Avec la suppression de l’obligation fiscale, les entreprises repensent leur approche de la formation. Leur investissement en stage diminue et diminuera encore plus dans les années à venir (cf. enquête GARF). Mais cela ne signifie pas qu’elles vont réduire leur effort de formation. Loin de là ! Elles passent d’une formation rare et planifiée (le plan de formation) à un apprentissage quasi quotidien digitalisé au poste de travail (Daily learning).
Des besoins gigantesques en développement des compétences
Les entreprises ont plus que jamais conscience de l’enjeu de la formation. Et ce n’est pas la seule obligation administrative de formation tous les 6 ans qui leur a ouvert les yeux. Avec la digitalisation et la transformation de tous les métiers, les besoins en formation n’ont peut-être jamais été aussi importants qu’aujourd’hui.
Mais comment former à des métiers et compétences que l’on ne connaît pas ? Les outils GPEC d’il y a 20 ans ne peuvent plus être la solution. La GPEC à 6 mois ou un an, peut-être, mais à 2 ou 3 ans ??? Le plan de formation triennal est à ranger au musée des vieux mythes.
Un changement de paradigme s’impose
Budget en baisse, co-financements de plus en plus contraignants, les entreprises cherchent de nouvelles pistes pour faire face à l’explosion des nouveaux besoins en compétences. Et l’une des pistes les plus prometteuses semble être la formation au quotidien. Danone en a fait un concept : “One learning a day”. Saint Gobain, Air France, Orange, SFR… multiplient les initiatives dans ce domaine.
L’idée simple en apparence, casse en fait totalement les codes de la formation. Formons-nous tous les jours un petit peu et on évitera les risques d’obsolescence. Surtout, on découvrira de nouvelles façons de faire, d’appréhender son environnement, qui nous permettrons d’innover en permanence. Apprenons plus vite que nos concurrents, c’est la seule façon d’être encore dans la course demain. Le professeur Ed Hess résume cela en une formule choc : “Learn or die”. Cliquez ici pour voir la vidéo.
Dans le monde d’hier, la formation était un bien rare qu’il fallait économiser. L’enjeu majeur était d’analyser au mieux le besoin en compétence et d’y répondre le plus précisément possible. La réponse formation devait être “chirurgicale”.
Dans l’économie digitalisée, l’essentiel est de créer les conditions pour que chacun apprenne plus vite que son concurrent. La question n’est plus de savoir ce que je dois apprendre, mais comment je peux me mettre en dynamique d’apprentissage permanent. La formation ne se planifie plus, elle est intégrée à mon travail quotidien. Travailler, apprendre… apprendre, travailler, il est urgent de relier ces deux mondes. Mieux de les imbriquer totalement.
Comment passer au daily learning ?
Si le principe est simple, la mise en oeuvre du daily learning reste complexe. Au moins cinq axes sont à travailler pour réussir le passage à l’apprentissage au quotidien :
- Apprendre et partager son savoir en permanence devient une valeur essentielle de l’entreprise. Cette valeur est portée par le top management qui montre l’exemple en se formant lui-même et en diffusant ses connaissances au sein de l’entreprise (via réseau sociaux, convention…).
- Le management intermédiaire s’approprie les outils du management d’une équipe apprenante (cf. nos articles sur les 18 techniques pour apprendre au sein d’une équipe) et devient le premier responsable de formation de l’entreprise.
- Les contenus de formation sont digitalisés et diffusés à travers les différentes modalités accessibles aujourd’hui : MOOC, COOC, SPOC, réseaux sociaux, E-quiz quotidien…
- Les apprenants sont formés à apprendre et partager leurs connaissances. Les efforts réalisés sont reconnus par l’entreprise (certification, jeux primés, lien formation/mobilité…)
- Des espaces et temps collectifs d’apprentissages sont organisés au sein des équipes mais également entre les équipes (café apprenant, lunch & learn, ateliers de co-dév, revue de pairs…).