Le MOOC est à la mode. Il faut faire du MOOC, comme il fallait faire au début des années 2000 du E-Learning. Mais la formation en entreprise a ses spécificités et est actuellement à un tournant de son histoire. Le MOOC est certainement une opportunité pour les entreprises, mais ces dernières devront se l’approprier pour en tirer les bénéfices.
Rapide comparaison avec le E-Learning et le stage
Le MOOC, Massive Open Online Courses, est très séduisant sur le papier. Par rapport au E-Learning, il présente les avantages d’apporter :
- plus de guidance : la formation est cadencée, des classes virtuelles permettent de faire des points réguliers…
- plus d’apprentissage collectif : des moments de regroupements peuvent être organisés, des forums sont à disposition pour faciliter les échanges entre les participants…
- … pour un coût à peu près équivalent : les surcoûts de formation synchrone sont compensés par des investissements moindre dans la médiatisation pédagogique.
Par rapport au classique stage de formation, ce qui a été dit pour le E-Learning pourrait être répété pour les MOOC’s : coût nettement plus intéressant à condition d’un volume suffisant, mais efficacité pédagogique restant à vérifier. Cette dernière dépendant essentiellement de la capacité à s’auto former de l’apprenant.
3 façons de faire du MOOC, 3 opportunités
Vu du côté de la formation en entreprise, il y a trois façons d’utiliser au mieux les MOOC’s :
Le MOOC “Inter“ pour les “formations de confort“
Nous regroupons sous l’appellation de “formation de confort“ toutes les formations qui ne sont pas stratégiques pour l’entreprise mais qui peuvent être utiles aux salariés pour se remettre à niveau ou se perfectionner. Il s’agit par exemple d’une grande majorité des formations en langues, bureautique, développement personnel, technique de base… A l’ère des réseaux sociaux et de la formation 2.0, ce perfectionnement peut se faire sur la toile. Les MOOC’s présentent l’avantage d’encadrer la progression et de s’y retrouver plus facilement dans le magma des ressources pédagogiques disponibles. Le MOOC est un réel plus par rapport au Crowd learning.
L’offre de MOOC reste encore limité pour ces formations de confort, mais elle devrait se développer très rapidement. Des portails commencent à proposer une offre de MOOC ouverte réellement à tous. Il y a évidemment France Université Numérique, mais également des offres privées (cliquez ici).
L’enjeu pour les services de formation en entreprise est de sélectionner les meilleurs MOOC’s et de les promouvoir au sein de leur entreprise. D’acheteurs de formation, ils deviendront ainsi préconisateurs d’offres de formation. Le gain pour l’entreprise pourrait être très important, notamment pour les grandes entreprises si la fin de l’obligation fiscale est confirmée pour elles. Fini les stages inter ou intra non indispensables. Vive le “MOOC inter“ !
Le MOOC “Intra“ pour les “formations stratégiques“
A l’opposé des formations de confort, se trouvent les formations dites “stratégiques pour l’entreprise“. Ces formations accompagnent généralement de grands programmes de changement. Il s’agit de formation au leadership, de nouveaux embauchés, à l’accompagnement de l’introduction de nouveaux logiciels ou de nouvelles technologies ou encore de nouveaux produits ou techniques de vente pour les réseaux commerciaux… Ces formations étaient réalisées jusqu’aux années 1990 à travers de grands projets de formation tout en présentiel. Avec le développement du E-Learning, les entreprises sont passées au blended learning. Tout naturellement, elles vont intégrer le format du MOOC pour ces grands programmes. Le MOOC ne sera alors qu’une amélioration pédagogique de plus. Les gains financiers ayant déjà été faits en grande partie à travers le passage au blended learning.
Mais ces MOOC intra-entreprises nécessiteront des moyens. C’est pourquoi, des partenariats pourraient être mis en oeuvre.
Les MOOC “en partenariat“ pour tous les types de formation
Le coût d’un MOOC réside dans son investissement pédagogique. La mutualisation de cet investissement va devenir un enjeu essentiel. Il en était de même avec le E-Learning et reconnaissons que cette mutualisation est restée marginale. Sera t-elle plus grande pour les MOOC’s ? On peut le penser compte tenu de la double évolution du contexte.
- Le changement de cadre réglementaire pourrait avoir des effets très significatifs. La fin probable de l’obligation fiscale et son remplacement par une obligation conventionnelle devrait renforcer le rôle des politiques de branche. On pourrait voir ainsi émerger des “MOOC’s de branche“. A partir de référentiels métiers défnis par la CPNEFP, des organismes de formation pourraient concevoir des MOOC’s sur cahier des charges établis par les sections professionnelles des OPCA et financés par les fonds de la professionnalisation. Ces MOOC’s de branche pourraient être dévastateurs pour l’offre de formation privée et associative. Mais qui pourra en empêcher le paritarisme de le faire ? Des offres mutualisées ont fortement été développées depuis la réforme de 2009 et personne ne s’y est opposé.
- L’évolution des mentalités pourrait jouer son rôle. Les entreprises s’ouvrent à l’ère des réseaux sociaux. Les grandes entreprises semblent vouloir faire partager leur savoir-faire à l’éco-système qui les entoure. Cela pourrait redonner du sens à la notion de RSE. Mais sans parier sur la générosité des entreprises, on peut constater d’ores et déjà que de grands groupes se portent candidats à la mise à disposition de plateforme MOOC dans une logique business (voir l’exemple d’orange) ou de marketing RH (voir MOOC et recrutement).
MOOC : nouvelle panacée pédagogique ?
Il n’existe pas de pédagogie absolue ou d’outils ou techniques parfaits. Reste que le MOOC pourrait être au tournant des années 2020, ce que le E-Learning est depuis le tournant des années 2010 : une approche pédagogique faisant partie intégrante du paysage de la formation. Il est urgent que les entreprises s’y intéressent et apprivoisent cette nouvelle approche. Fortes de l’expérience du E-Learning, elles pourront éviter certaines erreurs (manque de guidance, pari risqué sur la culture de l’apprenance des salariés, investissements davantage focalisés sur les plateformes et le graphisme que sur les usages réels et l’accompagnement…). Le contexte à la fois réglementaire, technologique et, pour une fois politique, pourrait les aider à réussir la (r ?)évolution MOOC.
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