Dans le cadre de l’expérimentation menée par l’ANACT et la DGEFP, une partie des OPCA et certaines entreprises « pionnières » se sont lancés dans des expériences FEST. De cette expérimentation devraient normalement ressortir les conditions de formalisation, de reconnaissance et de co-financement des formations en situation de travail.
Les entreprises pourraient y gagner une plus grande «liberté pédagogique » et conséquemment pouvoir ainsi répondre à leur obligation de former tous leurs salariés. (à prouver lors de l’entretien professionnel des 6 ans, soit d’ici mars 2020).
Au delà de cette expérimentation, qu’est ce qui différencie la FEST des autres modalités de formation (présentiel, digital learning etc.) ? Quelles sont les parties prenantes dans un projet FEST ? Quelles sont les approches possibles de mises en oeuvre de la FEST ? Dans ce post, nous répondrons à la première question, les deux autres seront traités dans les prochaines semaines.
La FEST : une approche sensiblement différente des autres modalités de formation
L’approche globale et pédagogique adaptée à la formation en situation de travail diffère sensiblement de celle qu’on utilise pour la conception de formations en salle (stages) ou en digital learning.
L’apprenant est en effet co-acteur et co-auteur de son parcours et co-producteur de ses propres savoirs expérientiels : il apprend essentiellement en travaillant même s’il bénéficie d’un appui (tutorat, experts internes, managers) et de moyens pédagogiques dédiés (supports d’auto formation par exemple)
En conséquence, on est bien loin de l’approche académique, descendante, formelle du paradigme de la formation professionnelle née des années 1970. La FEST pourrait représenter une formidable opportunité pour rénover notre modèle de formation, notamment dans les TPE et PME où les savoirs sont très spécifiques et difficilement disponibles « sur étagère ».
Les 6 postulats de la FEST
La mise en oeuvre de la formation en situation de travail repose sur 6 postulats :
1. Le travail peut être « formateur » en soi à condition que l’apprenant dispose de plusieurs « droits » : droit à l’essai, à l’erreur, à l’expérimentation, ainsi que du temps alloué à « se former en travaillant » (ou travailler en se formant…)
2. L’apprenant a aussi des « devoirs » : pro activité dans son apprentissage en situation, prise de recul sur ses pratiques et moments réguliers de réflexivité (formalisé par exemple par le renseignement d’un carnet de suivi), participation à des épreuves de validation de ses acquis en situation etc.
3. L’organisation doit être facilitante pour l’apprentissage en situation de travail : pas de pression sur la « production », aménagement des « cadences », bienveillance de la hiérarchie, encouragements à apprendre, solidarité entre collègues etc.
4. Des ressources internes sont mobilisées. Le recours à la formation externe s’envisage uniquement de manière complémentaire à la FEST car par définition, l’essentiel des savoirs expérientiels sont détenus par les équipes en interne (praticiens du métier et experts) : l’enjeu est de les repérer et de les formaliser.
5. Le parcours FEST est traçable et s’inscrit dans le formalisme du code du travail (définition de l’action de formation) mais avec des outils spécifique à la FEST, encore en devenir du point de vue juridique : Protocole Individuel de Formation, Positionnement amont et aval, etc.
6. Enfin, tout parcours FEST fait l’objet d’une contractualisation (objectifs pédagogiques, moyens, etc.) entre l’apprenant et l’entreprise au démarrage ainsi qu’au terme du parcours (validation/ reconnaissance des acquis)
6 questions à se poser avant de se lancer (1)
Avant de se lancer dans une démarche FEST, 6 questions essentielles sont à se poser :
1. Comment concevoir un parcours réellement « FEST » ?
2. Quelles sont les différentes approches possibles en FEST ?
3. Quelles sont parmi les 3 stratégies pédagogiques adaptées à la FEST celle(s) à privilégier ?
4. Comment tirer le meilleur bénéfice du tutorat dans un parcours FEST ?
5. Qu’est ce qui caractérise une situation de travail comme « apprenante » ?
6. Comment exploiter pédagogiquement des apprentissages fortuits ?