Le blog de C-Campus

Formation individualisée : et si c’était la solution d’avenir ?

Tous les domaines y passent. La presse et les médias, la télévision, le cinéma ou encore la musique voient leurs usages et pratiques “s’individualiser”, chaque jour davantage. On ne lit plus le journal de la première à la dernière page, mais on reçoit son fil d’info personnalisé. On n’achète plus de disque, mais on fait chacun ses playlists. On se déplace de moins en moins au cinéma (ou on n’attend plus le dimanche soir 20h30) pour regarder un film. On choisit ses séries « on demand ».Pendant ce temps, on continue à organiser des “stages de formation” et des promotions d’alternants où tous les participants suivent le même parcours (en “regroupement”), cherchent à atteindre les mêmes objectifs pédagogiques, quand bien même leurs profils, leurs attentes, leurs intérêts sont différents, voire diamétralement opposés.

Pourquoi un tel décalage du monde de la formation avec les évolutions sociétales en cours ? Une note d’étude récente de France Compétences vient d’en faire la synthèse – cliquez ici. Elle met en évidence, à juste titre, « une “capacité à faire” limitée des organismes de formation ». Et la solution, selon nous, n’est pas tant technique que culturelle. Nous le constatons tous les jours dans nos missions de conseil et de formation auprès des organismes de formation, les dirigeants d’organismes de formation ont du mal avec ce concept “d’individualisation”. Nous aimerions dans cet article les convaincre que l’individualisation devient une évidence pour la formation et que les objections classiques ne tiennent plus. En clair, il n’y a plus qu’à ! Et pour le démontrer le plus simplement possible, nous nous le sommes appliqués à notre propre offre de formation C-Campus, il y a déjà quelques années (cf. notre présentation en fin d’article ou cliquez ici pour la découvrir immédiatement).

3 raisons de l’évidence de l’individualisation en formation

Si vous pensez encore que la seule façon d’organiser une formation, reste le groupe de 10/12 personnes en présentiel “en U” ou à distance à l’aide de Teams, en utilisant tous types de solution de participation interactive de type Klaxoon/Wooclap, prenez quelques dizaines de secondes pour lire ce qui suit !

L’évidence pédagogique

Les études scientifiques, que ce soit en psychopédagogie ou en sciences cognitives, sont de plus en plus nombreuses à le démontrer (cf. ci-dessous). Chaque apprenant est différent, chacun apprend à son rythme. Chacun a ses propres motivations, or ce sont-elles qui surdéterminent en grande partie, la réussite de tout apprentissage. Nier ces résultats de la recherche, c’est nier l’évidence pédagogique. L’apprenant lambda n’existe pas. Et toute formation aux objectifs pédagogiques communs à tout un groupe est une hérésie pédagogique. La seule façon de s’en sortir est de personnaliser les parcours en amont et en aval des temps synchrones de formation, c’est-à-dire d’individualiser une partie du temps de formation.

Philippe Carré, professeur émérite à l’Université Paris-Nanterre, vient de réaliser une étude qui “fera date” dans le domaine de la pédagogie pour adultes, pour le compte de la fédération des acteurs de la compétence. Sa synthèse réalisée à base d’interviews de chercheurs et d’analyse d’études scientifiques récentes l’amène à proposer un modèle de” l’efficacité pédagogique plurielle”. Et par conséquent une nouvelle économie pédagogique valorisant l’amont et l’aval du processus d’apprentissage (c’est-à-dire pour une bonne part, des temps de personnalisation). Ce rapport sera publié sous forme d’un livre à l’été 2025. Nous y reviendrons évidemment dans ce blog. En attendant, si vous souhaitez en savoir plus sur la génèse de ce rapport, consultez le site de la fédération des acteurs de la compétence.

L’évidence socio-organisationnelle

La crise sanitaire est maintenant derrière nous. Mais ses effets sont encore bien présents dans le monde du travail en général et celui de la formation en particulier. Se déplacer, voire même se faire imposer un créneau de formation à distance dans son agenda, devient de plus en plus “dérangeant”. Les directions L&D voient leur taux d’absentéisme en formation « No show » exploser. Conjointement, et sans se concerter, les Directions Financières d’un côté et les Directions RSE de l’autre, les invitent à limiter les déplacements des stagiaires. Les managers, quant à eux, ont de plus en plus de difficultés à comprendre que leurs collaborateurs doivent s’absenter, pour suivre une formation qui ne répond toujours qu’en partie à leurs besoins ! Alors qu’ils s’entendent dire que l’IA pourrait leur permettre de trouver la solution aux problèmes qu’ils rencontrent dans leur quotidien.

Bref, budgéter, planifier administrer, contrôler la formation n’est plus une sinécure. Et tout semble se liguer contre les directions L&D pour leur imposer la fin de la formation en groupe, stagifiée et bien séparée du travail.

L’évidence réglementaire et commerciale

Pour les organismes qui exercent sur le “marché de la conformité”, celui des fonds publics, à ces deux évidences pédagogiques et socio-organisationnelle, s’ajoute une troisième. Celle des exigences des pouvoirs publics. Que l’on cherche à obtenir Qualiopi ou à remporter des appels d’offres publics ou parapublics, on sera contraint de satisfaire à des critères d’individualisation des parcours.

Qualiopi est à ce titre révélateur. Lorsque le RNQ traite de pédagogie, il fait référence à l’apprenant, personne unique. Cela donne des formules assez amusantes comme l’indicateur 4 « Le prestataire analyse le besoin du bénéficiaire en lien avec l’entreprise et/ou le financeur concerné(s) ». Ce qui reviendrait, si on allait au bout du raisonnement, pour chaque apprenant à appeler le conseiller OPCO, France Travail ou le Responsable de formation, pour valider l’analyse du besoin ! Heureusement, les auditeurs qualité ne l’exigent pas. Mais ce qui est en filigrane dans cet indicateur 4, comme d’ailleurs dans les 5, 6, 10, 11, 12, 13, 19, c’est le focus porté sur l’apprenant et non pas le groupe en formation.

Les appels d’offre des financeurs publics vont aussi dans ce sens. Mais ils manient volontiers l’injonction paradoxale. L’organisme de formation doit individualiser et en même temps respecter ses engagements. Mais comment peut-on individualiser, si tout est figé au moment de l’inscription. Ce paradoxe a été bien mis en évidence dans l’étude de France Compétence citée plus haut.

3 objections qui ne tiennent plus

L’individualisation, ça coûte trop cher !

Quand le digital learning n’était qu’une pratique de geeks initiés et que planifier un Teams n’était pas un réflexe, l’individualisation de la formation coûtait cher. Aujourd’hui, le distanciel et la formation asynchrone ont réduit considérablement la note. Une formation 100% individualisée ne coûte pas plus chère qu’un stage inter-entreprises de qualité. Les temps de formation sont plus courts, il y a moins de frais de “temps perdu”, de frais de déplacement, d’hôtel, de restauration, etc.

L’individualisation, c’est nier le pouvoir du conflit socio-cognitif

La force du groupe en formation, c’est de permettre le travail… en sous-groupes ! Et par conséquent, de favoriser ce que l’on appelle en pédagogie le conflit socio-cognitif. Or en formation individualisée, la personne est souvent seule et ne peut pas échanger avec ses pairs. C’est vrai ! Mais il y a deux contre-arguments à cette objection :

  • Toute formation individualisée n’est pas forcément une formation où l’apprenant est toujours seul. Il est tout à fait possible de combiner des temps collectifs et des temps individuels. C’est ce que nous faisons, par exemple, dans notre propre parcours de Référent AFEST où une part de l’apprentissage se fait “chacun à son rythme et sur son projet” et une autre part est réalisée en collectif, via du travail co-réflexif en sous-groupes, permettant d’échanger sur sa compréhension de l’AFEST et ses leviers et aussi contraintes de mise en œuvre.
  • La formation individualisée favorise des feed-back de la part du formateur-facilitateur bien plus nombreux qu’en formation de groupe. Car, le formateur devient un accompagnateur ou un coach. Ce que l’on perd en efficacité pédagogique à cause du manque de conflit socio-cognitif, on peut donc ainsi le regagner via davantage de feed-back. Comme l’explique Philippe Carré dans son rapport cité plus haut, les deux ne sont pas équivalents, mais les deux sont, chacun dans leur spécificité, une condition de “l’efficacité pédagogique”.

L’individualisation, c’est la fin des effets culturels de la formation

Comme nous l’avons expliqué dans deux articles précédents – cliquez ici et , les “effets secondaires positifs” de la formation sont nombreux et l’un des effets les plus positifs est l’effet “culturel” de la formation. Quand les formations étaient longues et en 100% présentiel, et encore mieux en résidentiel, ces effets étaient déterminants (voir par exemple comment les Compagnons du Devoir et du Tour de France perpétuent la tradition avec leurs maisons de compagnons). Aujourd’hui, ces effets culturels semblent parfois moins attendus par les entreprises (notamment car on n’est plus “salarié à vie” de la même organisation). Et surtout d’autres moyens sont possibles grâce notamment au digital. Réseaux sociaux internes, animation de communautés peuvent compenser, de façon bien moins onéreuse, ce manque de pratique de collectif en présentiel ou résidentiel.

4 conditions pour produire une offre de formation individualisée

Cela fait plusieurs années que nous proposons chez C-Campus notre propre “offre de formation individualisée” des acteurs de la formation. Nous venons en fin d’année dernière de la retravailler pour l’améliorer encore. Cela nous a permis d’en faire un retour d’expérience. Et nous avons pu en tirer 4 enseignements concernant le passage à la formation individualisée.

Digitaliser et outiller

Sans cours digitaux et sans outils pédagogiques faciles d’accès, il est difficile pour un apprenant d’apprendre de façon autonome. C’est pourquoi, nous avons complété au fil du temps nos cours digitaux par une collection de jeux de cartes, plus « guidants ».

Centrer la formation sur le travail

Encore plus qu’en formation de groupe, les apprenants viennent chercher des solutions à leurs problèmes. Apprendre n’est souvent que “secondaire”, si on peut s’exprimer ainsi. Pour chacune de nos formations individualisées, nous avons utilisé la pédagogie du projet fil rouge. Pour le pilotage de formation, c’est produire son cahier des charges, pour la conception de formation, c’est réaliser le scénario pédagogique détaillé de sa formation, etc.

Accompagner en fonction des besoins

Tous les apprenants n’ont pas besoin d’être accompagnés. Certains sont très autonomes, ou ont des collègues pour les accompagner, d’autres ont vraiment un besoin de compléments de connaissances personnalisés et de réassurance. C’est pourquoi, un organisme de formation ne peut qu’offrir un “accompagnement à la carte”. En tous les cas, c’est ainsi que nous l’avons pensé chez C-Campus.

Reconnaître

Reconnaître les efforts et les acquis d’une formation devrait être systématique. Dans une logique de formation de groupe où les personnes ne sont pas toujours très volontaires ou n’ont pas “contractualisé” leurs objectifs d’apprentissage avant de venir, ce principe est souvent oublié. Et cela se comprend. A l’inverse, dans une formation individualisée, la reconnaissance est une attente forte des apprenants. Et pour cela, les Open Badge sont un moyen de validation et de reconnaissance, à la fois souple et pertinent – cf. notre offre d’Open Badge.

Découvrez notre offre de formation individualisée dédiée aux formateurs et formatrices. Elles permet à chacun, chacune, de se bâtir un parcours à la carte, permettant de développer les 4 compétences clés actuelles du formateur : piloter un projet de formation multimodale, concevoir une formation, animer une formation et intégrer l’IA dans ses formations – cliquez ici.

Marc Dennery

Marc Dennery

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