Les missions et compétences du « référent AFEST » sont bien délimitées depuis 5 ans, au travers notamment de notre certification enregistrée chez France Compétences. En revanche, nos clients et partenaires nous demandent souvent des précisions sur le profil et les compétences nécessaires pour exercer le rôle d’accompagnateurs – accompagnatrices AFEST, ainsi que des informations sur les missions réelles qu’elles/ils exercent en AFEST.
Pourquoi l’accompagnateur est indispensable en AFEST ?
Avant de dessiner leur « portrait-robot », examinons pourquoi il est indispensable de prévoir au moins un/ des accompagnateur(s) dans toute AFEST.
D’abord pour une raison pédagogique : tout individu est généralement capable d’apprendre par sa pratique (mise en situation) et de sa pratique (séquence réflexive). Cependant, à de très rares exceptions près (les purs autodidactes), nous savons aussi que les échanges entre pairs, collègues, experts, avec le responsable hiérarchique, sont indispensables aux apprentissages expérientiels, dans bon nombre de métiers. En ce sens, l’accompagnateur représente aux yeux de l’apprenant, son tiers de confiance, son partenaire d’apprentissage, son interlocuteur privilégié, celui ou celle qui va l’aider à apprendre de et par lui-même.
Ensuite car c’est une exigence réglementaire. Le code du travail exige un encadrement pédagogique AFEST, au bénéfice de l’apprenant (Voir le décret sur l’AFEST du 28/12/2018). Ce n’est pas propre à l’AFEST d’ailleurs : dans toute action de formation (présentielle, à distance, etc.) “des moyens humains et techniques” sont requis. Ceci part d’une excellente intention : éviter des détournements de l’AFEST (par exemple des heures de travail, sans aucune intention ni encadrement pédagogique, « maquillées » et faussement déclarées en heures de formation AFEST). Sans encadrement pédagogique, l’AFEST n’existe donc pas, juridiquement parlant.
Pour conclure, examinons les conséquences si on passait outre :
- Au mieux on retomberait dans le pari hasardeux de la « formation sur le tas » et ses défauts : “l’apprenant finira bien par apprendre !”, un apprentissage long, inconscient et d’une qualité hétérogène.
- Pire on laisserait arbitrairement l’apprenant exercer seul certains choix ou ne pas relier ses choix à de solides connaissances (contre-productif au début d’un parcours de formation où théorie et pratique ont besoin d’être explicitement liées).
- Voire on prendrait un risque majeur : laisser l’apprenant « apprendre de travers », sans cadre, sans repères, sans modèle, « à côté de la plaque » ou hors sujet par rapport aux priorités.
Quel titre choisir pour désigner le rôle ?
Le choix du titre qu’on accole au rôle d’accompagnateur AFEST est libre.
- Dans les entreprises à tradition de compagnonnage, le terme de « tuteur » est souvent préféré à celui d’accompagnateur, car il est connu et reconnu de longue date.
- Dans les secteurs de la « Tech » ou de la « Com » on le nomme « mentor », voire on utilise des anglicismes comme : training / learning partner, etc.
- Dans les organisations valorisant la formation interne, on désigne souvent « formateurs terrain », les personnes qui accompagnent les apprenants au poste de travail (pour les distinguer des « formateurs occasionnels en salle »).
- Parfois le terme “accompagnant(e)” est préféré à celui d’accompagnateur.
Bref… peu importe la sémantique. Chez C-Campus nous préférons utiliser le terme « accompagnateur » car il recouvre assez bien l’essentiel du rôle :
- primo : accompagner l’apprenant in situ afin qu’il puisse apprendre dans les meilleures conditions pédagogiques possibles, tout en travaillant
- secundo : accompagner l’apprenant lors de sa séquence réflexive
Deux missions imparties à tout bon accompagnateur.
Un accompagnateur AFEST organise et facilite les mises en situation dans l’activité de travail réel. L’accompagnateur agit de sorte à rendre ces situations « apprenantes ». On pense bien sûr au temps alloué à l’apprenant pour la réalisation de l’activité, aux droits octroyés en AFEST (nombre d’essais, marge d’erreurs, etc.), aux aménagements de la cadence de travail. Sans oublier les attitudes qui vont favoriser l’apprentissage in situ : bienveillance, encouragement, valorisation de l’apprenant auprès des tiers (clients, collègues) afin que ces derniers soient « tolérants » aux erreurs et approximations, etc.
Ensuite l’accompagnateur AFEST questionne la pratique de l’apprenant pour faciliter la réflexivité de ce dernier. Il adopte une attitude globale de compréhension et d’empathie (selon les travaux du Psychologue Elias Porter, inspiré par Carl Rogers, où l’apprentissage est centré sur l’apprenant). Il sait utiliser un questionnement ouvert et varié, adapté aux “moments” :
- Avant les mises en situation : « Comment vas-tu t’y prendre ? A quoi vas-tu faire attention ? Quel est ton plan B ? », etc.
- Pendant les mises en situation : « Que se passe-t-il ? Pourquoi procèdes-tu de cette manière ? Quel changement par rapport à ce que tu avais prévu », etc.
- Après les mises en situation : « Qu’as-tu fait ? Comment as-tu fait ? Qu’est ce qui a bien fonctionné dans ta pratique ? Si tu devais recommencer, que changerais-tu ? », etc.
Pour exercer ces missions, l’accompagnateur devra maîtriser un certain nombre de méthodes et techniques pédagogiques « terrain ». Il aura aussi à conduire un questionnement réflexif simple et structuré, par exemple avec la méthode FAST que nous développons chez C-Campus.
Vous souhaitez former et outiller pédagogiquement vos accompagnateurs et tuteurs AFEST, notamment avec la méthode réflexive FAST, contactez-nous formation@c-campus.fr.
Quelles autres missions, en partage ?
- Avec le manager de l’apprenant : l’accompagnateur contribue à la fixation des objectifs d’apprentissage de l’apprenant, à la régulation des motivations de ce dernier, à la validation des compétences acquises en AFEST.
- Avec le référent AFEST (ou le formateur responsable des enseignements théoriques) : il gère le transfert des connaissances et compétences indispensables à l’activité, alerte sur les difficultés de compréhension de l’apprenant, l’oriente vers des contenus et ressources d’apprentissages complémentaires, contribue à l’évaluation formative (ou aide l’apprenant à s’auto-évaluer)
- Avec la fonction RH/ le commanditaire AFEST : il alerte si besoin d’assistance à l’apprenant, par exemple en cas de problématiques sociales rencontrées par ce dernier durant sa formation (on pense aux salariés précaires ou aux demandeurs d’emploi en formation type POEC, sans oublier les alternants qui peuvent rencontrer des difficultés à se loger près de l’entreprise en plus du lieu d’études, etc.)
Et pour terminer quelques réponses aux questions les plus courantes qu’on nous pose…
L’accompagnateur est-il obligatoirement salarié de la structure ?
A date, il n’existe aucun impératif réglementaire sur le statut : le formateur terrain en AFEST – (l’accompagnateur – le tuteur, etc.) peut être un collègue de l’apprenant (accompagnateur interne) ou un formateur externe à la structure ou encore un consultant choisi par l’employeur ou le financeur de l’action de formation.
Faut-il former ses accompagnateurs ?
Pour l’instant, rien n’y oblige dans le cadre de la loi. En revanche certains financeurs ou commanditaires publics de l’AFEST exigent déjà que les accompagnateurs AFEST soient a minima informés officiellement de leurs rôles, voire formés et outillés.
Quelles sont les compétences pédagogiques de l’accompagnateur ?
Elles tournent principalement autour de : connaitre les 2 principes de l’AFEST (situation apprenante et réflexivité) – personnaliser son accompagnement – mener des entretiens de positionnement et d’analyse réflexive – maîtriser des trucs et astuces et techniques pédagogiques de terrain, telles que la méthode démonstrative, la supervision ou l’explication flash.
Quelle différence entre accompagnement AFEST & tutorat « classique » ?
La différence porte essentiellement sur la posture de celui ou celle qui encadre l’apprenant : En tutorat classique, on favorisera le principe du « modelage » (l’apprenant imite et copie le “modèle”, qu’est le tuteur). En AFEST on privilégiera la pratique réflexive : l’accompagnateur fera rechercher les solutions à l’apprenant plutôt que de lui donner les siennes ; on favorisera par conséquent l’auto-analyse de pratiques de l’apprenant plutôt que de lui livrer la sienne.
Quels sont les critères pour identifier ou choisir son / ses accompagnateur(s) ?
- Le 1er critère est le volontariat ou l’appétence d’une personne à exercer le rôle d’accompagnateur. Les entretiens annuels ou professionnels peuvent être l’occasion de détecter des volontaires et de constituer des viviers d’accompagnateurs.
- Le 2ème critère est l’expertise reconnue dans le métier. A minima, l’accompagnateur est une personne exerçant le métier (ou en connaissant les tenants et aboutissants), dont l’exemplarité, le professionnalisme sont reconnus par ses pairs.
- Le 3ème critère est la motivation à développer une posture pédagogique, d’écoute et d’ouverture à l’autre : elle s’acquiert bien sûr par une formation d’accompagnateur, différente de celle d’animateur de formation. Egalement au travers du partage d’expériences avec d’autres accompagnateurs.