Rebondissant sur petite phrase lâchée par une collègue lors d’une réunion d’équipe, je me suis amusé (car il est bon de rire parfois) à créer un petit scénario et à le réaliser dans un temps limité (3h) avec Powerpoint. La vidéo qui suit, intégralement réalisée avec Powerpoint (sauf animation de l'”avatar” faute de temps) a donc pour objectif de montrer que Powerpoint offre bien d’autres possibilités que de faire des carrés et des ronds 😊. Mais au-delà de la démonstration fonctionnelle et de la réflexion sur les outils qu’elle suscite, ce petit exercice de style pose la question des compétences que doit développer le formateur-concepteur pour médiatiser ses savoirs dans le contexte de la digitalisation croissante de la formation.
Un formateur-concepteur n’est pas un informaticien, ni un graphiste, ni un illustrateur, ni un réalisateur, ni un designer sonore, ni un youtubeur, ni un maquettiste, etc. Mais il doit être un peu tout cela et bien d’autres choses s’il souhaite médiatiser des savoirs de façon pertinente et adaptée à son environnement de formation.
Au niveau de la création des médias, deux possibilités s’offrent à lui aux extrêmes :
- D’un côté, travailler à partir de modèles et de ressources existantes proposées par des plateformes de type Canva, Powtoon, Kahoot…
- De l’autre côté, s’engager dans l’utilisation de logiciels complets et complexes comme ceux proposés par la Creative cloud d’Adobe.
Dans le premier cas, il risque de :
- Passer beaucoup de temps à chercher, composer et entretenir sa boite à outils de petits logiciels (sans parler des temps de prise en main).
- Ne pas distinguer clairement les possibilités et les limites fonctionnelles de ses outils, car ils sont composites, souvent incomplets et parfois redondants.
- Perdre en cohérence et en homogénéité dans le design de ses ressources (puisqu’elles proviennent d’outils multiples).
- Utiliser des ressources génériques, stéréotypiques et “vulgaires”.
- Rendre difficile la capitalisation et le partage de sa production et quasi impossible la mise en place d’un workflow de production rationalisé.
- Répartir ses fichiers sources dans de multiples serveurs dont il ne connait pas la pérennité ou les évolutions en termes techniques ou de modèle économique.
Dans le second cas, il risque de :
- Passer un temps infini à apprendre des logiciels et des fonctionnalités dont il ne se servira probablement jamais.
- Négliger son métier ou son expertise d’origine au profit du développement de compétences de médiatisation.
- Devoir de toute façon se spécialiser dans un domaine médiatique (car on ne peut pas apprendre tous les métiers de la production médiatique digitale). En cela, il peut être tenté de planter des vis avec un marteau (c’est-à-dire concevoir ses ressources, non pas en fonction de son environnement, mais en fonction de ses compétences nouvelles) et de développer un perfectionnisme pouvant mener à de la surqualité (perdre du temps sur des détails auxquels personne ne prête attention).
Entre ces deux extrêmes, il nous apparaît que le formateur-concepteur doit s’investir dans l’apprentissage d’un logiciel lui permettant de produire la grande majorité des formats techno-pédagogiques (texto-graphique, audio, vidéo, interactif, voire immersif) sans se perdre dans des fonctionnalités trop spécifiques. C’est là où un logiciel comme Powerpoint pend tout son sens.
- C’est un outil multifonction, c’est-à-dire qu’il sait à peu près tout faire, mais de façon restreinte. En cela, il est l’instrument idéal au service de la créativité et de la diversité pédagogique.
- Le formateur-concepteur peut tout faire ou presque, personnaliser sa démarche, incarner sa ressource, sans risquer de se perdre dans des détails de production inutiles dans le contexte de formation.
- C’est un logiciel qui peut se suffire à lui-même, mais aussi trouver sa place à certaines étapes d’un flow de production plus large. Il peut donc servir une démarche solide de rationalisation de la production, surtout intégré de manière cohérente dans un écosystème plus vaste, comme celui de Teams ou d’Office chez Microsoft.
- C’est un logiciel largement répandu dans le monde de l’entreprise, ce qui facilite la capitalisation, le partage et le travail créatif en équipes.
Au-delà, choisir un logiciel généraliste comme Powerpoint, c’est avant tout prendre une décision et ainsi clore le débat sans fin sur le choix des logiciels.
Se révèlent alors des questions plus fondamentales :
- Comment développer sa créativité et son identité pédagogique à travers le digital ?
- Quelle(s) écriture(s) doivent-elles être mobilisées pour garantir la réussite d’un projet digital de formation ?
- Comment scénariser et produire des écosystèmes apprenants efficaces, responsables et engageants ?
- Comment initier, accompagner et faciliter le développement des apprentissages via la médiatisation ou la médiation technique ?
- Comment faire évoluer l’édition pédagogique digitale et son modèle descendant, vers une co-conception éditorialisée, menée conjointement par des parties prenantes tour à tour sachantes et apprenantes ?
- Comment initier des dispositifs techniques centrés sur les humains ou – dit autrement – rationaliser sans déshumaniser ?
- Etc.
Autant de questions constitutives du défi à relever par les nouveaux formateurs-concepteurs pour construire les termes d’un design pédagogique renouvelé, adapté au temps des transitions, de l’incertitude généralisée et des injonctions paradoxales.
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Une formation certifiante (TOSA Powerpoint), éligible au CPF.