La digitalisation de la formation a des effets déterminants sur notre façon de penser la conception de formation. Nous entrons dans l’ère d’une conception pédagogique à la fois industrialisée et personnalisée.
De la conception artisanale…
Dans la formation classique présentielle, la conception pédagogique relève de l’artisanat. La meilleure formation est celle qui répond le mieux aux besoins du groupe d’apprenants. La conception doit se faire “sur-mesure”. A chaque besoin, un projet de conception et une réponse de formation adaptée sous la forme d’un parcours ad hoc.
C’est ainsi que le concepteur pédagogique fait et refait ses diaporamas, ses exercices, ses études de cas ou encore ses jeux de rôles à chaque nouveau client ou nouvelle problématique. Le coût en pâtit, mais l’enjeu reste faible au regard des coûts d’animation.
… à la conception industrialisée et personnalisée
A l’ère de la formation digitalisée et des parcours de formation multimodaux certifiants, il n’est plus possible de concevoir de la sorte. En très peu de temps, les organismes de formation, qu’ils soient internes ou externes, vont devoir produire un nombre gigantesque de modules de digital learning.
Le changement va être radical, car digitaliser son offre de formation, ce n’est pas seulement rajouter deux ou trois modules en amont et en aval d’un stage présentiel. C’est repenser totalement la façon de former (d’apprendre devrions nous dire plus exactement).
Pour aller plus loin : Digital learning et réforme : vers un nouveau modèle pour la formation ?
Passer à une formation digitale et multimodale, c’est offrir à chaque apprenant la possibilité d’avoir accès à des ressources pédagogiques (modules e-learning, classes virtuelles, séquences présentielles, activités à son poste de travail…) les mieux adaptées à son besoin. Ce n’est plus simplement accéder à des ressources pertinentes pour un groupe (conception sur-mesure), mais adaptées à chaque individu. Les parcours sont par conséquent tous uniques et personnalisés.
Le travail de conception se décompose alors en deux temps :
- Un temps d’industrialisation : les concepteurs produisent les ressources pédagogiques que l’on peut appeler des “Learning nuggets”, c’est-à-dire des micro activités apprenantes. Ces “Learning nuggets” sont par définition valables pour différents parcours afin de pouvoir réaliser des économies.
- Un temps de personnalisation : les concepteurs bâtissent des parcours personnalisés où chacun peut avoir accès aux ressources ou “Learning nuggets” dont il a besoin. Cette personnalisation peut-être réalisée par le concepteur pédagogique pour des parcours types ou par les formateurs qui accompagnent les apprenants dans le cas de parcours individualisés.
Ce double processus d’industrialisation et personnalisation n’a rien d’original. Il existe depuis de nombreuses années dans l’industrie automobiles où les constructeurs produisent des modules (éléments voire parties entières de véhicules) et les assemblent pour en faire des modèles différenciés. Puis, pour les marques Premium notamment, offrent à leurs clients la possibilité de personnaliser leur véhicule.
5 défis à relever pour les organismes de formation internes ou externes
Passer d’un modèle de conception artisanal à un modèle industrialisé et personnalisé conduit à une transformation radicale pour les organismes de formation.
- Défi n°1 : repenser son offre de formation en partant des référentiels métiers / compétences.
- Défi n°2 : créer ou acheter ou louer une bibliothèque de “Learning nuggets” indexés sur ces référentiels de compétences (à chaque compétence, une ou plusieurs learning nuggets).
- Défi n°3 : bâtir des parcours types en fonction des principaux profils d’apprenants.
- Défi n°4 : créer des protocoles de positionnement amont et de certification aval pour évaluer les pré-acquis et les acquis.
- Défi n°5 : former les formateurs à prescrire les différents “learning nuggets” à disposition en fonction des positionnements amont et des évaluations intermédiaires.
Pour aller plus loin : “Digital learning : comment s’y mettre ?“