Le Big Bang de la formation annoncé par Muriel Pénicaud nous a amené dans un article précédent à tracer les grandes lignes du marché de la formation. Nous vous proposons de voir à travers cette tribune quels sont les impacts de cette “révolution” pour les consultant-formateurs indépendants ? Tout dépendra du marché sur lequel ils interviendront.
Les consultant-formateurs indépendants (CFI) sous-traitants des organismes de formation sur le marché régulé
Les CFI qui interviendront sur les marchés régulés…
- « paritairement » via les Opérateurs de Compétences,
- « régionalement » via le PRDF des Régions
- « quasi Etatiquement » via la Caisse des dépôts ou Pôle Emploi,
… vont voir leurs contraintes administratives s’accroître sensiblement. Il faudra attendre les règles qui seront fixées par France Compétences, la nouvelle agence de la formation professionnelle pour en avoir le coeur net, mais a priori on se dirige vers une Labellisation des formateurs indépendants.
Les formateurs salariés seront couverts par les règles de gestion mises en oeuvre par les organismes de formation eux-mêmes. Mais ces derniers ne pouvant pas intervenir, du fait de leur relation commerciale, dans la formation et le développement des formateurs indépendants, ils devront exiger d’eux un label reconnu pour garantir la qualité de leurs intervenants.
Ce Label devra probablement lui-même respecter les règles d’accréditation COFRAC, à l’instar aujourd’hui de la certification ICPF & PSI.
A cela pourrait s’ajouter le datadock revu et corrigé si le CFI intervient en sous-traitance sur le marché régulé par les nouveaux OPCA renommés “Opérateurs de Compétences”.
Sans faire de catastrophisme ou d’excès de pessimisme, ce marché risque également de voir ses prix tirés vers le bas. Il s’agira de marchés de masse à faible marge où les grands opérateurs se livreront une concurrence féroce. Par conséquence, les sous-traitants pourraient en faire les frais en devant baisser leurs tarifs de prestation.
Le consultant-formateur indépendant intervenant sur le marché des « grandes » entreprises
Les entreprises de 50 salariés et plus ne devraient plus bénéficier, au terme de la réforme, d’aide pour la formation de leurs salariés en poste, excepté les entreprises bénéficiant de fonds conventionnels. Autrement dit, les entreprises françaises vont se mettre à l’heure de leurs homologues européennes et anglo-saxonnes. 47 ans après la loi Delors, le marché de la formation sera à nouveau dérégulé. On peut estimer ce marché à plus de 5 milliards d’euros (addition faite des investissements directs des entreprises, des co-financements au titre des périodes de professionnalisation et prestations connexes à la formation : coaching, accompagnement…).
Comment réagiront les entreprises face à cette nouvelle liberté ? Elles devraient en profiter pour élargir leur « sourcing ». Depuis la réforme de 2014, elles privilégiaient les organismes de formation déclarés, datadokés et labellisés pour des questions à la fois de co-financement OPCA et d’obligation de formation tous les 6 ans. Avec l’élargissement de la définition de l’action de formation et la fin des co-financements, elles reverront leurs critères de choix.
Les entreprises n’auront plus de raison de privilégier les organismes de formation au détriment des cabinets de « change management », de coaching ou de consulting. Accompagnement, management des connaissances, évaluation et facilitation sont assimilés à de la formation vu de l’entreprise. C’est le « modèle séparatiste » de la loi Delors qui a créé la distinction. Concrètement, toutes ces modalités d’intervention contribuent à leur façon à la montée en compétences.
Face à cette évolution du marché, comment le consultant formateur indépendant pourrait-il se repositionner ? Pour apporter une offre distinctive sur ce marché, il devra faire preuve d’une expertise forte et de très grandes capacités d’accompagnement individuel et collectif. A lui de comprendre intimement le besoin toujours singulier de son client et de lui faire les réponses de plus en plus « sur-mesure ».
Libéré des contraintes administratives (déclaration d’activités et datadock), il devra faire la preuve plus que jamais de son professionnalisme par des labels reconnus. Etre certifié PMI ou Green Belt ou encore ICPF & PSI seront beaucoup plus pertinents qu’être un organisme de formation en bonne et due forme.
Mais cela ne sera pas suffisant. Ses capacités de réseautage, ses publications et sa e-reputation redeviendront des clés de succès incontournables, qu’il passe par un intermédiaire ou qu’il traite directement avec l’entreprise cliente.
Cet article a été publiée sous forme de tribune sur news tank rh management. Pour découvrir les services de cette agence d’information globale, n’hésitez pas à demander un test gracieux de notre part en cliquant sur le lien ici.