Le colloque du 22 septembre dernier organisé par L’IGS sur le thème Digital learning et réforme fut riche d’enseignement. Les témoignages d’entreprise réalisés au cours de la matinée confirme les tendances actuelles. Et si un nouveau modèle pédagogique en entreprise émergait ?
Des expériences réellement innovantes
Que ce soit AXA, Monoprix, SSP ou Pôle emploi et Airbus via leur prestataire IBM, toutes les entreprises intervenant au cours du colloque ont présenté de véritables dispositifs pédagogiques innovants. On est très loin des petits tests de serious games d’un côté ou de mise à disposition de quelques modules de E-Learning via une LMS. Les expériences de 2015 sont davantage porteuses de pédagogie.
Monoprix nous a présenté un programme métier ambitieux intégrant formation de formateurs, portail de formation métier* comprenant e-learning et e-reading, mise en pratique accompagnée par le management terrain.
Chez AXA, c’est du reverse mentoring combiné avec des MOOCs et des modules E-Learning “en push” qui sont déployés pour accompagner la transformation digitale.
Les consutlants d’IBM ont insisté sur l’apport des pédagogies inversées et des réseaux sociaux pour optimiser aussi bien la formation des conseillers de formation de Pôle emploi que des techniciens de maintenance d’Airbus. Ils ont montré tout l’attrait du digital pour des déploiements massifs. Et ils ont fait la preuve, que digital ne rime pas forcément avec suppression de la médiation pédagogique. Loin s’en faut !
Enfin, SSP (restauration rapide) a fait un retour très objectif sur les premières expériences de digital learning, insistant à la fois sur les difficultés rencontrées (besoin de renforcer la médiation pédagogique) et des points à capitaliser (attrait pour la nouveauté, possibilité de former des personnes qui ne pouvaient pas l’être auparavant, dynamique terrain positive, etc.).
Le nouveau tryptique de la formation en entreprise
Tirant les enseignements de ces expériences et de bon nombre d’autres que nous mettons en oeuvre ou que nous constatons chez nos clients, nous aboutissons à la conclusion que le modèle de formation en entreprise actuel s’articule autour d’un tryptique, tel que nous pouvons le schématiser ci-dessous :
Les entreprises quittent progressivement le modèle classique de formation basé sur la gestion de stages de formation. Dans cet ancien modèle, la formation est gérée comme un stock. La formation est rare (moins de 2 jours par an et par salarié à l’effectif dans les entreprises de + de 10 salariés) et est un moment fort, clairement disctinct du travail.
Le modèle actuel évolue vers une formation digitalisée, rapprochée et certifiée. La formation est pensée comme un flux permanent d’apprentissage indissociable travail (daily training). L’efficacité de ce nouveau modèle de formation repose sur la présence simultanée des trois composantes.
La création de portail de formation ne fonctionne qu’à condition de disposer d’une réelle médiation pédagogique et d’apprenants motivés. Sans ces deux conditions, seuls les apprenants ayant de grandes capacités d’apprenance (engagement, maîtrise des stratégies d’apprentissage, projet de formation clair…) sont capables de tirer le meilleur profit de ressources digitales.
Les entreprises souhaitant s’engager dans ce type de transformation sont amenées à réallouer leurs investissements. Elles réduisent les coûts externes d’animation, d’hébergement et de déplacement au bénéfice d’investissement massif dans le digital, évidemment, mais également dans la formation de leurs managers et tuteurs à l’accompagnement. Sans oublier de former chacun de leurs collaborteurs à apprendre à apprendre, qui devrait être en quelque sorte la première de toutes les formations.
Rares sont les entreprises totalement engagées dans ce nouveau modèle, mais nous constatons tous les jours qu’une fois les premières expériences digitales réalisées, elles se réinterrogent sur le rôle de l’encadrement pédagogique de terrain et sur la reconnaissance de la formation.