Les organismes de formation sont montés au créneau et ont exigé des améliorations sur le CPF. Hiboux, FFP… annoncent des baisses de CA de 15 à 30% pour 2015. Les chiffres font froid dans le dos, car le marché de la formation représente 150.000 salariés, essentiellement dans des entreprises petites ou moyennes, par conséquent faiblement capitalisées.
Le CPF… l’arbre qui cache la forêt
La messe est dite sur le CPF ! Le dispositif est pris en otage entre des syndicats qui souhaitent le préserver pour des formations longues et certifiantes, et le patronat qui aimerait en faire un plan bis.
Des aménagement (aur)ont lieu : ouvertures aux formations langues, bureautique, informatique technique… mais de toute façon le compte n’y est pas. 0,2% de la masse salariale pour financer les besoins individuels des salariés, c’est peu… trop peu. N’oublions pas qu’avec la même enveloppe, les FONGECIF financent seulement 35.000 CIF (en plus des bilans de compétences et des congés pour VAE), et que l’effort de formation des entreprises de plus de 10 salariés représente bon an mal an 2,7 à 2,8% de leur masse salariale.
Digital learning, fin de l’obligation fiscale, précarisation de l’emploi et génération Z : un cocktail explosif
Les entreprises sont en train de changer de regard sur la formation. L’image d’une taxe inévitable ou d’une dépense obligatoire permettant de réaliser un stage par salarié tous les 2 ou 3 ans, tend à s’effacer.
La responsabilité de se former est transférée au salarié. A lui de prendre en charge son capital compétence. Changement de paradigme inacceptable ? Probablement pour certains quadras ou quinquas habitués à partir en stage. Mais pas pour les générations qui arrivent sur le marché du travail. N’oublions pas qu’ils ont révisé leur bac sur leur tablette bien plus qu’en écoutant leurs profs !
La fin de l’obligation fiscale conjugée à une précarité de l’emploi toujours plus élevée, va accélérer ce mouvement de transfert de responsabilité. Pourquoi les entreprises investiraient dans la formation de leurs salariés alors qu’elles ne peuvent les garder et qu’elles n’ont plus d’obligation de « dépenser pour la formation » ?
Les plus optimistes nous rétorquerons que l’obligation de formation liée à l’EP protège les salariés. En partie. Mais en partie seulement. Car ne nous trompons pas d’analyse, les entreprises ont obligation de former pas de dépenser.
On entrevoit déjà la réponse des entreprises qui se profile. Diminution drastique des formations présentielles externes, mise en place de portail d’offres de formations digitales, développement de la formation interne et du tutorat (et encore mieux de toutes formes d’AST (apprentissages en situation de travail), généralisation de nouvelles modalités de certifications (plus courtes, plus opérationnelles – voir à ce sujet la nouvelle certification du GPS).
Nous ne le déplorerons pas. Nous l’avons assez annoncé dans ce blog, et nous sommes convaincus que ces nouvelles approches répondront bien mieux aux besoins des salariés que le stage ou les formations longues diplomantes héritées d’une époque, les années 1950, où la main d’œuvre était peu qualifiée.
Il n’en reste pas moins vrai que l’effet sur le marché de la formation risque d’être sismique. Des pans entiers d’opérateurs de formation pourraient disparaître. Affaire à suivre.