Dans l’article précédent : « Quels sont les nouveaux métiers de la formation ? #1 – La transformation du métier de formateur », nous avons mis en évidence les trois nouvelles dimensions du métier de formateur. Dans ce deuxième article nous allons traiter des fonctions supports des organismes de formation. Deux nouvelles fonctions pourraient émerger (qualité et animation de réseaux), tandis qu’une troisième pourrait se renforcer (le management). Le contenu de cet article et du précédent sera présenté au cours de l’atelier que nous animerons dans le cadre du Learning Show à Rennes le 17 octobre prochain.
Qualiticien
Le décret qualité d’une part, et la nécessité, d’autre part, d’industrialiser l’individualisation de la formation pour en abaisser les coûts, va entraîner la création d’une fonction qualité au sein des organismes de formation. Cette fonction est courante depuis de nombreuses années dans l’industrie. Plus récemment, elle s’est généralisée dans les services. Aujourd’hui, elle devient incontournable dans les organismes de formation.
Une fonction qualité permet d’optimiser les processus, de standardiser les façons de travailler, d’évaluer les progrès et d’engager des démarches d’amélioration permanente, de mieux prendre en compte les besoins du client. Tout ceci, devient indispensable lorsque le marché se libéralise (appli CPF, nouvelle donne dans l’apprentissage). D’un marché BtoB, on passe à un marché BtoC. Ce sont les gains marginaux qui feront alors la différence. C’est un des apports essentiels d’une fonction qualité que d’aider à réaliser ces gains marginaux.
Animateur de réseaux
A l’ère du digital learning et de l’AFEST, l’organisme de formation ne peut plus, à lui seul, maîtriser toute la chaine de valeur de l’acte pédagogique. Il doit s’entourer de partenaires. Ceux-ci sont nombreux et divers. On pense évidemment aux formateurs vacataires en premier, mais ils ne sont pas les seuls. Il y a également les éditeurs de contenus pédagogiques, les studios de digitalisation de contenu et les « plateformistes », l’entreprise elle-même qui prend le relais de l’organisme de formation pour la formation en situation de travail, les opérateurs de l’emploi et de l’insertion professionnelle. Il y a enfin les co-financeurs comme les OPCO qui joueront un rôle essentiel dans le futur d’accompagnement et de mise à disposition d’outils et ressources conçus avec les branches.
L’organisme de formation va se retrouver ainsi au cœur d’un éco-système de formation. Jusqu’à présent et parce que la taille des organismes de formation était limitée, cette fonction de coordination était assurée généralement par la direction générale. Demain, avec la concentration du marché, cette fonction devra s’institutionaliser. Il ne serait pas surprenant de voir apparaître des responsables de partenariats dans chacun des organismes de formation de taille respectable.
Parallèlement à son institutionnalisation, c’est une fonction qui pourrait se diffuser aussi bien auprès des équipes administratives que pédagogiques. Chacun a sa façon se trouve interpelé par la nécessité de travailler en partenariat avec ses clients et ses fournisseurs. Le bénéficiaire lui-même de la prestation, c’est-à-dire l’apprenant, souhaitera davantage être impliqué dans le processus de co-production de la prestation. N’oublions pas qu’une désintermédiation de la formation doit entraîner une responsabilisation de l’apprenant.
Management
La complexité et la concentration semble être les deux grandes tendances de l’évolution des opérateurs de formation. Ce qui entrainera inévitablement un besoin de fonction managériale accru.
Complexité, car les nouvelles exigences qualité, l’orientation vers un marché BtoC notamment pour le CPF ou encore la multimodalité et la pédagogie personnalisée vont amener les OF à gérer des processus toujours plus sophistiqués. Hier, maîtriser la relation client « entreprise » et le face à face pédagogique suffisait à garantir un certain succès sur le marché de la formation. Demain, il faudra de surcroît gérer la relation client « apprenant », investir dans l’édition pédagogique, maîtriser l’accompagnement individualisé, gérer les exigences de multiples financeurs (OPCO, Régions, Pôle Emploi, particuliers) sur des marchés de moins en moins spécialisés (apprentissage, demandeurs d’emploi, FPC, et même formation initiale se rapprochant chaque jour davantage), faire la preuve d’un management par la qualité… Bref, cette complexité accrue va impliquer des qualités managériales autrement plus importantes que par le passé. D’un management en bon père de famille de petites officines, on va passer au management post-moderne en quelques années.
La concentration inévitable va renforcer ce besoin en management. Il paraît évident que sous le double effet du décret qualité et de l’importance des investissements en digital, les petits opérateurs généralistes auront beaucoup de mal à résister à la baisse des prix. Des organismes de formation de plus grandes tailles se traduira évidemment par des strates de management supplémentaires. Aujourd’hui en France, rares sont les organismes de formation dépassant un effectif permanent de plus de 500 salariés. On doit pouvoir les compter sur les doigts des deux mains. Demain, ce paysage de PME devrait se transformer en un univers de belles ETI travaillant en partenariat avec une myriades de TPE-PME.