Une étude récente vient de le démontrer une nouvelle fois : l’innovation pédagogique bât son plein. La digitalisation est en train de faire vivre à l’éducation ce que la musique, la litterature ou le cinema vivent ou ont déjà vécu. La formation en entreprise est-elle à l’écart de cette révolution ? Certainement pas. Un changement de paradigme est en cours qui aura des effets sur chacun des acteurs.
Un changement de paradigme
La digitalisation transforme en profondeur le rapport au savoir. Hier, le savoir était rare, aujourd’hui, il est disponible partout, à tout moment. Se former, c’était acquérir des connaissances dans des stages, les mémoriser puis les mettre en oeuvre. Aujourd’hui, c’est développer ses compétences en permanence, au poste de travail ou en dehors. La formation moderne n’a plus d’unité de lieu, ni de temps, ni même d’action. On acquière des connaissances en miette dans un flux permanent d’information à valeur ajoutée accessible de n’importe quel “device“.
Hier, le formateur était l’acteur principal. Aujourd’hui, c’est l’apprenant. Au coeur de son éco-système d’apprentissage, il se forme en pratiquant, en s’informant, en veillant, en observant, en se comparant, en formalisant… L’enjeu majeur de la formation classique était la transmission du savoir, aujourd’hui c’est sa pollinisation. Tout un chacun est agent de savoir dans un monde professionnel où les travailleurs du savoir dominent. Telle l’abeille qui butine et se couvre de pollen pour le répandre de fleurs en fleurs, l’apprenant fait son miel des grains de savoirs et les diffusent à ses pairs via les réseaux sociaux ou “In Real Life“. Le connectivisme des réseaux sociaux est devenu un modèle de relation sociale y compris dans la vie réelle de travail. Le partage devient peu à peu la modalité première de formation (cf. le modèle 70:20:10)
Penser la formation en entreprise, revient à s’interroger sur la façon d’optimiser les éco-systèmes apprenants. Comment organiser les ressources et mobiliser les acteurs autour des différentes populations d’apprenants ? On est loin de la simple organisation de stages et même de parcours blended.
Partant de cet éco-système apprenant, nous identifions 6 transformations majeures et 6 nouvelles ingéniéries à développer prolongeant le tryptique : ingénierie de compétences, ingénierie de formation et ingénierie pédagogiques du monde classique de la formation.
6 acteurs, 6 transformations majeures, 6 nouvelles ingénieries à développer
Le schéma ci-dessous résume ce nouvel éco-système de la formation en entreprise.
- L’apprenant est à la tête de cet éco-système. Sa première des compétences est de savoir apprendre. C’est pourquoi, l’ingénierie de l’apprenance devient essentielle. Elle se traduit par la maîtrise de son environnement d’apprentissage personnel (EAP), compris au sens large de méthodes et outils à la fois digitaux et classiques d’apprentissage. Tout responsable de formation cherchant à optimiser son système de formation devrait en priorité faire bénéficier chaque salarié de son entreprise d’une formation à l’EAP.
- Il bénéficie de trois facilitateurs. Le premier de ces facilitateurs est le formateur. Son métier se transforme d’animateur de groupe en facilitateur dans le cadre de processus d’apprentissages collaboratifs en grande partie digitalisés. Il passe d’une pédagogie interrogative à une pédagogie réellement active où l’apprenant apprend par lui-même ou avec ses pairs en bénéficiant de l’accompagnement du formateur. Le formateur doit maîtriser l’ingénierie de la relation techno pédagogique et non plus seulement le face à face pédagogique. Il doit être capable d’accompagner des personnes au sein de groupes manipulant tous types de “device“, tous types d’outils pédagogiques (M-Learning, Flash Learning, Classe virtuelle, outils de curation, serious games…).
- Le deuxième facilitateur est le manager. Celui-ci ne joue pas seulement le rôle de formateur interne ou de tuteur. Il y a les référents pour cela. Il a pour mission de tirer le meilleur profit de tous les apprentissages professionnels informels (API) pouvant être réalisé au sein d’une équipe. Son équipe devient apprenante. Et pour ce faire, il est amené à formaliser l’informel : impulser, organiser, faciliter… les façons d’apprendre entre équipiers, inter-équipe ou encore inter-entreprise (benchmarking, veille…). Il existe de nombreuses techniques d’apprentissage propres aux équipes qui rassemblées constituent une ébauche d’ingénierie de l’équipe apprenante.
- Le troisième facilitateur est le référent. Le référent est celui qui épaule, facilite, donne les informations utiles sur le parcours, et peut aussi transfèrer son expérience ou transmettre de la connaissance au moment opportun… Le rôle du référent devient essentiel dans le cadre de démarche d’auto formation accompagnée. Le référent peut être un tuteur ou un maître d’apprentissage, mais également un e-tuteur, un parain, un binôme dans le cadre d’un binômage de compétences… Sa compétence première est la guidance. Le chef de projet peut l’aider en co-concevant avec lui le dispositif de guidance le mieux adapté.
- L’éco-système apprenant est conçu par le chef de projet de formation. Partant d’une évaluation fine des profils et des emplois ciblés, le chef de projet combine les modalités pédagogiques en vue de bâtir des parcours à la fois collectifs et personnalisés. La multimodalité pédagogique est une richesse que le chef de projet de formation ne peut exploiter que dans une ingénierie de dispositif et non plus seulement de stage. L’éco-système conçu sera ensuite proposé aux apprenants qui le feront vivre et l’améliorera au fil du temps.
- Les ressources et outils techno pédagogiques sont conçus par le concepteur de formation. Son métier évolue sensiblement avec la digitalisation de la formation. Hier, pédagogue du présentiel, aujourd’hui, concepteur de modules de rapid e-learning, demain (voire déjà aujourd’hui), il détournera les services web pour en faire des outils à haute valeur pédagogique. Chaque jour de nouveaux outils apparaissent, toujours plus faciles d’utilisation, toujours plus utiles. Il suffit alors de les détourner pédagogiquement pour en faire des outils d’apprentissages. Citons par exemple : fil twitter, groupe privé linkedin, topics partagés de scoop it ou agrégation de flux RSS via Netvibes, infographies de Easel.ly, présentations animées de Prezi ou 360°Learning, blog wordpress, chaîne You Tube, compte slideshare, outil de vote socrative…
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