Apprenance et guidance sont deux concepts forts qui invitent à revoir nos schémas anciens sur la formation. Traditionnellement, le formateur est perçu comme le sachant qui doit transmettre sa connaissance au stagiaire. Cette vision de la formation est plutôt passive. On imagine bien un stagiaire attendre le savoir de la part de son formateur, tel le moineau attendant sa becqueté.
L’apprenance, rapide définition
Avec la notion d’apprenance, Philippe Carré (L’apprenance : vers un nouveau rapport au savoir, Dunod – 2005), nous propose une toute autre vision. De quoi s’agit-il exactement ? L’apprenance, telle que définie par l’auteur, c’est “une attitude ou un ensemble de dispositions favorables à l’acte d’apprendre sous toutes ses formes“. Et plus généralement, c’est une vision de l’apprentissage qui place l’apprenant au coeur du système. Ses dispositions à apprendre sont déterminantes dans tout apprentissage, bien plus que le talent du formateur ou la qualité de ses moyens pédagogiques.
Partant de cette vision beaucoup plus active de l’apprenant en situation de formation, l’auteur défini avec précisions les trois facteurs déterminant l’acte d’apprendre :
- Les facteurs motivationnels : c’est le vouloir apprendre. Pourquoi faut-il que j’apprenne ? Ou encore mieux, pourquoi ai-je envie d’apprendre ?
- Les facteurs comportementaux : c’est le savoir apprendre. Comment vais-je gérer mon apprentissage ? Quelles stratégies et techniques d’apprentissage dois-je mettre en oeuvre ? C’est la fameuse compétence fondamentale : “apprendre à apprendre”.
- Les facteurs environnementaux : c’est le pouvoir apprendre. Mon environnement est-il propice à l’apprentissage ? Tant que la formation n’était que présentielle, ces facteurs environnementaux étaient relativement neutralisés. Mais avec le développement des formations multimodales ou blended, ils redeviennent d’actualité.
De l’apprenance à la guidance
Si on s’en tient à ces trois catégories de facteur, on peut constater que la réussite d’un apprentissage ne passe que très peu par le formateur lui-même. Est-ce à dire que le modèle a été renversé. De la toute puissance du formateur serions-nous passé à un vulgaire rôle de figurant ? Pourrions-nous apprendre sans formateur à l’heure de la formation digitale ? D’aucuns aimeraient le (laisser) croire, mais on en est encore très loin. Le formateur a tout son rôle à jouer. Et c’est pourquoi apprenance doit se marier avec guidance.
La guidance, c’est “l’attention particulière portée par le formateur à la progression différenciée de chaque apprenant“. Sans cette guidance, l’apprenant, sauf profil très particulier, ne peut apprendre. C’est cette guidance qui entretient sa motivation, qui l’amène à développer les bonnes stratégies d’apprentissage, qui l’aide à s’orienter dans son apprentissage et la multitude des ressources pédagogiques à sa disposition.
Alors, oui, l’apprenant est au coeur du système, mais le formateur reste bien un acteur important, même s’il ne peut plus tout. Car, comme le dit si bien Philippe Carré : “On apprend toujours seul, mais jamais sans les autres !”
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