Nous avons dans un article récent rappelé les 7 erreurs de débutant à éviter lors de la conception de formation (cf. article en cliquant ici). Nous poursuivons à travers ce nouveau post sur les 5 erreurs en animation de formation. Ces 5 erreurs courantes, nous les constatons souvent au démarrage de nos formations de formateurs. Elles sont liées davantage à une représentation de la mission de formateur que de la maîtrise de compétences techniques propres à l’animation.
Erreur #1 : se positionner en sachant
Par définition, le formateur débutant est un professionnel expérimenté qui est invité à transmettre son savoir-faire. Rares sont aujourd’hui les formateurs qui débutent sans expertise. Conséquence : le formateur a tendance à se positionner en sachant : “je suis l’expert qui sait, qui a fait, qui a expérimenté !”. Peut-on lui en vouloir ? Bien sûr que non, c’est le moyen pour lui ou pour elle d’affirmer sa légitimité. Et il en a ou elle en a souvent bien besoin face à des groupes d’apprenants qui ont toujours mieux à faire qu’à l’écouter : lire leurs notifications, faire leurs mails…
Mais cette position haute, comme on dit en psychologie, entraîne des biais de communication. Le formateur utilise moins la dynamique de groupe, il a tendance à multiplier les exposés et à limiter les échanges entre membres du groupe. Plutôt que de partir, tel un judoka, de la force du groupe, c’est-à-dire de la richesse de ses expériences et de ses connaissances, il a tendance à asséner ses vérités.
Il y aura toujours moins d’expérience ou de savoir dans l’expertise d’un formateur ou d’une formatrice que dans un groupe de 10 ou 12 adultes en formation professionnelle. Car, ne l’oublions pas en formation professionnelle, ce sont des “professionnels” qui se forment ! Et même les stagiaires débutants ont des expériences et des connaissances sur le sujet.
Premier conseil : jouons-la modeste en formation. Partons du groupe, de ce qu’ils savent déjà, de ce qui leur manquent encore. Soyons à l’écoute, positionnons-nous dans la salle en “U” non pas de façon détachée devant son écran de projection au sommet du “U”, mais comme un simple maillon qui ferme le “U”, pour en faire symboliquement un très joli “O” !
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Erreur #2 : rester focalisé sur le contenu
Deuxième erreur, les formateurs ou formatrices débutantes ont tendance à rester prisonniers de leur contenu. Ceci est dû comme nous venons de le voir à leur position de sachant, mais pas seulement. Nous le constatons de façon plus marquante encore ces derniers mois, à cause d’approches Qualiopi mal comprises.
Qualiopi remet en avant la contractualisation formateur/apprenant. C’est une très bonne chose, mais certains formateurs débutants ont mal compris le message. Ils sont persuadés qu’ils doivent faire coûte que coûte l’intégralité du parcours de formation tel qu’il est indiqué dans le programme, définit de façon très détaillée selon les normes Qualiopi. Alors, ils déroulent leur contenu. C’est oublié que Qualiopi porte en lui un principe fort de personnalisation du parcours et que le niveau de qualité de formation dépend de cette capacité d’adaptation du formateur ou de la formatrice.
Deuxième conseil : soyons flexible et agile. Adaptons-nous à la progression de nos apprenants, et s’il faut laisser de côté certaines parties du programme, n’en soyons pas malade ! Ce qui compte, ce n’est pas ce que je transmets en tant que formateur, mais ce que les apprenants acquièrent comme connaissances ou développent comme compétences.
Erreur #3 : avoir peur de son auditoire
Troisième erreur de débutant, les formateurs et formatrices craignent d’être challengés, pour ne pas dire déstabilisés par leurs apprenants. Que vont-ils dire si je ne sais pas ? Que dois-je faire s’ils contestent ce que je dis ? Comment réagir face à des stagiaires résistants, pas intéressés, je sais-tout ? Ces questions nous les entendons quasi-systématiquement dans les tours de tables au démarrage de nos formations. Elles expriment la peur de perdre la face devant le groupe.
C’est vrai que le métier de formateur est un métier exposé. Mais le formateur ou la formatrice n’est pas un acteur ou une actrice de théâtre. Dans la dramaturgie de la formation, les apprenants jouent le rôle essentiel. On peut dire, pour prendre une image que 51% du succès d’une formation vient de la dynamique du groupe en formation et 49% du formateur.
Alors se représenter son auditoire comme des opposants, avoir peur de lui, c’est à coup sûr aller droit vers les difficultés. Comment établir une bonne communication si on ne part pas sur des bases de confiance mutuelle ?
Troisième conseil : soyons confiant ! Ayons confiance en eux et en nous, car les deux sont intimement liés. Dans nos formations nous travaillons ce point en amenant les futurs formateurs et formatrices à prendre conscience des représentations qu’ils ont de leurs apprenants et d’eux-mêmes. Qui sont-ils quand ils jouent leur rôle de formateur ? Quelles croyances les guident quand ils entrent en communication avec leurs apprenants ? Une fois ce travail fait, les représentations qu’ils ont exprimées lors des attentes à travers des questions du type “j’aimerais savoir comment je dois faire face à des publics difficiles ?” se transforment lors du bilan de la formation en : “J’ai des clés pour résoudre des situations délicates”. Ce passage de “publics difficiles” à “situations délicates”, n’est pas qu’une affaire de sémantique. C’est prendre conscience qu’il n’y a pas de bons ou de mauvais apprenants, mais il y a des dynamiques de groupes en formation qui peuvent être positives ou négatives. Et c’est cette dynamique de groupe qu’il faut apprendre à gérer.
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Erreur #4 : vouloir à tout prix satisfaire ses apprenants
La quatrième erreur de débutant est toujours liée à la représentation que les formateurs et formatrices se font de leurs apprenants. Mais cette fois-ci, c’est la petite voix “sois parfait ou parfaite” qui les guident.
Quand on débute on veut bien faire, on veut à tout prix que nos apprenants disent qu’on est un formateur ou une formatrice “génial.e”. C’est normal ! On a besoin de se rassurer. Mais trop souvent on tombe dans l’excès. Non ! un formateur ou une formatrice ne doit pas forcément plaire à ses apprenants. Non ! un formateur ou une formatrice ne doit pas chercher à les satisfaire à 100%.
Ces affirmations peuvent vous paraître étonnantes et elles étonnent d’ailleurs les formateurs et formatrices qui viennent dans nos formations. Mais, pour se convaincre qu’il s’agit juste du bon sens, il suffit de se pencher un instant sur ce que signifie “l’acte d’apprendre”. Apprendre, c’est faire un travail sur soi qui nous amène à remettre en cause ce que nous ferions naturellement si nous savions déjà.
Apprendre, c’est d’abord désapprendre ou, à tout le moins, s’interroger sur ce que nous aurions tendance à faire naturellement. Ce travail d’interrogation sur sa pratique et sur soi, nécessite d’accepter une certaine remise en cause. Et cette remise en cause ne va jamais de soi. Celui qui nous invite à la faire (le formateur ou la formatrice), peut être pris pour cible suite au désagrément que nous avons de devoir changer. Le formateur ou la formatrice doivent l’assumer !
Quatrième conseil : osons amener l’apprenant à se confronter à une certaine remise en cause quitte à ce qu’il nous en tienne rigueur. N’ayons pas peur du dialogue, de l’échange et même d’une certaine confrontation d’idées, de représentations, bien entendu toujours dans un cadre bienveillant et objectif.
Erreur #5 : être stressé par le temps
La cinquième et dernière erreur la plus courante des débutants formateurs ou formatrices est d’être stressés par le temps en formation. Soit, ils craignent de ne pas avoir suffisamment de temps pour tout dire, soit, au contraire, ils ont peur d’en avoir trop et ont peur du vide.
Une nouvelle fois, cette peur de la pendule en formation est une affaire de représentation. Qu’est-ce qui est important en formation : finir à l’heure à chaque séquence ? avoir dit tout ce que l’on devait dire ? Certainement pas, et nous l’avons déjà discuté plus haut. L’essentiel est ailleurs. C’est donner du temps à chacun pour apprendre à son rythme et les amener à faire un bon bout du chemin vers l’atteinte de leurs objectifs d’apprentissage.
Partant de ces principes, la question du temps en formation ne doit plus être une question. S’il faut faire deux pauses dans une après-midi parce que le groupe est fatigué mentalement, faisons deux pauses. Si on doit passer vite sur une partie du programme, passons-y. Si une séquence dure 50% de temps en plus mais qu’un moment Euréka ! a eu lieu, soyons satisfait.
Cinquième conseil : prenons de la distance avec la question du temps en formation. Vivons le temps en formation comme un allié et non plus un ennemi. La seule chose que nous devons nous imposer dans le domaine de la gestion du temps est le respect des horaires de début et de fin. A l’intérieur de ce cadre, tout est possible. L’essentiel est que les apprenants cheminent vers la connaissance et leur développement. La formation formelle n’est qu’un moment, une étape dans ce processus, qui doit être la plus riche possible, pas forcément la plus remplie !