A la suite de la réforme de la formation, les entreprises s’interrogent sur l’opportunité de créer une école de formation voire un CFA. Nous avons rencontré Jean-Christophe Chamayou, Directeur associé chez Lafayette Associés, société de conseil spécialisé dans l’accompagnement à la mise en place ou l’optimisation d’écoles de formation d’entreprise pour en savoir plus.
C-Campus : pouvez-vous nous présenter Lafayette Associés en quelques chiffres et quelques mots ?
Créée en 2008, Lafayette Associés, c’est pour l’année 2018 : 17 collaborateurs, 126 parcours de formations certifiants accompagnés pour un enregistrement soit au RNCP, soit à l’inventaire, c’est aussi 32 acteurs publics et privés de la formation accompagnés dans l’élaboration et la mise en oeuvre de leur stratégie de développement, c’est également l’élaboration de 8 cartographies emploi formation pour des branches professionnelles et OPCA (UIMM, FAFSEA, FAFIEC, OPCA DEFI, OPCALIA…).
C-Campus : qu’entend-t-on par école de formation ? Quelle différence faites-vous entre centre de formation interne et école de formation d’entreprise ?
Je parlerais plutôt d’école d’entreprise d’un côté et de centre de formation de l’autre. Pour ces deniers , que l’on retrouve dans beaucoup d’entreprise, il s’agit de proposer un catalogue de formation et de contenu, en phase avec la montée en compétences des salariés. Concernant l’école d’entreprise, nous sommes plus sur un enjeu « métier », à savoir la mise en oeuvre d’un dispositif destiné à recruter et adapter de nouveaux collaborateurs, voire a reconvertir ou adapter des salariés en poste.
C-Campus : quelles sont les conditions de succès d’une école d’entreprise ?
Créer une Ecole d’entreprise, c’est une façon de mettre en oeuvre sa Gestion Prévisionnelle de l’Emploi et des Compétences (GPEC). Il s’agit dont d’anticiper le besoin en compétences, d’élaborer des référentiels (emploi, compétences et certifications), afin d’identifier ou d’élaborer les bonnes certification. D’élaborer les indicateurs de suivis et de mise à jours des cursus de formation envisagés. Enfin il faut envisager un modèle économique qui mêlent investissements, valorisation des compétences attendues, flux attendus de salariés à former et futurs collaborateurs à recruter et former, et bien sûr les dispositifs proposés par les acteurs du financement de la formation professionnelle (apprentissage, professionnalisation).
C-Campus : avant de se lancer dans une école d’entreprise quelles sont les bonnes questions à se poser ?
Il faut commencer par le public que l’on souhaitent accueillir au sein de cette école : salariés, futurs salariés (les dispositifs ne seront pas les mêmes), mais également le niveau d’étude (pour identifier les bonnes certifications). Quels compétences et métiers vont être visés (à court et plus long terme) (pour identifier les bons modèles). De quelles ressources je dispose (économiques et humaines)…tout cela afin d’élaborer le modèle d’école le plus adapté au contexte de l’entreprise.
C-Campus : beaucoup d’entreprises, notamment les plus grandes, s’interrogent sur la création de CFA. Est-ce pertinent selon vous ?
Avec la loi Avenir Professionnel, la notion de CFA, Centre de Formation par l’Apprentissage, va fortement évoluer, puisque ceux-ci deviennent des organismes de formation comme les autres. La création d’école d’entreprise, ou de CFA dont l’offre est élargie à la professionnalisation (Contrat de professionnalisation, Pro A et formation continue) seront surement les modèles de demain. Ce sera un moyen de mettre en oeuvre sa GPEC, tout en optimisant ressources humaines, ressources économiques et ressources pédagogiques. Par contre il ne faut pas confondre Ecole d’Entreprise et internalisation de tout le dispositif. En effet nous préconisons plutôt les partenariats et la prise d’appui sur des établissements d’enseignement ayant déjà l’experience de la mise en oeuvre de ce genre de dispositif. Plusieurs établissements peuvent être sollicités en fonction soit de leurs expertises, soit de leurs localisations. La force d’un établissement d’enseignement existant est souvent sa capacité à recruter et évaluer les bons profils, notamment pour éviter les décrochages.
Autre enjeu important pour une école d’entreprise est la capacité à individualiser tant le suivi que la montée en compétence des participants. La reconnaissance de la certification des blocs de compétences, est une véritable opportunité pour les entreprises, notamment à travers leur Ecole, de permettre l’accès aux certifications pour les personnes en situation de handicap. Il est en effet plus aisée d’adapter l’accès à un bloc de compétences à différents profils, qu’un titre complet.
Nous avons par ailleurs pour faciliter l’accès aux certifications professionnelles au personnes les plus éloignées de l’emploi, lancé notre association, au sein de laquelle nous investissons temps, expertises, et moyens, à la fois pour stimuler le partage de pratiques et d’expérience, mais également pour assister les entreprises souhaitant intégrer la démarche à leur école d’entreprise.
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