Accroissement sans précédent des besoins en développement des compétences dû aux plans de « Transfo », fin des co-financements à la suite de la réforme, accélération du Digital Learning, introduction de la FEST, nouvelles offres de logiciels de gestion de la formation, fin du plan de formation… les responsables de formation ont de quoi s’occuper en cette rentrée 2018. Au-delà des plans de transformation de leur fonction qu’ils ont à mener, ils vont devoir eux-mêmes faire évoluer en profondeur leurs missions. Au point de changer l’intitulé de leur poste : de responsable de formation ou responsable de développement des compétences à « Learning Partner ». Voici résumé leurs missions essentielles qu’ils pourraient exercer dans un futur proche.
Piloter et non plus gérer l’administratif et le budget formation
La formation demain sera moins « stagifiée » et par conséquent planifiée et co-financée (restera-t-il encore un plan de formation et des co-financements OPCO en dehors de l’alternance pour les entreprises de plus de 50 salariés ?) Les responsables de formation vont être amenés à changer de braquet. Ils perdront beaucoup moins de temps à gérer des budgets, monter des dossiers de prise en charge, planifier et replanifier des sessions. Des solutions logicielles originales arrivent sur le marché qui vont leur permettre de gérer cela beaucoup plus aisément que ne le font les logiciels classiques de gestion de la formation (cf. par exemple – l’offre disruptive de PDLF).
Dans le domaine de l’administratif et le budget formation, leur rôle sera beaucoup plus de coordonner et piloter en mettant en place des indicateurs et tableaux de bords efficientsque de manager une équipe de gestionnaire de la formation de faire ou, pire, gérer eux-mêmes le plan de formation. Grâce au temps ainsi libéré, ils pourront se consacrer pleinement à des missions à plus haute valeur ajoutée.
Porter un nouveau modèle de la formation : « l’entreprise apprenante »
Moins gestionnaire, le responsable de formation va pouvoir être davantage stratège. Le passage d’une formation administrée et planifiée au modèle de « l’entreprise apprenante » ne va pas de soi. Le responsable de formation va devoir prendre son bâton de pèlerin pour expliquer, impliquer, mobiliser toutes les parties prenantes du développement des compétences individuelles et collectives.
Le modèle de l’entreprise apprenante repose sur des managers, organisateurs des apprentissages au plus près du travail (développement de la FEST), des apprenants engagés dans leur propre développement de compétences, des collectifs de travail où la coopération prend le pas sur l’individualisation, les savoir-faire sont digitalisés et ainsi capitalisés… Top management, management intermédiaire, représentants du personnel et collaborateurs doivent tous être convaincus que l’on peut / doit former autrement.
Il revient au responsable formation de porter ce message en définissant une stratégie claire de déstagification sans tomber dans un excès de digitalisation. La formation de demain sera évidemment digitale mais surtout humaine (c’est-à-dire collective et mentorée).
Créer les conditions d’une digitalisation et de la diffusion des savoir-faire de l’entreprise
Dans le domaine de la digitalisation de la formation, le responsable de formation ne pourra pas tout faire. Il doit être impliqué dans les choix techno-pédagogiques des plateformes de conception et de diffusion des contenus, mais il ne pourra pas produire lui-même, ni piloter tous les productions de modules.
La mission du Responsable de Formation sera d’animer la communauté des concepteurs de modules de E-Learning, Vidéo Learning, Réalité Virtuelle, et autre Réalité Augmentée. Hier, il avait en charge la communauté des formateurs occasionnels et des tuteurs, demain cette communauté va s’élargir à tous les experts de l’entreprise qui, sans forcément former, produisent et diffusent des contenus de formation ou d’aides à l’efficacité quotidienne (bases de connaissances). Il lui revient de les former, les outiller, les amener à partager leur expérience.
Piloter et déployer les grands projets de formation et non plus gérer des catalogues de formation
A quoi sert un catalogue de stage de formation à l’ère du digital learning et de la formation en situation de travail ? A-t-on encore besoin de formations de 2 ou 3 jours au développement personnel, à la bureautique, au perfectionnement métier… La formation peut se déployer par de l’accompagnement terrain, le partage en petit groupe de ressources digitales ou de la résolution de problèmes en commun.
Libéré des tâches du catalogue, le responsable de formation va pouvoir se consacrer au pilotage et au déploiement des grands projets liés aux chantiers de transformation de l’entreprise. Du stage catalogue, on passe au projet de formation digital, multimodal et, le plus souvent, certifiant. C’est une autre ingénierie de formation à déployer beaucoup sophistiquée et aux effets beaucoup plus déterminants.
Accompagner les managers dans l’organisation des apprentissages de leurs équipes et notamment le développement de la FEST (formation en situation de travail).
La FEST ou Formation en situation de travail est certainement le champ pédagogique le plus prometteur à investiguer aujourd’hui pour une entreprise. Mais cela va nécessiter un accompagnement important du management intermédiaire. La FEST n’a rien à voir avec la formation sur le tas. Taper des mains et inviter les managers à faire de la FEST, c’est à coup sûr aller vers un échec cuisant. Il faudra former et outiller les managers, les amener à comprendre que l’analyse réflexive à partir des situations de travail ne sont pas que des jolis mots de pédagogues, mais des moyens d’apprendre plus vite que la concurrence et d’innover.
Les OPCO vont avoir pour mission de développer la FEST. Ils le feront surtout dans les TPE-PME, leur cible privilégiée. Dans les entreprises plus importantes où il y a un responsable de formation, c’est à ce dernier que reviendra la tâche de diffuser cette nouvelle culture de l’apprentissage.
Accompagner les collaborateurs dans leurs projets personnels de développement des compétences
L’appli CPF ne fera pas tout ! Le collaborateur souhaitant reprendre ses études ou tout simplement bâtir un projet de développement professionnel aura demain, comme hier, toujours besoin d’un interlocuteur compétent pour l’accompagner. Cette tâche incombe selon les organisations soit aux Responsable Ressources Humaines, soit au Responsable de formation. Il n’y a pas de règle dans ce domaine. Disons que le RH est le mieux placé pour aider le collaborateur à inscrire son projet de formation dans la dynamique de son projet professionnel. Et le RF de l’aider à choisir la meilleure réponse formation et à la co-financer. Dans des parcours de formation de plus en plus individualisés, il jouera également un rôle de plus en plus grand dans l’accompagnement de l’apprenant au cours de la mise en œuvre de son parcours. Il le fera d’autant plus que le parcours de formation ne sera pas piloté par un organisme de formation externe, mais réalisé intégralement en interne ou de façon digitale.
A travers ces nouvelles missions du responsable de formation, c’est une nouvelle posture qui se dessine. Moins “gestionnaire”, moins “hiérarchique”, plus “influenceur”, plus “chef de projet”, plus proche du terrain, à la fois des managers opérationnels et du top management. A l’instar des Responsables RH qui deviennent des “HR Business Partner”, les Responsables de formation ou de développement des compétences, vont devenir des Learning Business Partner” ou si on voulait le traduire des “partenaires de tous les apprentissages”.