Ils sont managers mais récusent le terme associé à la « langue de bois » des dirigeants dont ils ne se reconnaissent pas les relais, disent-ils. Ce sont les managers paradoxaux : en voici un rapide portrait où vous reconnaîtrez certainement quelques profils croisés dans vos couloirs. Comment les former au management ?
Le « terrain » ne ment pas…
Si le management est d’abord un pouvoir sur d’autres (pour les faire agir dans un sens donné), les managers paradoxaux n’ont aucun état d’âme à le prendre et à diriger ! Alors qu’ils se revendiquent proches des collaborateurs. Paradoxe ! Qui sont-ils ? En voici un portrait robot :
Ils viennent du terrain par promotion interne. Ils mettent toujours en avant leur expérience et y « collent » au plus près possible : c’est d’elle qu’ils tirent leur légitimité et pensent ainsi pouvoir diriger leur équipe. Ils savent ce qu’il faut faire et quand il faut le faire : « on ne peut pas leur raconter d’histoires »… Ils sont pragmatiques jusqu’à l’obsession. Ce qui importe, c’est la tâche plus que la mission (car elle, elle peut changer …). Le reste est secondaire et ne passe pas l’examen de leur pertinence. Le développement du collaborateur leur paraît d’abord être de son fait. Ils se sont développés tous seuls et laissent volontiers les autres faire pareil. Ils peuvent, en plus, être maladroits dans leur management, voire brutaux. En effet, ils n’adaptent pas leur management à chaque équipier, c’est à lui seul de faire le chemin inverse. Seule la tâche prime.
Quand l’équipe de direction décide de changer, ils s’en désolidarisent à mots couverts ou pas (chez C-Campus, nous avons quelques souvenirs de déploiements à cet égard …) Ils sont fortement ancrés dans le passé qui a fait leur succès. Typiquement, l’organisation du travail les met mal à l’aise s’il faut l’amender car elle suppose de modifier de subtils équilibres auxquels ils sont parvenus avec les équipes. Pour faire court, « les changements c’est de la langue de bois et des mensonges ». Ils ne sont pas relais. La description peut laisser songeurs les plus optimistes des senior managers et catastrophés, les pessimistes. Pourtant, des leviers existent.
L’amour du métier
D’abord, nous constatons que ces manageurs paradoxaux apprennent. Lentement car tout passe au tamis de leur logique métier. C’est elle qui décide de la pertinence de l’information reçue. Ensuite, il faut adopter une conduite particulièrement prudente quand vous organisez des ateliers de formation managériale. Calez bien vos propos : vous leur permettez de réfléchir à leur pratique plutôt que de leur apprendre quelque chose. Attention aux mises en situation : ils répugnent souvent aux jeux de rôle car ils « n’ont rien à prouver ». Ce genre d’exercice fragilise leur image personnelle vis à vis de leurs pairs, pensent-ils.
Vous disposez d’un levier conséquent : les managers paradoxaux aiment justement leur métier. Si vous partez de là pour expliquer, proposer, démontrer une pratique, ils vous écoutent. Une formation managériale doit être « sur mesure » Si vous êtes prêts à vous remettre en cause (vous n’apportez pas une vérité), à un débat franc et ouvert, vous pouvez poser les jalons d’une réflexion à venir. Mais vous (RRH, Responsable Formation, Formateur) ne gagnez pas seul : plus que jamais, le relais hiérarchique est important pour implémenter un nouveau comportement par exemple. Et l’exemplarité des senior managers est indispensable avec des managers paradoxaux…