Macron Président, on se prépare à une nouvelle réforme et, comme à l’habitude, nous allons avoir droit aux pessimistes de tous bords qui vont pondre rapports et études pour justifier la prochaine (“énième” devrions-nous dire) loi sur la formation professionnelle.
Prenant le contre-pied de ces rapports nous avons choisi dans cet article de prendre un parti résolument optimiste et de vous dire tout ce qui ne va pas si mal dans notre système de formation en entreprise. Soyons clair ! Nous parlons bien de formation en entreprise. Pas de la formation des demandeurs d’emploi ou des travailleurs non salariés. Ces publics ont leur propre système de financement qu’il faut, à n’en pas douter, encore améliorer. Mais la formation en entreprise ne doit pas être amalgamée comme la doxa politico-mediatique voudrait le laisser croire. A fusionner des dispositifs et fonds qui fonctionnent plutôt bien avec des dispositifs et fonds abandonnés depuis des années par l’Etat et le Législateur, on ne fera que mettre en difficulté les premiers sans pour autant sauver les seconds.
Un système de formation orienté vers les TPE-PME et la formation certifiante
On l’entend à longueur d’antenne, on la lit à longueur de pages web, la rengaine d’un système inégalitaire où les moins qualifiés seraient les moins biens formés. Certes, tout n’est pas parfait ! Mais reconnaissons que les chiffres sur lesquels s’appuient les critiques professionnels du système de formation ne sont pas exempts de biais méthodologiques. Ne sont pris en compte que les bilans pédagogiques et déclarations des entreprises. Ce qui représente la partie émergée de l’iceberg FPC. C’est-à-dire la formation stagifiée. Ne sont jamais pris en compte les formations en situation de travail (majoritaires pour les premiers niveaux de qualification), ni les formations digitales. Et arrêtons de dire que tout cela n’est pas de la “vrai formation”. Car la formation en situation de travail permet d’apprendre le plus souvent un “vrai métier”. Elle est généralement bien plus efficace que bon nombre de formations classiques aux programmes déconnectés des réalités.
Alors oui, beaucoup de choses restent à faire, mais beaucoup de choses aussi viennent d’être faites. La fin du 0,9% et la création du nouveau 1% a réorienté l’effort de formation vers les TPE-PME tout en simplifiant la gestion des grandes entreprises.
L’exigence de formations certifiantes pour le CPF comme la période de professionnalisation est en train de réorienter fortement le marché de la formation vers ses vrais enjeux. Laissons le temps faire. Et les principes se déployer progressivement. “Tout est semé”, pourrions-nous dire. Le décret du 22 mars 2017 permettra à terme de repenser l’action de formation. Les listes CPF vont très probablement disparaître, en tous les cas, c’est une promesse du nouveau Président Macron. Les expérimentations FEST se terminent et avec elles une définition de l’action de formation élargie verra probablement le jour. Du côté des certifications, la CNCP a fait, avec les moyens qu’elle avait, un boulot important. Il reste probablement à l’amplifier pour simplifier l’accès au répertoire et à l’inventaire. Mais dans ce domaine, comme dans tous les autres, privilégions , la méthode japonaise des petits pas à l’approche française du Grand Soir.
Pour aller plus loin… le dernier rapport sur les certifications – cliquez ici.
Un marché de la formation dynamique, flexible et particulièrement régulé
Là aussi, les critiques sont nombreuses sur le marché et opérateurs de formation. Ils sont accusés de tous les maux ou presque. Les journalistes font des émissions à sensation (voir l’émission Cash Investigation) ou des marronniers sur l’inefficacité des organismes de formation (voir l’article du Point en début de campagne électorale).
Mais avec 62500 organismes de formation, c’est un marché très concurrentiel. L’offre est foisonnante et se renouvelle en permanence. Le fait qu’il n’y ait pas de barrières à l’entrée peut être perçu comme négatif, mais cela facilite aussi l’arrivée de nouveaux entrants, stimulants les organismes les plus établis.
Les entreprises ont pris l’habitude de travailler ces dernières années avec ce marché vivant et flexible. Elles ne s’en plaignent pas, bien au contraire. Elles bénéficient de réponses sur-mesure, très réactives, sans contraintes d’annulation tardives, grâce à une concurrence sans pareil.
Ce marché manque probablement de repères pour les salariés. Mais pour les grandes entreprises leurs responsables de formation sont là. Et pour les TPE-PME, les OPCA et les OPACIF les aident à faire le tri. Et les aideront encore mieux dans les années à venir quand ils auront mis en place les démarches qualité lancées à la suite du datadock.
Que serait un marché de la formation où il ne resterait plus que la Cegos, Demos, l’Afpa, le Cesi et quelques autres. Serait-il plus efficace ? Proposerait-il une offre plus innovante et mieux adaptée aux salariés ?
Laissons les OPCA mettre en œuvre le décret Qualité et faisons un bilan réel et sérieux. Ce qui signifie a minima prendre le temps du retour d’expérience. Cela nécessitera au minimum 5 ans, comme toute mesure d’effet de politiques publiques. Il faut le temps que les opérateurs s’adaptent.
Des appareils de formation de branche de mieux en mieux structurés
Grâce à la loi de 1971, les branches professionnelles ont pu financer leur appareil de formation. C’est ainsi que dans le sillage de la métallurgie et de la banque, la plupart des branches ont pu se doter d’outils particulièrement performants. De véritables systèmes de formation de branche ont été bâtis au fil des décennies autour de 4 pôles :
- Un OPCA pour le financement,
- Un observatoire des métiers et qualification et une CPNE pour évaluer les besoins de formation et définir les priorités en lien avec les évolutions de l’emploi,
- Un ou plusieurs opérateurs de formation pour délivrer les services pédagogiques en lien avec ces priorités,
- Et plus récemment un organisme certificateur pour définir et mettre en œuvre les référentiels de certification.
Ces appareils de formation sont peu connus des milieux politiques, et encore moins du grand public, mais ils sont le fruit du paritarisme. Comme tout, ils restent perfectibles, mais reconnaissons qu’ils peuvent être portés à l’actif des partenaires sociaux. Car, c’est eux qui ont permis ces dernières années à l’industrie d’éviter une casse sociale. C’est eux aussi qui ont accompagné pendant des années le développement de l’emploi dans le secteur bancaire ou le transport routier etI plus récemment dans la propreté et l’hôtellerie-restauration.
Ce n’est pas très spectaculaire, mais c’est une réalité. Essayons de couper les financements et on en verra à coup sûr à moyen / long terme les conséquences. Il n’est qu’à voir ce qui se passe actuellement avec les nouveaux métiers du numérique, secteur sans réelle branche structurée. L’Ecole 42 a beau faire sa pub, ce n’est pas elle qui va régler tous les problèmes. La nébuleuse de la grande école du numérique non plus. C’est au niveau des branches que la réponse la plus efficace pourra voir le jour, car chaque métier est impacté et chacun doit bâtir sa réponse.