Passées les phases AFEST expérimentales, nos clients, entreprises et organismes de formation, nous posent la question du “passage à l’échelle” en AFEST. Derrière cette question s’en cachent d’autres : “Peut-on faire des AFEST collectives ?” ou encore “Pourrais-je “rentabiliser” l’investissement dans l’ingénierie et les outils AFEST, sur un grand nombre d’apprenants ?” Ou enfin : ” Pourrais-je avoir d’autres effets d’échelles positifs ?” . Lorsque nous avons ces questions, nous expliquons en ce cas que les lignes managériales vont devoir être impliquées, d’une manière ou d’une autre (finie l’AFEST “sous le radar” du management). Parfois, même l’organisation du travail va devoir être adaptée, pour permettre les apprentissages in situ ! Ceci étant posé, au delà des bénéfices “économiques”, proposer des temps collectifs AFEST amène de nombreux bénéfices en termes d’apprentissages : jusqu’à une dizaine !
La question de la “collectivisation” des AFEST peut sembler curieuse pour une modalité centrée sur l’individualisation des parcours et le développement de la pratique réflexive de chaque apprenant ! Chez C-Campus nous préférons poser deux questions. Primo : Que peut apporter la “force du collectif” dans des parcours AFEST individuels ? Secundo : Comment rester dans l’esprit et la lettre de l’AFEST, en introduisant des moments collectifs d’apprentissages ?
Une modalité prévue pour les PME… surtout saisie par les grandes entreprises et ETI !
Avant de répondre aux deux questions. Faisons d’abord un petit retour en arrière. Lorsque le gouvernement de l’époque (2015) a souhaité reconnaître la formation en situation de travail, c’était dans le but d’inciter les TPE et PME à former davantage leur personnel. En effet (et c’est toujours un peu le cas) les petites entreprises ont des difficultés à “trouver leur bonheur” dans les formats classiques de formation. Quant aux salariés des PME, peu habitués au départ en stage, se former au poste, c’est finalement assez naturel.
Près de 9 années se sont écoulées, une loi est passée par là en 2018 et finalement…, ce sont surtout les grandes entreprises, qui se sont emparés de l’AFEST ! Ce phénomène n’est pas étonnant : la plupart des innovations pédagogiques rencontrent d’abord leur succès dans les entreprises early adopters dotées de services RH-Formation ou Learning & Development. Les AFEST à grande échelle, logiquement, intéressent aussi les plus grandes structures !
Les TPE/PME ne sont pas en “jachère” en matière d’apprentissage et de développement des compétences au poste. Au contraire : elles sont le terreau naturel de ce qu’on appelle la “formation sur le tas” (que nous rangeons dans la catégorie “formation grise”, qui peut être valorisée et améliorée… grâce à l’AFEST, comme nous l’expliquons dans cet article ).
Collectiviser l’AFEST ? Pas pour les mêmes raisons, selon sa taille…
L‘AFEST en mode collectif, c’est à dire embarquant un nombre conséquent de salariés apprenants en simultané, concerne d’abord les entreprises qui recrutent des “cohortes de nouveaux collaborateurs“. Mais pas seulement : elle peut aussi concerner celles qui engagent des programmes de développement de la polyvalence, celles qui forme de manière continue leur personnel, ou encore celles qui mettent en place des dispositifs d’accompagnement aux changements, etc. Et là effectivement les deux questions que nous posions plus haut, ont du sens. Introduire des séquences collectives (regroupement ou à distance) dans des AFEST, cela présente en effet de nombreux avantages pédagogiques, que nous abordons ci-dessous.
Concernant les petites structures, l’enjeu est tout autre ! Il se situe plutôt en amont : il s’agit de mutualiser l’ingénierie et les outils AFEST mais pas au niveau de l’entreprise, bien sûr. Plutôt au niveau des branches, des filières, des clusters etc. et avec l’aide des organismes de formation. Les PME-TPE ont fréquemment des problématiques RH- formation similaires. Elles ont tout intérêt à la mutualisation car elles n’ont pas la taille critique pour réaliser seules des ingénieries AFEST pour gérer ces problématiques. Dans les secteurs en tension, la mutualisation AFEST commence d’ailleurs, comme nous le constatons chez certains de nos référents AFEST et partenaires qui architecturent des AFEST “métier”, par exemple dans le secteur sanitaire et social.
Nous profitons de cet article pour remercier la Direction de l’École des Métiers Techniques du groupe Orange, ainsi que les membres du Club des Référents Certifiés de C-Campus : ils nous ont grandement inspiré dans sa rédaction. Si vous êtes référent certifié AFEST par C-Campus, vous pouvez nous rejoindre au Club, pour veiller et partager avec nous ! Si vous souhaitez devenir référent AFEST : formation@c-campus.fr
10 avantages à collectiviser des moments d’AFEST
Introduire des moments et rituels collectifs dans les parcours AFEST (tout en conservant une individualisation), cela présente de nombreux avantages en termes d’apprentissages. Dans un certain sens, l’AFEST ne se distingue pas à cet égard des autres modalités. Si nous devions les résumer, nous paraphraserions le Professeur en sciences de l’éducation, Philippe Carré : “on peut apprendre par soi-même (en AFEST) mais jamais sans les autres (apprenants) !”
Passons-les en revue :
- Dynamique de groupe : réaliser une réflexivité collective, cela favorise l’interaction et la collaboration entre collègues apprenants, facteurs d’engagement en formation !
- Social Learning : un regroupement d’apprenants AFEST crée l’occasion de partager et d’échanger des tips, ce qui (notamment) favorise l’apprentissage social.
- Enrichissement de pratiques : prendre en compte les pratiques des autres apprenants, à l’issue de mises en situation AFEST, écouter leur réflexivité, cela permet aussi de récupérer des idées, d’élargir sa vision et d’enrichir sa propre réflexivité…
- Entraide, soutien : appartenir à une communauté AFEST, c’est aussi pouvoir solliciter ses pairs pour un soutien, de l’entraide, etc.
- Compétences sociales : pratiquer la réflexivité en groupe, c’est aussi développer ses compétences sociales (empathie, écoute, résolution de problèmes, etc.) en plus des compétences “techniques” visées par l’AFEST !
- Feed-back 360° : outre les accompagnateurs et référents AFEST, des apprenants peuvent également apporter du feed-back à d’autres apprenants, lors des moments collectifs ou en situation de travail… or plus un feed-back est riche, plus il aide l’apprenant à progresser.
- Stimulation cognitive et apprentissage profond : comme les psychologues du développement l’ont montré, réfléchir ensemble en formation (à l’occasion d’AFEST par exemple), c’est bien plus puissant que réfléchir seul ! Surtout si l’on anime le collectif avec des méthodes suscitant des “apprentissages profonds”…
- Émulation positive : lorsque des collègues en AFEST parviennent à dépasser des difficultés en situation de travail ou à réaliser des actions exemplaires, et que cela est partagé et su, cela incite le collectif à essayer ou persévérer à son tour !
- Capitalisation : les synthèses de séances réflexives constituent potentiellement des futures ressources ou bases de connaissances “expérientielles” (donc confrontées au réel). À condition qu’on les capitalise. Ces contenus peuvent alors être mis à disposition de futures promotions d’apprenants…
- Création de réseaux et communautés professionnelles : faire l’AFEST ensemble, c’est aussi un excellent prétexte pour lancer ou entretenir une communauté professionnelle. En ce cas, les “sachants” aussi y sont invités !
5 précautions pour conserver l’esprit de l’AFEST
Pour réussir les moments collectifs d’AFEST sans en dénaturer l’esprit, voici 5 précautions à respecter.
- Conserver des AFEST individuelles : même engagé dans un “collectif”, tout apprenant doit continuer à bénéficier d’une AFEST personnalisée : positionnement amont, prise en compte de son profil (avec la méthode ACE de C-Campus, par exemple), accompagnement par un tuteur ou accompagnateur AFEST dans sa réflexivité individuelle, etc.
- Regrouper les apprenants partageant un intérêt commun autour de domaines, sujets, thèmes, problématiques et qui veulent apprendre des autres, du collectif !
- Animer le collectif avec des méthodes co-réflexives permettant à chacun d’exprimer un point de vue et de fournir un effort d’apprentissage (personne ne reste sur “le bord de la route”). Chacun doit aussi avoir le sentiment de “contribuer” !
- Attention à certains biais possibles, si l’animateur est dans une posture hiérarchique : cela peut limiter ou orienter les échanges, les travaux ou la réflexivité de certains participants !
- Les “temps collectifs en AFEST”, que ce soit des évaluations croisées entre apprenants, des séquences réflexives collectives, des mises en situation à plusieurs (on pense à des travaux d’équipe) doivent se réaliser sur des durées courtes, maximum 45′ à 1h30, afin de favoriser la concentration et l’attention de tous !