Dans un article précédent nous avons montré que le tuteur était un acteur clé de la galaxie L&D d’une entreprise – cliquez ici pour consulter l’article. Nous passons à l’action dans ce nouvel article en présentant, à partir de nos expériences d’accompagnement d’entreprise, les 8 incontournables de la création et l’animation d’un réseau de tuteurs.
Sélectionner les meilleurs tuteurs
La première action à mener pour bâtir et développer un réseau de tuteurs est de bien sélectionner les tuteurs. Trop souvent, le tutorat est une mission par défaut. On embauche un jeune en alternance, alors on devient tuteur. Mais « tutorer » est une mission qui ne s’improvise pas. Trois conditions sont à réunir :
- Etre un réel expert de son métier (c’est une évidence, mais trop de tuteurs ne sont pas forcément des « modèles » à copier !)
- Avoir une appétence pour le tutorat : « le plaisir de transmettre » est un incontournable. Il y a un certain don de soi dans l’accompagnement tutoral.
- Avoir des aptitudes à la pédagogie. N’importe qui peut-il être pédagogue ? Probablement, mais pour certains cela prendra beaucoup plus de temps qu’à d’autres !
Avant de « nommer » tuteur, un manager, un technicien ou toute personne de l’équipe, il faut prendre en compte ces trois critères et s’assurer qu’ils sont réunis.
Engager les tuteurs
Une fois les meilleurs tuteurs sélectionnés, il convient de les engager. Pour ce faire, a minima, leurs managers doivent leur remettre une lettre de mission. Car, accompagner un ou plusieurs tuteurs va leur prendre du temps. Il ne s’agit pas de leur demander de faire cette mission en plus, ou en temps masqué.
Officialiser leur mission est le premier acte de reconnaissance. Ensuite, il faut leur préciser leurs droits et devoirs. Car un des problèmes majeurs dans leur engagement provient de leur positionnement dans le jeu des acteurs du tutorat. Quelle place doivent-ils prendre entre le manager, l’apprenant, la fonction RH, les formateurs de l’école, etc ? Une charte du tutorat permet de clarifier les attendus de leur mission.
Former les tuteurs
Accompagné un alternant ou un nouvel arrivant ne s’improvise pas. Cela nécessite de maîtriser des compétences de formation terrain. Une formation courte mais dense est indispensable à tout débutant.
Dans notre formation « Réussir son tutorat » (+ de 200 tuteurs formés en inter-entreprise en 2021), outre les incontournables sur l’appropriation de la posture tutorale et la méthode de conception de parcours tutoral, nous mettons l’accent plus particulièrement sur trois objectifs prioritaires :
- Maîtriser la posture et le questionnement réflexif (ou si on préfère : amener les tuteurs à ne pas donner les solutions, mais à faire découvrir et éventuellement guider vers les solutions),
- Maîtriser les différentes techniques pédagogiques terrain : doublon, feedback, explication flash, REX, etc.
- Maîtriser les techniques d’accompagnement et plus particulièrement : aider au positionnement de l’apprenant, réaliser des évaluations périodiques, mettre en place des plans de progrès périodiques…
Outiller les tuteurs
Accompagner un tutoré tout au long d’un parcours d’intégration ou d’une année de formation génère énormément de données : itinéraire pédagogique, évaluation des compétences, plan de progrès, suivi avec l’école le cas échéant…
Toutes ces données très importantes deviennent vite ingérables pour les tuteurs. C’est pourquoi, des applications ont vu le jour pour répondre à ces besoins.
Nous expérimentons par exemple la solution daylindo. chez Orange dans le cadre de grands projets de déploiements Tutorat AFEST. Et les premiers retours sont très convaincants. Ce type d’application permet de recueillir une multitude de datas et de progresser en matière de pilotage.
Ecouter et répondre aux questions des tuteurs
Le tuteur exerce sa mission de façon assez esseulée. Excepté dans le cas où l’entreprise procède à l’embauche massive d’alternant, un tuteur est souvent unique au sein de son équipe. Il se pose pourtant beaucoup de questions sur son rôle, sa mission, ses actions.
Afin que ces questions ne restent pas sans réponse, la meilleure solution actuelle est de créer une communauté de tuteurs à travers un outil de réseau social (un Canal Teams, par exemple). A travers la communauté, ils pourront :
- Obtenir des réponses et des conseils,
- Bénéficier d’articles de veille,
- Partager leurs expériences et leurs meilleures pratiques.
Mobiliser les tuteurs
Même si au départ le tuteur est parfaitement engagé, au bout de quelques mois, il peut être repris par le quotidien. C’est pourquoi, un soin attentif doit être porté à sa mobilisation tout au long de sa mission.
Deux actions sont possibles dans ce domaine :
- Mettre en place des entretiens d’accompagnement pour les tuteurs eux-mêmes (selon une logique de supervision, bien connue dans le domaine du coaching et des métiers de relation à la personne),
- Organiser périodiquement (tous les 3 à 6 mois) une convention de tuteurs. Ces conventions leur permettent de renforcer leur sentiment d’appartenance à la communauté des tuteurs et de donner du sens à leur engagement,
Offrir des opportunités de perfectionnement
Les entretiens d’accompagnement et les conventions de tuteurs que nous venons de voir précédemment peuvent jouer un second rôle dans le développement d’un réseau de tuteurs : le perfectionnement de leurs compétences de tuteurs.
Ce perfectionnement est indispensable car le tutorat ne peut pas s’apprendre en une seule fois. Les problèmes à résoudre en fin de tutorat (évaluation de l’apprenant, gestion de son autonomie à l’égard du tuteur, préparation du départ de l’apprenant…) n’ont rien à voir avec ceux du début (accueil, intégration, transmission des compétences de base, etc.).
A côté des entretiens d’accompagnement et des conventions, d’autres techniques plus simples à mettre en place existe comme par exemple :
- Des cours digitaux thématiques mis à disposition des tuteurs en accès libre (cf. notre offre de 9 cours digitaux sur le tutorat à porter sur la plateforme de votre entreprise ou via notre plateforme Akolit – cliquez ici)
- Des “Cafés tuteurs”, c’est-à-dire des moments d’échanges de pratique périodiques (par exemple : un par mois en visio de 9h00 à 10h00) où les tuteurs peuvent en petit groupe mettre en place des stratégies réflexives pour apprendre de leurs expériences. Tout ceci, se fait évidemment sur la base du volontoriat.
Reconnaître les tuteurs
Enfin, dernier incontournable, il est indispensable de reconnaître l’engagement des tuteurs à la fois pour des raisons de bonne gestion et d’éthique (les tuteurs donnent de leur temps et de leur personne, en retour l’entreprise doit elle-même faire quelque chose pour eux !).
Certaines entreprises ont expérimenté la prime tutorale comme action de reconnaissance. Celle-ci ne fait pas l’unanimité. Beaucoup de tuteurs attendent autre chose qu’une prime qui reste le plus souvent limitée.
Ce qu’ils attendent, c’est davantage la reconnaissance de leurs acquis. Ceci peut passer par deux actions prioritaires :
- Réaliser des entretiens de bilan des acquis à la fin du tutorat. Cela peut prendre la forme tout simplement d’un entretien de type « entretien professionnel » avec la personne en charge du projet d’animation de la communauté de tuteurs ou d’une personne de la fonction RH.
- Proposer aux tuteurs expérimentés de passer la Certification MATU (cliquez ici pour en savoir plus). Cette certification récente (décembre 2018), reste encore mal connue des DRH et directions L&D des entreprises. Elle est pourtant très pertinente. Elle permet d’évaluer l’ensemble des acquis d’une mission de tuteur. Et à ce titre, représente pour les personnes n’ayant pas encore exercé une fonction de management, une étape importante vers cette fonction. Tutorer puis valider ses compétences via la certification MATU pourrait être une voie d’accès au management.