Le Parc Astérix accueille plus de 2 millions de visiteurs par an à Plailly dans l’Oise. Nous interviewons aujourd’hui Yael FUENTES, Responsable formation et développement RH du Parc, qui déploie la FEST depuis 2017.
Pourquoi avez vous participé à l’expérimentation FEST proposée par l’Afdas dès 2016 ?
YAEL FUENTES : Nous avions échangé avec l’Afdas sur les obligations de formation en lien avec l’entretien professionnel et le bilan à 6 ans. Nous avons vu la FEST comme une opportunité et avons souhaité participer à l’expérimentation avec notre modèle particulier de recrutement. Nous recrutons chaque année de nombreux collaborateurs saisonniers. Nous mettions en place de nombreuses formations «au poste » mais ces formations n’étaient ni reconnues, ni libératoires. En résumé, nous voulions expérimenter la FEST avec nos contraintes spécifiques.
Que retirez-vous de cette expérimentation ?
YAEL FUENTES : La démarche proposée par l’Afdas en lien avec le cabinet C-Campus a été accueillie positivement. Elle a permis de mettre en évidence que le travail est formateur et de valoriser nos formateurs experts internes par un parcours certifiant.
Au travers de l’expérimentation, nous avons réussi à initier un premier cercle vertueux : une remise en question des managers par rapport à l’intégration et la formation de nos salariés saisonniers. Les apprenants ont été mis au cœur de la FEST. Grâce à l’expérimentation, nous avons commencé à faire évoluer nos pratiques de formation. Nos managers et formateurs acceptent plus facilement les interrogations et les « étonnements » que se posent de nouveaux arrivants au Parc et y répondent davantage.
Quels ont été les éléments déclencheurs qui ont amené le Parc ASTERIX, après cette expérimentation, à déployer la FEST « en grand » ?
YAEL FUENTES : La FEST permet d’individualiser la formation. Nous recrutons chaque année de nombreux jeunes pour qui le contrat proposé est un premier emploi. Il faut donc soigner la qualité de l’intégration et de la formation. Il nous semble également intéressant avec l’approche FEST, de les rendre davantage acteurs de leur formation, plus « curieux » et mieux à même de prendre du recul sur leur rôle et les compétences à développer.
En parallèle, nous avons souhaité professionnaliser nos formateurs occasionnels internes. C’est la raison pour laquelle nous leur avons proposé le parcours certifiant de C-Campus. Aujourd’hui, une quinzaine de référents FEST sont en cours ou en fin de parcours. Ils représentent globalement les différentes directions et services du Parc Astérix.
Pourquoi ce choix de mettre en œuvre la FEST globalement et pas progressivement ?
YAEL FUENTES : Nous avons perçu la FEST comme une belle occasion de structurer la formation interne dans tous les services, d’homogénéiser les pratiques de formation entre les services. La FEST est aussi un moyen de standardiser la qualité de la formation interne.
Les salariés du Parc Astérix ont un point commun : ils accueillent des clients ; nos visiteurs. Nous devons donc tous développer des compétences transversales communes. Les 1ers ambassadeurs du Parc sont nos salariés. Nous sommes également en réflexion sur le digital Learning, combiné avec la FEST.
Enfin, nous voulions créer et animer une communauté de formateurs internes « référents FEST» qui vont partager, développer des outils communs pour former nos collaborateurs.
Comment avez vous sélectionné ces référents FEST ainsi que vos formateurs terrain ?
YAEL FUENTES : Les référents FEST que nous avons identifiés étaient déjà en position de formateur ou d’expert dans leur domaine. Le fait d’être « moteur » est également un critère car le référent doit être capable de porter la démarche FEST et de la déployer dans son périmètre.
Les formateurs terrain ont été dans un 1er temps des personnes cooptées par les responsables hiérarchiques. Il s’agit souvent de managers de proximité. Ils mettent en œuvre la FEST à l’aide des parcours types et outils conçus par le référent et mènent la réflexivité des apprenants.
Il est également important de choisir, pour le rôle de formateurs terrain, des personnes qui ont une certaine appétence ou une motivation pour la pédagogie.
Quelles sont les grandes missions du référent FEST au Parc Astérix ?
YAEL FUENTES : D’abord, il définit et construit un plan de formation adapté aux apprenants et aux objectifs de son périmètre. Il pilote les positionnements amont et aval et la réflexivité des apprenants et il précise enfin l’ensemble des modalités pédagogiques FEST à mettre en œuvre. Il a aussi vocation à créer du lien, à animer et coordonner les formateurs terrain de son service. En cas de doutes et de questions de la part des apprenants ou des formateurs terrain, il reste le référent qui apporte ou cherche la réponse. Le référent est enfin l’ambassadeur de son entité vis à vis des autres référents.
Comment les référents ont-ils été formés et accompagnés ?
YAEL FUENTES : Nous avons choisi de former nos référents en intra-entreprise. Ce groupe était représentatif des différents services du Parc. Le but était de favoriser le partage d’expériences et de pratiquer un apprentissage collectif et collaboratif des techniques pédagogiques propres à la FEST.
Dans un 1er temps, nous avons pris rendez-vous individuellement avec chaque référent pour valider sa compréhension du rôle et son engagement.
Puis, nous avons planifié le parcours de formation certifiant des référents délivré par C-Campus.
Selon le profil du référent et son rôle en formation, il a pu, en plus des techniques propres à la FEST, renforcer ses capacités à animer en salle.
Quels sont les bénéfices de la mise en place de la FEST ? Comment imaginez-vous la suite au Parc Astérix ?
YAEL FUENTES : La mise en œuvre de la FEST nécessite un investissement temps significatif de la part des référents en amont. Cet investissement temps initial génère des bénéfices dans la qualité de la formation et a des effets positifs dans l’apprentissage de nos collaborateurs formés.
Nous avons ensuite constaté des bénéfices indirects : nos référents s’invitent mutuellement dans leurs actions de formation, partagent leurs contenus et supports. De ce fait, chacun s’inspire des pratiques des autres, ce qui contribue au décloisonnement des services. Nous avons tous le même métier : l’accueil des visiteurs, nos référentiels doivent être communs.
Pour réussir le déploiement de la FEST, nous avons nommé une coordinatrice, issue du service formation. Son rôle est de développer nos communautés de formateurs et de les animer (dynamiser, rythmer, ritualiser les rencontres) dans le but que chacun produise de manière simultanée, les parcours de formation de nos salariés.
En effet, chaque référent est d’abord un responsable qui assume une mission opérationnelle en plus de son rôle pédagogique. Il est donc important de lui créer des occasions de travailler et échanger avec ses homologues.
Comment voyez-vous l’avenir de la FEST au sein du Parc ?
YAEL FUENTES : En 2017, nous nous sommes appropriés la méthode FEST juste avant l’ouverture annuelle du Parc. La saison prochaine, nos référents seront plus à l’aise grâce au recul d’une année d’expérimentation FEST.
Nous venons de lancer un autre parcours certifiant avec un second groupe de référents internes provenant de services qui se lancent dans la FEST: des experts de l’hôtellerie ou encore de la maintenance attraction par exemple. Ces métiers rencontrent certaines tensions en matière de recrutement et comportent des spécificités techniques qui donnent encore plus de sens à la FEST : ce type de formation est très efficient dans l’opérationnalité. La mise en œuvre de la FEST permet également de fidéliser nos équipes. Les salariés formés sont sensibles à l’attention particulière de leur formateur et au développement de leur employabilité.
Nous allons poursuivre l’animation de la communauté des référents, la faire grandir et faire perdurer l’action des référents pionniers de la FEST.
En conclusion quels conseils donneriez-vous aux entreprises qui souhaitent se lancer dans la FEST ?
YAEL FUENTES : je donnerais quatre conseils aux entreprises qui souhaitent se lancer dans la FEST :
- La mise en place de la FEST doit être réalisée en amont de l’arrivée de collaborateurs ou d’un projet de formation en général, de manière à ce que chaque référent ait le temps de s’approprier la FEST et ses méthodes.
- Lancer une FEST collective en intra-entreprise si la taille de l’entreprise le permet : l’effet de groupe crée de la stimulation, de l’émulation entre référents, de la cohésion, un décloisonnement. La FEST s’adapte à tous types d’emplois comme l’a montré l’expérimentation nationale.
- Veiller à coordonner et créer un cadre pour la mise en place de la FEST : identifier une personne en capacité de coordonner et d’animer la communauté des référents et formateurs terrain, de recentrer, timer, et gérer la traçabilité et le formalisme de la FEST (action de formation désormais reconnue et libératoire qui fera l’objet de contrôle).
- Se faire accompagner par un spécialiste comme C-Campus pour en tirer rapidement un bénéfice en se structurant et en mettant plus rapidement en œuvre les méthodes pédagogiques et les outils de la FEST.