Ces deux ou trois dernières années, les grandes entreprises ont considérablement accéléré dans le domaine de la digitalisation de la formation. Plus question de savoir s’il faut y aller, elles y vont. La question est davantage : « quand auront-elles fini de digitaliser ? ». La réponse dépendra de leur capacité à faire face à deux défis majeurs.
Industrialiser la digitalisation des contenus
Quand on interroge les grandes entreprises sur leurs préoccupations du moment en matière de digital learning, elles répondent le plus souvent « One LMS ». Après avoir multipliés les plateformes de E-Learning dans les différentes divisions, elles mutualisent leurs outils. Une seule plateforme pour tous les pays, toutes les divisions. ORANGE et SANOFI sont en train d’y passer. Les grandes banques y sont passées ces dernières années comme Air France ou PSA.
Mais ces LMS ne sont qu’une affaire de tuyau. Et sans contenu, un tuyau n’a pas beaucoup d’intérêt. Le premier défi à relever est donc de transformer les contenus présentiels en contenus digitaux : E-Learning, Vidéo-Learning et E-Reading. Et pour y parvenir, il va falloir changer de braquet. Fini la production à l’unité de modules. Trois mois de conception pour un module de 20 à 30′ n’est plus envisageable au regard des volumes de production à réaliser. Il faut passer à une production industrielle pour constituer rapidement de véritables bibliothèques de contenus, indexés sur les référentiels de compétences de l’entreprise.
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Accompagner les apprenants dans le nouveau paradigme de la formation
Croire qu’une fois les ressources pédagogiques digitalisées et diffusées sur le “One LMS” tous les apprenants les consulteront et apprendront comme par enchantement, relève davantage de l’utopie que de la prévision scientifique. On fait le postulat que tout salarié souhaite et sait apprendre par lui-même. C’est en quelque sorte le “mythe du bon apprenant”. A l’instar du mythe du bon sauvage bâti sur la croyance que l’homme est bon par nature et que la société l’a perverti, les marketeurs de l’industrie pédagogique aimeraient nous laisser croire que les salariés ont toujours aimé apprendre mais que, malheureusement, les technologies ne le leur permettaient pas. Heureusement, les serious games, la gamification et autres MOOC, COOC, SPOC sont arrivés ! Et les salariés vont pouvoir apprendre sans encombre.
La réalité est beaucoup moins simple que cela ! Les techno-pédagogies peuvent être aussi séduisantes qu’elles le sont aujourd’hui, les salariés ne se forment pas forcément. Tout simplement, car la plupart du temps, ils n’ont pas intérêt à se former (pas de liens avec leurs risques / opportunités de développement professionnel, pas de certification) ou ils ne savent pas organiser leur auto-apprentissage. Apprendre, ça s’apprend !
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Dans ce nouveau paradigme de la formation digitalisée, l’accompagnement individuel et collectif devient par conséquent le second défi majeur à relever. Paradoxalement, plus on digitalise, plus on a besoin de relations humaines de qualité. Comment le dirait Orange : “Soyons Digital et Humain !” C’est rassurant pour les formateurs qui, seront demain plus que jamais incontournables à condition de changer leurs modes d’intervention.