Henri OccreLes entreprises s’apprêtent à accueillir 1 million d’apprentis en moyenne chaque année ! Ce qui représente 1 milliard d’heures estimées de formation “terrain” pour les alternants ! Il est donc plus que temps d’investir dans la qualité du tutorat et donc dans la formation à la pédagogie, des tuteurs et tutrices ! C’est essentiel à la fois pour assurer la qualité de la transmission, quand ce n’est pas celle du on boarding ! Compte tenu des enjeux de recrutement et d’intégration, comme nous le répétons souvent : le tutorat ne peut plus être le “parent pauvre” de la formation en entreprise !
Des formations au tutorat souvent peu utiles car ennuyeuses…
Parmi les formations financées, voire “réglementées”, celles dédiées au tutorat, ont longtemps été jugées “ennuyeuses” par les participants… En revenant de formation, les tuteurs et maîtres d’apprentissages manifestaient du désappointement. Pensant bénéficier de tips et de conseils pour jouer leur rôle ou encore travailler sur leurs cas concrets de tutorat d’alternants, on leur parlait uniquement de réglementations, de contraintes à respecter, de formalités et autres procédures… Il est important d’aborder ces points mais pas seulement ceux là, sinon : bonjour le buzz négatif après les formations !
Chez C-Campus, depuis la récente montée en puissance de l’apprentissage, nous constatons fort heureusement un regain d’intérêts des entreprises et des tuteurs-tutrices eux-mêmes. Les directions L&D mais aussi opérationnelles comprennent bien que des tuteurs et tutrices “à l’aise dans leurs baskets”, autrement dit reconnus, formés, outillés, etc., c’est quand même indispensable pour intégrer ses alternants et autres stagiaires longue durée. Surtout si on espère les embaucher à la fin de l’alternance, en particulier dans les secteurs en tension !
Les formations au tutorat ont récemment évolué… mais pas assez !
Comme sur d’autres thématiques, l’offre de formation au tutorat a récemment évolué dans ses modalités de diffusion, grâce (ou à cause) à l’effet accélérateur des mesures de gestion du Covid. Nous sortons enfin des formations tutorales longues et en “tout présentiel-tout descendant” (avec des stages qui duraient jusqu’à 3 jours, sic !) pour aller vers des formules multimodales. La multi-modalité amène davantage de souplesse dans l’organisation et le déploiement des formations au tutorat. Nous ne dirons pas le contraire, car nous en étions déjà convaincu dans la décennie 2010 lors de l’apparition de nos premiers rapid-learning pour les tuteurs !
Mais la multi-modalité ne répond pas forcément en soi, à deux attentes fondamentales, que la plupart de nos interlocuteurs L&D en entreprises, et nous-même, entendons souvent chez les tuteurs et tutrices :
- Un grand besoin de trouver du “sens” dans le rôle qu’on leur demande de tenir (au delà de “l’obligation” pour l’employeur de désigner un tuteur ou maître d’apprentissage à l’alternant). Ni formateurs, ni managers (pour la plupart), les tuteurs doivent situer leur place dans l’alternance. La formation au tutorat doit notamment apporter ce sens !
- Tuteurs et tutrices souhaitent aussi résoudre des cas et problématiques possibles dans l’exercice du tutorat. La formation au tutorat doit leur amener des outils pédagogiques, des solutions concrètes et pratiques, en plus de la connaissance du cadre particulier de l’alternance…
Dans cet article nous allons ainsi donner 4 exemples de clients illustrant comment on peut développer l’engagement des tuteurs et tutrices, grâce à une formation adaptée, tout en collant mieux à leurs attentes et contextes…
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Exemple n°1 : Former au tutorat avec des pédagogies constructives et interactives
Cette grande entreprise du loisir nous a contacté il y a quelques années après avoir constaté des appréciations négatives récurrentes sur ses formations de tuteurs et maîtres d’apprentissage. En creusant ce constat (interviews et focus groupes avec des tuteurs et maîtres d’apprentissage) nous nous sommes rendus à l’évidence avec notre client : les apprenants, très pragmatiques, ne souhaitaient pas apprendre la “théorie” du tutorat, ils voulaient en fait :
- Se mettre au clair sur le sens du tutorat, le rôle et la bonne posture de tuteur-tutrice,
- Cerner ce qu’ils pouvaient faire et ne pas faire en tutorat,
- Partager des expériences réelles d’accompagnement d’alternants avec d’autres tuteurs-tutrices,
- Savoir comment s’appuyer sur des collègues pour constituer une équipe tutorale autour du jeune
- Maîtriser des outils pédagogiques simples, pour former et tutorer leurs apprentis sur le terrain (du CAP au Bac +2, majoritairement, donc plutôt moins “matures” que des étudiants plus âgés en Licence et Master…)
Pour répondre à cette attente, nous avons préparé un scénario et des méthodes d’animation en sous-groupes, construits autour de notre jeu de 32 cartes “Formateur Terrain” (32 cartes soit autant d’astuces et de trucs pédagogiques utiles en tutorat). Les méthodes d’animation de la formation au tutorat étaient (par exemple) les suivantes :
- “Visite de musée” : chaque sous-groupe en formation analyse une carte du jeu portant sur la posture pédagogique en tutorat, la synthétise sous forme d’une “tableau”. Ensuite, comme des visiteurs dans un musée, les différents sous-groupes passant de “tableau” en “tableau”, sont invités à les commenter, etc. De cette animation ressortent beaucoup de bonnes idées communes et de clarifications.
- Exercice d’application : toujours avec le support de différentes cartes du jeu, les sous-groupes travaillent sur des cas concrets ou problématiques de tutorat.
- Simulation de jeux de rôles : à l’aide des cartes correspondantes, les participants préparent et simulent une des techniques pédagogiques “terrain” à utiliser avec un(e) apprenti(e).
On peut animer ainsi, avec un haut taux de satisfaction, toute une journée en utilisant des méthodes interactives et constructives, telles que celles évoquées précédemment. Alors certes, les participants n’auront pas une connaissance encyclopédique des finesses juridico-réglementaires de l’alternance à la française mais ils posséderont l’essentiel sur le tutorat et sauront questionner leurs correspondants RH ou leur responsable alternance, en cas de besoin !
Exemple n° 2 : Des “super tuteurs” pour épauler leurs collègues sur le terrain
Ce client du secteur du retail a décidé de créer au sein de ses magasins un rôle de “super tuteur”. Ces personnes, réparties sur le territoire, auront pour mission d’accompagner des collègues tuteurs- tutrices dans l’exercice de leur rôle pédagogique auprès de leurs apprenti(e)s.
Les “super tuteurs” bénéficient d’une formation spécifique avant d’accompagner sur le terrain leurs collègues tuteurs et tutrices. Ils interviennent après la formation au tutorat délivrée par C-Campus dont bénéficient les nouveaux tuteurs. En effet, le client comme nous-même, considérons que le développement de la communauté tutorale ne s’arrête pas à la journée animée par C-Campus. La finalité de cet accompagnement complémentaire par les “super tuteurs” est de garantir la qualité du tutorat dans la durée. Les super tuteurs pourront accompagner des collègues soit en one to one, soit en one to few (animation de petits groupes de tuteurs), en face à face, comme à distance !
Dans la pratique, les “super tuteurs” intervenant auprès de leurs collègues tuteurs et tutrices en points de vente peuvent, par exemple :
- Animer des retours d’expériences sur les bonnes pratiques tutorales,
- Proposer aux tuteurs-tutrices une “réflexivité” sur leur posture pédagogique vis à vis des apprentis,
- Les préparer à éviter des pièges pouvant nuire au développement professionnel de leurs apprentis,
- Les faire réfléchir à comment développer leurs compétences de tuteurs,
- Le cas échéant, leur donner un “coup de main” ou des conseils dans l’accompagnement des apprentis.
Exemple n°3 : Apprendre le tutorat, entre pairs
Avec les commanditaires de ce grand groupe familial (dotée d’une “culture du compagnonnage”), nous partageons le fait que les tuteurs/ tutrices apprennent beaucoup entre eux : notamment des expériences en tutorat des un(e)s et des autres ! La séance de perfectionnement au tutorat est donc basée sur des principes de partage et d’apprentissages entre pair(e)s ! La formule courte et à distance, permet de déployer rapidement et de commencer à installer ce principe d’échanges, de solidarité, de réflexions en commun entre les tuteurs et tutrices y participant !
L’apprentissage entre pairs est bien installé chez les formateurs. Tuteurs et tutrices peuvent aussi bénéficier de cette approche : même si la fonction tutorale n’est pas un “métier”, ils / elles ont souvent à coeur de partager leurs succès et leurs difficultés à des “homologues” et pair(e)s !
Exemple n°4 : Animer une communauté tutorale
Ce grand groupe s’est doté d’un CFA en interne. Comme beaucoup d’employeurs, l’entreprise propose des jobs et a besoin d’attirer, former et fidéliser des candidats…Les commanditaires souhaitent à la fois créer une communauté d’apprentis et alternants au sein du CFA interne et son “pendant” : la communauté de leurs tuteurs -tutrices.
Nous organisons des journées de formation évènementielles, réunissant chacune plusieurs dizaines de tuteurs et maîtres d’apprentissage au sein du CFA. Première étape de ce qui va devenir la “communauté tutorale“.
Le dispositif évènementiel sur le tutorat s’appuie notamment sur une approche ludique en équipes, “prétexte” pour faire échanger, réfléchir, travailler ensemble des tuteurs et tutrices, au cours de la journée…
Quelques mois plus tard, des classes virtuelles de retour d’expériences permettront de capitaliser et d’entretenir la dynamique au sein de la communauté !
Débats, échanges de points de vue et d’expériences entre participants, sur “l’art et la manière de bien tutorer et accompagner des apprenants” : c’est une excellente manière de susciter des réflexes de solidarité entre les différents membres de la communauté tutorale !
Marc Dennery
