre (on n’a encore rien vu avec le datadock de 2017) et que le CPF et le CIF évolueront sensiblement. Probablement vers un système moins “intermédié” (listes simplifiés, calcul des droits en euros plutôt qu’en heures). A cela s’ajoutera certainement un contrat d’apprentissage renforcé et des fonds de formation toujours plus difficiles à récupérer pour les entreprises. Mais nous avons du mal à croire que les OPCA/OPACIF disparaîtront, car les forces de rappels seront une nouvelle fois trop fortes. On peut se demander d’ailleurs, s’il est vraiment nécessaire de supprimer ces organisations paritaires qui n’ont jamais été endettées. Bien au contraire, elles se sont retrouvées plus d’une fois excédentaires. Les gouvernements Fillon et Valls ont su en faire bon usage !
Il n’en reste pas moins qu’il faudra rester vigilant à la rentrée 2017/2018. La loi est prévue pour le 1er trimestre 2018, mais les premières concertations dès la rentrée. Organismes de formation et direction formation d’entreprises auront intérêt à suivre les débats de près pour pouvoir anticiper. Car si ce n’est pas le grand soir, l’impact sur l’offre de formation et les co-financements n’en resteront pas pour autant négligeables. Evidemment, nous vous tiendrons au courant dans ce blog de toutes les évolutions au fil de l’eau.
En attendant… un plan de formation sous le signe de la transformation
Ne dites plus “changement”, mais “transformation” ! C’est vrai que tout se transforme sous les coups de boutoir du digital : les organisations, les services, la concurrence, la culture managériale. La fonction formation est aux premières loges. Elle doit à la fois porter cette transformation pour aider les autres fonctions à s’adapter et se transformer elle-même.
Comme porteur de la transformation, elle doit renouveler en profondeur son offre. On ne forme plus aujourd’hui sur les thèmes d’hier. L’agilité, l’innovation, le digital remplacent la qualité, le management, le développement personnel, la bureautique et les langues.
Pour éviter la ringardisation, les directions formation ont intérêt de se rendre compte, très vite, que l’enjeu n’est pas de lancer un MOOC ou un catalogue de digital learning, mais de rénover intégralement leurs priorités de formation. L’essentiel se situe au niveau de la politique de formation et pas seulement dans le domaine des modalités pédagogiques. L’été sera probablement propice à une refonte en profondeur de l’offre de formation.
Parallèlement, la fonction formation doit elle-même se transformer. Ce qui signifie évidemment se digitaliser, mais pas seulement. Le digital learning est l’arbre qui cache la forêt du foisonnement d’innovations pédagogiques (FEST, Présentiel-événementiel, social learning…).
Elle doit également réinventer son organisation qui jusqu’à présent était trop centralisée et bureaucratisée. En évoluant d’un simple “service formation” vers une “direction formation”, la fonction formation s’est institutionnalisée. Elle a perdu en agilité, en flexibilité, en proximité avec les opérationnels. Elle doit revenir le business partner qu’elle était avant les lois des années 1970 / 1980.
Les directions formation doivent évoluer vers une mission de consulting interne au service des opérationnels. Plus que jamais, l’entreprise et ses managers opérationnels ont besoin d’experts en pédagogie et ingénierie de formation pour les accompagner dans la mise en oeuvre de leurs formations.
Plus la formation se digitalise, plus paradoxalement, elle a besoin d’intermédiation. Une intermédiation à haut niveau d’expertise. C’est une nouvelle mission à inventer pour bon nombre de fonctions formation. Le plan de formation 2018 leur permettra de lancer des expérimentations dans ce domaine. En tous les cas, il ne faudra pas tarder, car les opérationnels auront vite fait de se servir sur le marché s’ils ne trouvent pas réponses à leurs questions en interne.