Nous-nous réjouissions au printemps dernier (Afest c’est bien parti) du fait que de plus en plus d’acteurs de la formation professionnelle (OPCO, Régions, cabinets, start up, consultants et organismes de formation) se positionnent pour promouvoir et accompagner les 1ères AFEST en entreprises et auprès des bénéficiaires demandeurs d’emploi. Aujourd’hui, nous voudrions rappeler quelques points de vigilance.
Avant tout clarifier car des confusions s’installent !
Pour que les entreprises s’engagent sans risque juridique ou pédagogique dans cette nouvelle modalité assez innovante, pour ne pas dire disruptive (un OVNI pédagogique), encore faut-il clarifier ce que sont et ce que ne sont pas les AFEST !
Or des premières confusions apparaissent : une AFEST n’est ni une formation en salle déplacée sur le lieu de travail, ni la nouvelle définition du tutorat et encore moins une formation sur le tas “habillée” en AFEST ! L’AFEST est un nouvel objet pédagogique reposant sur l’ensemble des ingrédients suivants (confer notamment le décret du 28/12/18) :
- une analyse du travail réel,
- la conception d’une progression ou d’un parcours pédagogique
- un repérage des situations apprenantes et un aménagement du travail,
- un véritable dispositif d’accompagnement des apprenants,
- des modalités de positionnement et d’évaluation,
- la mise en place de séquences réflexives,
- une traçabilité et conservation des éléments probants des AFEST
Les différents acteurs des AFEST vont devoir dialoguer et s’accorder entre eux pour porter ce discours cohérent et clair auprès des entreprises.
De la même manière, le formalisme des AFEST est également à réinventer :
- Communiquer aux entreprises des exemples d’éléments probants leur permettant de tracer leurs AFEST : Protocole Individuel de Formation et ses annexes : traces de réflexivité, positionnement amont, évaluation aval de l’apprenant (il est paradoxal et peu pertinent d’utiliser la feuille d’émargements en AFEST, même si, soyons pragmatique, elle va encore durer, le temps que certains systèmes d’information évoluent)
- Illustrer les différentes manières d’accompagner les séquences réflexives des apprenants (individuelles, croisées, collectives etc.) et les moyens de les “capter” (dossier de réflexivité type “carnet d’apprentissages”, vidéos, applications utilisant la vidéo telle la solution Pro Sapiens (c’est ici), etc.)
- Aider les entreprises à identifier les modalités de stockage des éléments probants des AFEST : SI RH, Cloud sécurisé, dossiers archivés, etc. Ceci dans le respect de la RGPD.
Des expériences éclairantes de « vraies AFEST » pour éviter les erreurs !
Des retours d’expériences très éclairants “post AFEST” se dégagent déjà au sein des entreprises qui se sont lancées en AFEST (ou des formateurs certifiés par C-Campus qui ont agi en tant que référents AFEST).
Si beaucoup d’acteurs tâtonnent encore en matière d’AFEST (ce qui est sain : c’est une nouvelle modalité pédagogique et il y a autant d’AFEST’s que d’enjeux, publics, contextes) on comprend déjà ce qu’il ne faut pas faire.
Nous avons donc produit récemment un double recensement d’expériences :
- avec un public de représentants RH et Formation d’entreprises
- avec un groupe de 22 consultants formateurs de cabinets et organismes de formation que nous accompagnons vers la certification AFEST sous l’égide de l’Afdas
Il ressort de ces travaux d’analyse et des retours d’expériences chez nos clients et partenaires, 21 erreurs à ne pas commettre ou si on inverse le raisonnement 21 points de vigilance pour réussir (ne pas rater) ses AFEST.
Quelles sont les 21 erreurs à éviter lorsqu’on se lance en AFEST ?
- Considérer qu’on en fait déjà
- Oublier de repérer l’existant
- Passer complètement à côté du pré diagnostic de faisabilité / opportunité
- Faire de l’AFEST parce que c’est « à la mode »
- Ecarter les organismes de formation et formateurs dès le départ
- Systématiser et industrialiser les AFEST tout de suite
- Considérer que les AFEST remplacent les autres modalités
- Sauter sur l’occasion pour se libérer soit disant à bon compte de ses obligations
- Penser qu’on va récupérer beaucoup d’argent en co-financements
- Concevoir ses AFEST en partant du travail prescrit
- Ne pas relier les AFEST aux enjeux et à des indicateurs
- Ne pas impliquer les managers des apprenants en amont
- Ne pas prendre en compte l’investissement temps en conception
- Déployer sans former et outiller les référents et accompagnateurs AFEST
- Oublier de créer un « espace temps formation » et d’aménager le travail
- Omettre de développer l’apprenance
- Ne pas expliciter les droits et devoirs des apprenants
- Ne pas reconnaître les acquis des apprenants
- Ne rien tracer, travailler uniquement à l’oral
- Oublier d’établir un bilan des AFEST
- Ne rien changer avant de dupliquer
Focus sur les erreurs critiques
Erreur n° 1 : Considérer qu’on en fait déjà. La tentation peut être grande de “déclarer” en AFEST des pratiques existantes qui du point de vue réglementaire ne sont pas des AFEST ! Outre l’absence d’ingrédients indispensables (voir ci-dessus) le risque est de passer à côté d’une belle occasion de réinventer son modèle de formation pour aller vers plus d’efficience !
Erreur n° 3 : Passer complètement à côté du pré diagnostic de faisabilité / opportunité. Toutes les cultures d’entreprises, tous les contextes professionnels ne sont pas propices aux AFEST. Si par exemple le travail ne peut être aménagé à des fins pédagogiques, il n’y aura pas d’AFEST possible. De même si la direction ou le management intermédiaire ne sont pas sponsors des AFEST, elles s’essouffleront très vite. Un diagnostic de faisabilité ou d’opportunité (qui peut être réalisé très rapidement) s’impose !
Erreur n°10 : Concevoir ses AFEST en partant du travail prescrit. La fiche de poste, le référentiel, le processus sont des documents intéressants à explorer mais ils ne constituent pas le matériau de base des AFEST. Une analyse du travail réel est indispensable avant une AFEST. (Vous souhaitez vous professionnaliser dans l’analyse du travail AFEST, découvrir notre outil de modélisation et 7 méthodes pour mettre en oeuvre cet AT ? Cliquez ici (certification référent AAFEST).
Erreur n°12 : Ne pas impliquer les managers en amont. Les managers des apprenants (et les managers intermédiaires) sont maîtres du travail (ils organisent les plannings de travail, distribuent et contrôlent le travail etc.). Il ne peut y avoir d’AFEST sans accords préalables des managers, donc pas d’AFEST si les managers ne sont pas impliqués en amont, par exemple dans l’analyse du travail ou encore dans la réflexion sur les enjeux connexes ou les indicateurs positivement “impactés” par les AFEST.
Erreur n°16 :Omettre de développer l’apprenance. Apprenance (l’apprenance en 14 questions) et AFEST sont intimement liés dans la mesure où elles mettent le salarié apprenant au coeur de l’apprentissage. Une erreur fréquente consiste à “angler” l’AFEST sur les sachants (formateurs, tuteurs, accompagnateurs ou référents AFEST) ce qui peut leur mettre, soit-dit en passant, une forme de pression. Or la question clé en AFEST n’est pas tant de transmettre des compétences à l’apprenant, que de lui permettre de les acquérir “en faisant”.
Bien entendu, les 21 erreurs peuvent avoir des effets perturbants sur les AFEST mais nous avons pointé ici celles qui nous semblent vraiment à éviter !