Depuis de nombreuses années, l’Education Nationale utilise la pédagogie du petit groupe. Les élèves, dès la classe maternelle, travaillent en atelier par petit groupe de 3, 4 ou 5 enfants. A l’école primaire cette approche est également très prisée. La formation professionnelle a beaucoup utilisé dans les années 1970 – 1980 la pédagogie du groupe, mais elle semble être moins en vogue, ces dernières années. Et pourtant, elle présente un intérêt pédagogique évident.
Pourquoi la pédagogie du petit groupe est-elle plus efficace ?
Depuis Vigotsky (1896-1934), nous savons que les interactions sociales sont sources d’apprentissage. Plus récemment des chercheurs comme Doise, Mugny ou Gilly ont fait la démonstration que les apprentissages sont d’autant plus importants que l’on peut constater un processus de type “Conflit socio-cognitif“. Lorsque deux ou trois personnes échanges entre elles sur une question ou à travers la réalisation d’une tâche (faire un exercice, réaliser un document en commun…), les individus en présence sont amenés à confronter leurs représentations. Ces échanges leur permettent de se décentrer par rapport à leur point de vue initial. Ce déséquilibre conduit chacun à réorganiser ses représentations antérieures et à intégrer de nouveaux éléments. Ils aboutissent ainsi à un nouvel équilibre cognitif : de nouvelles représentations. On parle de conflit socio-cognitif car il y a confrontation des points de vue dans le cadre d’interactions sociales et ainsi production d’une nouvelle pensée.
Mais il ne suffit pas de mettre face à face quelques personnes pour générer des apprentissages. Les interactions sociales ne produisent pas systématiquement du conflit socio-cognitif source de développement. Pour qu’il y ait apprentissage, il faut que les confrontations de points de vue soient argumentées et équilibrées. Si au sein du groupe, un personne s’impose et impose son point de vue sans laisser aux autres l’occasion de le discuter, il n’y aura pas conflit socio-cognitif, mais tout simplement imposition / acceptation du point de vue. A l’inverse, si les échanges sont ouverts, que chacun peut librement argumenter et que la synthèse est le produit des différents points de vue et non pas le choix d’un seul, il y aura apprentissage.
Le petit groupe avec des participants ouverts et prêts à se remettre en cause offre un bon potentiel d’apprentissage . A priori, si on poursuit le raisonnement, il est plus efficace même que le grand groupe dirigé par un formateur, car les échanges sont beaucoup plus restreints au sein d’un grand groupe. Et le formateur a tendance à les ramener à lui. Son autorité pèse sur les confrontations de point de vue.
Comment favoriser la pédagogie du petit groupe en formation ?
Le petit groupe peut être utilisé de nombreuses façons en formation. Il permet aux apprenants d’être réellement actif et remplace avantageusement les pédagogies interrogatives et participatives (cf. Passer de la pédagogie participative à la pédagogie active). Voici quelques exemples de substitution.
Le retour d’expérience
Individuel : le formateur présente une expérience vécue de façon documentée. Il demande aux participants de lui poser des questions à tour de rôle afin d’y répondre.
Petit groupe : les participants sont divisées en trinôme. Au sein de chaque trinôme, les participants présentent leur expérience de façon succincte. Au bout d’une dizaine de minutes, chaque trinôme est invité à sélectionner l’expérience la plus significative au regard du thème choisi et à préparer sa présentation au reste du groupe de façon détaillée. Le formateur réunit le groupe en plénière et invite les groupes à présenter leurs expériences. Au terme de chacune des présentations, les représentants des groupes sont questionnés sur leur expérience. En conclusion, le formateur fait un résumé et propose des apports méthodologiques complémentaires.
Le jeu de rôle
Individuel : les personnes préparent chacune de leur côté le jeu de rôle, puis deux personnes sont tirés au sort (ou deux personnes se désignent) pour passer et le reste du groupe joue le rôle d’observateur
Petit groupe : les participants préparent leurs rôles en petit groupe par exemple de 2 ou 3. Ils désignent celui qui semble prêt à passer. Le jeu de rôle peut être joué ensuite en plénière, ou encore mieux par petit groupe de 4 personnes : 2 acteurs / 2 observateurs. Dans cette dernière configuration, beaucoup plus de monde peut ainsi profiter de jouer les jeux de rôles.
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