L’Afdas, OPCA, OPACIF et OCTA des secteurs de la culture, de la communication, des médias et des loisirs… propose à cette rentrée 2016 une offre très complète de montée en compétence des tuteurs. Nous avons rencontré Elodie Lombardo – directrice du développement et des relations entreprises – pour faire le point sur la question de la formation au tutorat.
Pourquoi l’Afdas a fait de la montée en compétences des tuteurs, l’une de ses priorités ?
Dans les entreprises de notre secteur, le fait de mettre en place un tutorat pour chaque embauche de contrat de professionnalisation ou d’apprentissage est maintenant rentré dans les mœurs. Mais pour que ce tutorat soit réellement de qualité, il est impératif de monter en compétence les tuteurs. La posture de transfert de compétences ne s’improvise pas ! Encore moins celle d’accompagnateur d’apprentissage en situation de travail.
Tutorer, ce n’est pas « regarde comment je fais, et fais comme moi… », c’est donner du sens, proposer un itinéraire tutoral intégrant des temps et modes d’apprentissages variés, c’est aussi faire des feed back bienveillants et motivants, évaluer de manière objective et dresser un bilan honnête et complet du tutorat
Mais accompagner l’apprentissage, un bon manager sait déjà le faire ?
Oui, un bon manager doit savoir le faire. Mais, il n’est pas forcément le mieux placé pour le faire. Confier la mission de tutorat au manager peut engendrer davantage de difficultés qu’il ne résout de problème. Le manager est contraint d’évaluer la performance. Il se focalise sur les résultats. Il est difficile pour lui de jouer en plus le rôle de formateur. C’est presque antinomique.
Par ailleurs, l’entreprise qui confie au manager la mission de tuteur se prive de l’effet formatif du tutorat pour le tuteur lui-même. Tutorer, c’est développer des compétences d’accompagnateur ou de coach. C’est une partie du métier de manager, mais c’est aussi revisiter sa propre expertise pour bien former son tutoré. Du coup c’est un processus vertueux pour le tuteur, qui apprend autant si ce n’est plus que le tutoré ! Pour l’entreprise, confier une mission de tutorat, c’est en quelque sorte préparer des « potentiels » à leur mission de manager de demain. Le tuteur, n’est pas forcément une personne très expérimentée ou en fin de carrière. Cela peut être aussi un jeune collaborateur exemplaire, qui a déjà appris suffisamment pour transmettre à des plus jeunes et parfois à des personnes plus « seniors » que lui (reverse mentoring) dans des domaines comme le digital.
Qu’est-ce qui différencie votre nouvelle offre de formation au tutorat ?
Nous l’avons adaptée, avec nos partenaires, aux défis à la fois de la digitalisation et de la formation rapprochée et de la demande de nos adhérents pour des formations plus flexibles.
A côté d’une offre classique de formation de tuteurs en blended ou en présentiel, nous proposons donc une formule 100% digitale où le tuteur est accompagné tout au long de sa mission dans les quatre temps forts du tutorat. Il participe concrètement à quatre classes virtuelles de 1h30 chacune et entre deux classes virtuelles, il se connecte à tout moment et autant de fois qu’il le désire au portail Campus Tuteur* .
Il y retrouve des ressources (e-learning, fiches pratiques, FAQ etc. sur le tutorat) mais aussi des modèles et outils prêts à l’emploi (pour réaliser un itinéraire tutoral ou encore évaluer son tutoré par exemple).
La formation de tuteurs est de plus en plus délicate à mener en une seule étape : à la fois pour des problèmes de disponibilité des tuteurs mais aussi parce qu’il existe des moments forts où il ne faut pas se louper dans l’accompagnement d’un tutoré et ces moments n’arrivent pas tous en même temps ! En tant que tuteur, on a besoin d’acquérir les réflexes et bonnes pratiques de tuteur, juste au moment où ces étapes vont survenir avec son tutoré. Exemple : le premier mois, on travaille l’accueil et la bonne intégration du tutoré ainsi que la découverte du métier ou de la mission. Entre trois et six mois, c’est le développement des compétences clés et de l’accompagnement vers l’autonomie qui importent. Puis vient le temps de l’évaluation. A la toute fin de l’alternance, il faut souvent « gérer » la motivation du tutoré et l’aider à réussir son examen ou sa soutenance.
Le tuteur n’est pas démuni par rapport à ces grands moments car il est lui-même accompagné, formé et outillé, juste à temps et juste assez grâce aux classes virtuelles et aux ressources du Campus Tuteur.
Enfin, nous avons pensé également aux responsables d’entreprises et nous avons réalisé pour eux un guide de l’alternance (télécharger le guide sur le site de l’Afdas) pour leur permettre de mieux dialoguer avec leurs tuteurs.
Quels sont les développements futurs que vous envisagez pour votre offre ?
Nous allons déjà tester cette formule 100% digitale dans les mois à venir et faire le retour d’expérience qui s’impose. On envisage déjà la possibilité de « rafraîchir » les connaissances de tuteur. On aimerait développer une offre digitale flexible pour les tuteurs déjà expérimentés qui souhaiteraient partager leur expérience et approfondir leur maîtrise.
Enfin, nous avons lancé en partenariat avec la DGEFP, un programme expérimental sur la FEST (*) ou Formation En Situation de Travail.
La FEST ne se limite pas au tutorat, mais il est évident que les deux sont liés. Nouvelles façons de former des tuteurs et FEST sont deux expérimentations qui devraient nous permettre, à terme, de proposer à nos entreprises partenaires de nouvelles façons de professionnaliser la formation « terrain », de manière à la fois plus digitalisée et outillée mais aussi plus rapprochée et plus flexible.