Le U, c’est un peu le totem du formateur ! Il se sent bien devant ou dans son groupe disposé en U. Il maîtrise son groupe du regard, il peut le tenir en haleine, le faire rire, comme lui en imposer. Ce U a été conquis de haute lutte face au modèle classique de la salle en rang. Mais est-il encore d’actualité à l’heure de la formation digitale et des stagiaires de la génération Y ?
Le U est le symbole d’une certaine idéologie de la formation, celle de la formation participative, mais pas forcément active. Le formateur “sachant“ est au coeur d’un groupe qui échange avec lui. Le U permet de débattre, mais tout est contrôlé par le formateur. Fortement inspiré des théories psycho-sociale de la dynamique de groupe, le U est intimement lié à l’histoire récente de la formation professionnelle, celle de l’après loi de 1971.
Les limites du U
Le U est un frein aujourd’hui à l’innovation en formation à plus d’un titre :
- Il limite le nombre de participants à 12 ou 14. Essayez de faire un U à 20 ou 24, cela nécessite une salle immense et vous éloigne considérablement de vos stagiaires. Certains aficionados du U ont tenté le “double U”, mais l’intérêt est vraiment limité.
- Il met les stagiaires en situation passive : “Ecoute et prend des notes !“ et non pas active “Produit et échange !“
- Il permet aux stagiaires de cacher leur smartphone contre la table. C’est plus dérisoire, mais avec les générations Y ce n’est pas à négliger
- Il pousse le formateur à jouer à la star. Le U le met en avant. Lui debout, eux assis, c’est le sachant qui donne son savoir aux apprenants (“ignorants“ penseront volontiers certains !). Le U pousse certains formateurs à en rajouter : longs exposés, anecdotes inutiles, débats sans grand intérêt avec le groupe…
- Etc.
Pour une autre “Training room“
La mode, dans les grandes entreprises est aux “war room“, sorte de salle particulièrement bien pensées dans son équipement pour permettre à un comité de crise de travailler à la fois dans les meilleures conditions et suffisamment longtemps pour résoudre une crise. Si nous osons une analogie, les formateurs devraient réfléchir à leur “Training room“ (c’est plus jolie et surtout moins belliqueux !)
Il ne peut pas exister de modèle parfait de training room (ne retombons pas dans le travers du U qui a imposé un modèle unique). Notre conviction est que le formateur et surtout le concepteur doit s’interroger avant chaque formation sur la meilleure organisation de la salle compte tenu du contexte (taille du groupe, type de formation, activités pédagogiques à réaliser…). Ses objectifs sont toujours les mêmes : rendre réellement acteur ses stagiaires (et non pas seulement participant) et améliorer la productivité pédagogique.
Voici toutefois quelques idées :
- Supprimer les tables lorsque l’on sait pertinemment que les participants n’auront pas à prendre de notes sur des blocs notes (ce qui est de plus en plus le cas avec les smartphones et autres tablettes)
- Utiliser des mange-debout pour l’animation des sous-groupes : les stagiaires travailleront plus vite que dans des fauteuils trop confortables
- Intégrer des tablettes dans ces mange-debout pour leur permettre de travailler connectés
- Transformer les murs de la salle en grand tableau de type veleda : cela permet aux stagiaires de produire debout en sous-groupe et d’utiliser des techniques de type visite de musée pour comparer les travaux. Cela peut également leur permettre de “tchater“ au cours de la formation avec le reste du groupe
- Intégrer un coin pause dans la salle de formation. Cela permet de supprimer cette pause qui nous prend tant de temps et casse le rythme du groupe
- Utiliser un atelier, un magasin, un lieu de travail comme salle de formation, cela rapprochera la formation du terrain et rendra plus “Live“ les simulations et exercices
- Etc.
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