Dans des contextes de formation diversifiés et complexifiés, quelles compétences les nouveaux formateurs doivent-ils développer et mobiliser pour créer des ressources de formations efficientes, pertinentes et adaptées à l’esprit du temps ?
Tout d’abord, rappelons les caractéristiques dominantes de ces nouveaux contextes de formation.
La montée en puissance du multimodal est une des spécificités les plus manifestes. La formation en salle perd sa position dominante pour se placer de façon plus adaptée et spécifique au côté de la formation à distance et de la formation en situation de travail. La production des ressources de formation en est considérablement modifiée et multipliée. Pour faire vivre le multimodal, à côté des traditionnels diaporamas du formateur et documentation du stagiaire, s’ajoute une profusion de ressources de communication, d’orientation, de liaison, d’accompagnement, de consignes, d’évaluation et de transmission de contenus dans des domaines extrêmement variés.
Pour produire toutes ces ressources de façon cohérente, professionnelle et adaptée, il faut mettre en place des processus de production rationnalisés et efficients, souvent orientés sur le travail en équipe, tout en laissant s’épanouir la créativité de chaque formateur-concepteur sans laquelle toute formation perdrait immédiatement sa substance. À ce propos, est-il utile de rappeler que la formation n’est pas un produit comme un autre ?
La généralisation du digital est l’autre caractéristique majeure de ces nouveaux contextes de formation. Le digital est partout, dans tout, à travers tout. Il est le procédé de commercialisation de la formation. Il est le workflow permettant la gestion des parcours multimodaux. Pour les parties prenantes d’une formation, il est le moyen de communiquer et d’échanger. Il est l’outil de production et le canal de diffusion des modules ou grains de contenus multimédias de formation. Il est enfin bien souvent le moyen d’évaluer les acquis de l’apprenant, mais aussi la qualité du dispositif de formation et donc de réguler et d’ajuster ce dernier en juste à temps, de déterminer des pistes d’amélioration et de mettre en œuvre les aménagements nécessaires.
Pour le formateur-concepteur, la production de ressources de formation passe donc obligatoirement par le digital. Que ce soit pour animer le présentiel, alimenter le distanciel synchrone ou asynchrone ou encore les AFEST. Concernant plus particulièrement la création de ressources digitales de formation, les procédés multimédias n’ont jamais été aussi variés, riches et accessibles. Animer une une photographie, aménager une visite virtuelle dans un environnement de travail, se filmer en train d’expliquer une notion, créer des cartes conceptuelles interactives, éditer un podcast de formation, construire des contenus de façon collective en live, filmer une parcelle de territoire avec un drone en vue d’une analyse écologique… Tout semble possible grâce à des équipements de plus en plus abordables.
C’est une époque de rêve pour le formateur-concepteur dont l’écriture est celle qui les réunit toutes. En effet, en fonction des impératifs de la formation, il va pouvoir solliciter et articuler l’écriture texto-graphique, l’écriture audiovisuelle et l’écriture interactive.
Outre les procédés de conception/production, les modalités de consultation et de diffusion des ressources se sont considérablement étoffées. Jamais il n’a été aussi facile de toucher l’apprenant en tout lieu et à tout moment : smartphone, tablette, ordinateur, via le web, les réseaux et médias sociaux, les plateformes de travail comme Teams, les plateformes de téléformation (LMS)… Mais jamais il n’aura été aussi impératif de bien concevoir les ressources pour les rendre opérationnelles dans tous ces environnements.
Le troisième aspect prépondérant de ces nouveaux contextes de formation, et probablement celui qui anime les deux précédents, c’est l’évolution de la figure de l’apprenant, de ses attentes, de ses ambitions, dans un esprit du temps renouvelé.
L’esprit du temps, c’est celui de la démocratisation d’une logique de servuction qui consacre la légitimité de l’apprenant à se responsabiliser et à s’engager dans la dynamique de sa propre formation, dans le sens de sa performance et de son employabilité, et dans le cadre plus général de son projet de vie.
Plus autonome, plus « acteur » de sa formation, l’apprenant en est naturellement d’autant plus exigeant sur la qualité de sa formation, aussi bien sur les aspects formels que sur la nature des apprentissages réalisés.
L’esprit du temps, c’est également celui de l’adhésion aux neurosciences et à la neuropédagogie. Aujourd’hui, il n’est plus concevable de créer un enseignement et les supports associés en ne s’adressant qu’à une seule partie du cerveau de l’apprenant. Certes, l’apprentissage passe toujours par une approche logique et rationnelle mais aussi, et largement, par le prisme des émotions, vecteurs de créativité, de mémorisation, de bien être, de motivation… L’équilibre entre contenus académiques et charges émotionnelles est à ce titre au cœur de l’efficacité des ressources digitales de formation.
Enfin, à l’apprenant “consomacteur” de sa formation, s’ajoute une autre caractéristique : une grande majorité des actifs actuels sont des enfants du numériques. Ceux qu’on appelle, de façon parfois un peu schématique, les digital natives. On les dit demandeurs de sens, plus engagés, en rupture avec le schéma transmissif et patriarcal de la formation et surtout rompus à l’utilisation des outils digitaux tant ils les consomment sous toutes les formes depuis leur tendre enfance.
Pour satisfaire les exigences de cette nouvelle figure de l’apprenant, il ne s’agit plus pour le formateur-concepteur de transmettre du contenu brut au coup par coup via des supports composites, mais, dans une stratégie éditoriale maîtrisée, de construire des écosystèmes formatifs dans lesquels les apprenants sont accompagnés et outillés de façon tantôt individualisée, tantôt collective, multipliant ainsi les expériences d’apprentissage riches et variées.
L’ensemble de ces caractéristiques (le multimodal, le digital, la nouvelle figure de l’apprenant, les neuropédagogies…) marque l’ampleur et la nature des défis à relever par le formateur-concepteur pour créer des ressources digitales de formation adaptées et efficientes.
Dans ces contextes, comment accompagner les formateurs-concepteurs à relever ces défis ? Ces défis peuvent-t-ils seulement être relevés tant la sommes des connaissances à acquérir semble importante ?
Chez C-Campus, dans la dynamique de notre réflexion constante sur la professionnalisation des acteurs de la formation, c’est la question que nous nous sommes posés et que nous avons posée autour de nous au moment de concevoir une formation de formateur-concepteur à la digitalisation des ressources de formation réellement utile et adaptée à l’esprit du temps.
Nous sommes arrivés aux conclusions suivantes.
Il est possible de former les formateurs-concepteurs à la conception/production des principaux formats du digital learning, de façon professionnelle et dans les règles de l’art, en une quarantaine d’heures de formation. C’est la bonne nouvelle !
Mais cela ne peut se faire qu’à la condition de resserrer le périmètre des connaissances et des compétences à acquérir dans les trois domaines réellement leviers de la digitalisation des ressources de formation :
- le design,
- la pédagogie,
- la technologie.
Au niveau du design, il est impossible d’être expert de toutes les écritures médiatiques, le champ des connaissances et des compétences à maîtriser est beaucoup trop vaste. Du reste, ce n’est pas ce qu’on demande au formateur-concepteur.
Le design des services et ressources pour apprendre se situant à l’intersection du design graphique, du design audiovisuel, du design interactif et du design émotionnel, il faut donc resserrer la somme des compétences à acquérir au périmètre de cette zone d’intersection et circonscrire leur mise en pratique à des contextes formatifs. Mettre au service de l’ingéniosité pédagogique les autres branches du design sans se perdre dans l’une d’elle en route. Développer une posture « couteau suisse » focalisée sur la culture des apprenants ciblés et au service des objectifs pédagogiques. Trouver sa touche personnelle pour servir la dimension émotionnelle et privilégier le home made pour bénéficier d’un effet de capitalisation.
Pour le dire autrement, développer une approche de la conception de ressources digitales de formation à la Michel Gondry plutôt qu’à la Steven Spielberg.
Au niveau pédagogique, le champ des connaissances et compétences à maîtriser est beaucoup plus limité. En effet, le domaine de la pédagogie appliqué à la conception des ressources digitales de formation – jusqu’alors très spécialisé – n’a pas donné lieu à une littérature abondante et les avancées les plus importantes sont plutôt récentes. De fait, beaucoup d’aspects restent encore à explorer ou à confirmer dans ce domaine en constante mutation. Toutefois, l’acquisition et la mise en pratique de quelques fondamentaux judicieusement choisis de la pédagogie et notamment de la neuropédagogie suffiront pour concevoir et réaliser des ressources pédagogiques efficaces et attrayantes.
Au niveau technique, tout comme pour le design, ce champ n’a pas de limite et évolue constamment. Donc là encore, il faut resserrer les compétences à maîtriser aux compétences clés qui permettront au formateur-concepteur de s’adapter aux différents contextes techniques qu’il rencontre. Cela recouvre les spécificités générales propres à chaque terminal (smartphone, ipad, ordinateur…), les principaux procédés de diffusion et de distribution des ressources et les outils de production.
À propos de ces derniers, il nous semble impératif de ne pas se perdre dans une offre aujourd’hui pléthorique. La chasse à la dernière technologie est à la fois chronophage et décourageante. C’est le mythe de Sisyphe appliqué à la conception pédagogique. Il faut donc limiter le nombre d’outils au strict nécessaire, choisir des outils adaptés à l’écriture médiatique à vocation de formation, c’est-à-dire, rappelons-le, celle qui réunit toutes les autres. Sélectionner des outils largement partagés, robustes et pérennes permettant à la fois la montée en charge de l’activité mais aussi la capitalisation sur les productions réalisées. À notre sens, un seul outil répond actuellement à ce cahier des charges, c’est Powerpoint (voir à ce sujet notre précédent article sur le sujet).
Si nécessaire, celui-ci peut être utilement complété par d’autres logiciels un peu plus spécialisés comme l’incontournable Snag it, Camtasia, Audacity ou encore Articulate 360 dont Rise à un premier niveau et Storyline pour des productions plus lourdes.
C’est fort de ces convictions, elles-mêmes basées sur une veille constante et de nombreux témoignages d’experts et d’apprenants, que nous avons conçu la formation « Digitaliser tous ses contenus de formation ».
En une trentaine d’heures, cette formation procure toutes les connaissance et compétences utiles et suffisantes pour être autonome dans la conception /production / diffusion des principaux formats techno-pédagogiques en œuvre actuellement dans le secteur du digital learning.
Elle permet d’aborder toutes les étapes de la digitalisation des ressources de formation :
- le panorama actuel du digital learning : périmètre du terrain de jeu,
- l’élaboration des chartes éditoriales, graphiques et audiovisuelles au service d’un stratégie éditoriale claire et adaptée au contexte de la formation,
- la production de templates, en vue d’une production efficace, accélérée et ajustée à chaque type de format techno-pédagogique,
- la scénarisation et la production de chacun de ces formats (infographies et planches pédagogiques, fiches e-reading, podcast de formation, films pédagogiques, applications interactives, quiz…) dans une dynamique alliant créativité et rigueur,
- les principales modalités de diffusion, de la clé USB à la plateforme e-learning, en passant par les serveur web, les plateformes professionnelles comme Teams, les réseaux et les médias sociaux…
De façon transversale à ces étapes, nous avons privilégié Powerpoint comme le logiciel incontournable à tous les niveaux de la chaîne de conception/production/diffusion.
Mais d’autres logiciels sont également abordés dans la formation comme Rise 360, Storyline 360, Audacity, Snag it, Camtasia et à la marge certains logiciels des éditeurs Affinity et Adobe. Il nous semble en effet important de comprendre l’intérêt de ces logiciels, leur logique de fonctionnement respective et la façon de les articuler pour en tirer un profit maximum.
Enfin, à travers tout ce parcours, c’est avant tout une exploration généreuse des différents leviers de la créativité pédagogique que nous avons eu à cœur de révéler et que nous avons le plaisir de proposer.