Le blog de C-Campus

Pour ou contre la “formation masquée” ?

Avec les nouvelles directives gouvernementales, le masque devient obligatoire dans les ERP clos. Conséquence, les organismes de formation vont devoir exiger le port du masque pour les formateurs et les apprenants en formation présentielle.

Le jeu en vaut-il encore la chandelle ! Le “présentiel masqué” a-t-il encore un intérêt face à la formation distancielle bien conçue et animée ? Nous avons eu la chance chez C-Campus de tester les deux. Voici quelques pistes de réflexion…

Animer avec des masques : pas si simple d’un point de vue pédagogique

Ce que l’on reproche, à juste titre, à la formation distancielle et plus précisément devrions nous dire à la formation en classe virtuelle, c’est avant tout la perte de feedback.

La pédagogie, c’est la capacité du formateur ou de la formatrice à pouvoir s’adapter en permanence à la progression de ses apprenants. Or en présentiel normal, sans les masques, nous avons une multitude de retours des participants : expressions du visage, du corps, échanges avec son voisin d’à côté, etc. Ces signaux faibles que nous détectons en permanence nous permettent de réguler nos pratiques d’animation : accélération ou au contraire ralentissement dans le déroulé de son exposé, passage à une technique pédagogique active ou co-active pour relancer une dynamique de groupe en danger si besoin…

Le problème de la “formation masquée” n’est pas tant une question de diction ou de gêne pour le formateur qu’un manque de ces feedback et par conséquent de capacité à s’auto réguler. Pour être honnête, il y en a moins dans une formation respectant les règles de prévention sanitaire que dans une classe virtuelle bien organisée avec chaque participant pouvant se vidéoscoper et consulter une mire à 9 écrans (une par participant et la 9ème pour le formateur comme cela est le cas aujourd’hui avec Zoom notamment).

Autre inconvénient des nouvelles règles sanitaires, c’est la distanciation physique. Faire des travaux de sous-groupes, des jeux de rôles, des exercices de créativité en commun devient une véritable gageure. Le masque et la peur de la contamination remettent en cause toutes nos règles tacites de proxémie découvertes par T.Hall. Nous ne savons pas (encore) communiquer à plus d’un mètre masqué. La convivialité s’en ressent. Or, excusez-moi l’expression, mais en formation on a besoin de se marrer ! On a besoin de prendre du plaisir à échanger, à aller à la rencontre des autres. C’est tout l’avantage du présentiel qui est perdu avec les masques et le “mètre-étalon”. Et la distanciation physique, se transforme vite quoi qu’on en dise, en distanciation sociale.

Cette convivialité, paradoxalement, nous la retrouvons en formation à distance. Nous avons été agréablement surpris par les évaluations de fin de formation de nos formations à distance. Nous avons retrouvé des expressions qui concluaient auparavant nos formations présentielles : “Convivialité”, “échanges avec les participants”, “découvertes de nouvelles personnes venant d’autres entités”, “participation et interactivité”, etc. Bien sûr, on n’a plus les pauses et les moments festifs du déjeuner (mais on n’a plus non plus les déplacements et les hébergements loin de chez soi !), mais on se forme à visage découvert et les relations ne changent pas fondamentales à condition, encore une fois, d’une bonne installation et d’un bon réseau.

Former à distance : pas que des inconvénients

Si la formation en classe virtuelle paraît au moins aussi efficace que la “formation présentielle masquée*”, on peut même dire que la formation à distance dans son ensemble lui est supérieure. Comme nous l’avons vu dans des articles précédents, former à distance, c’est combiner à la fois des séquences de classes virtuelles et des travaux d’intersessions qui peuvent prendre la forme d’auto ou solo formation, de co-formation et/ou de formation terrain (en AFEST par exemple).

On peut alors distribuer davantage les temps de formation qu’en présentiel. Une formation de deux jours, peut être transformée en 4 séquences d’une demie journée à raison d’une part semaine.  Cela permet d’ancrer les apprentissages, de faire les liens entre théorie et pratique. On évite également la surcharge cognitive d’une journée complète ou de deux jours de formation. Bref, on retrouve tous les avantages d’une formation alternée.

Chez C-Campus, nous allons jusqu’au bout de cette logique en élargissant, pour nos formations courtes, le rôle du formateur-animateur des séquences de classes virtuelles au rôle de tuteur ou mentor pour accompagner les travaux d’intersession qui deviennent le temps fort des formations 100% à distance.

Voir nos offres inter 100% à distance et notre calendrier de rentrée.

“La messe est dite, on ne reviendra plus au présentiel !”

Non, cette affirmation que l’on entend souvent de la bouche des décideurs de la formation, nous ne la partageons pas totalement. Certes, la période qui va s’écouler d’aujourd’hui jusqu’à la découverte du vaccin risque d’apporter de l’eau au moulin de ceux qui souhaitent supprimer, pour des raisons plus souvent marketing que pédagogiques, le présentiel. mais la formation présentielle, y compris masquée, garde encore des avantages.

Par exemple, pour toutes les formations sur plateaux techniques, elles restent quasi incontournables. On peut trouver des astuces pédagogiques comme la simulation à distance, l’instruction au sosie ou l’AFEST combinant des séquences en situation de travail et des séquences d’analyse réflexive à distance, mais cela ne peut pas couvrir tous les besoins pédagogiques inhérents à l’apprentissage d’un geste professionnelle.

La formation masquée, par ailleurs, nous l’espérons vivement, n’est probablement qu’une parenthèse. On viendra bien à bout de ce fichu virus et formateurs et apprenants retourneront avec plaisir dans des salles de formation, comme ils retourneront au théâtre, au concert ou au cinéma.

Reste que la crise sanitaire et ses contraintes en matière de prévention des risques, nous auront conduit à ré-interroger nos pratiques pédagogiques. On ne fera plus du présentiel, parce que c’est la seule modalité pédagogique que l’on connaît et que l’on maîtrise, mais on en fera parce que c’est une modalité qui permet, sans nul autre pareil, la convivialité, l’échange, le partage, les rencontres… Et qu’on a besoin de cela pour créer une dynamique collective d’apprentissage favorisant les “chocs pédagogiques” ou, si l’on préfère, les “moments Euréka”. Mais pour cela, il sera nécessaire de ré-inventer non seulement notre pédagogie du présentiel mais également les espaces pédagogiques prévus à cet effet. Comme celui que nous avions ouvert en début d’année et qui  malheureusement reste fermé depuis le 11 mars dernier.

My learning Home : le nouvel espace pédagogique de C-Campus – cliquez ci-dessous pour le découvrir :

 

(*) Avec le déconfinement, on a été amené à former avec binômes d’apprenants étant dans le même bureau à distance et par conséquent devant porter le masque. C’est une formation à distance masquée dans ce cas. Là, cela devient vraiment très délicat d’un point de vue pédagogique !!!
Marc Dennery

Marc Dennery

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