C’est paradoxal ! Plus le savoir est digitalisé, moins on a besoin de formateurs pour transmettre le savoir, et pourtant, plus ces derniers doivent maîtriser de façon experte la discipline dans laquelle ils interviennent. Trois raisons essentielles à cela.
Le formateur est de plus en plus « challengé »
C’est une évidence. Hier, quand le formateur « oralisait l’écrit », l’auditoire l’écoutait. Aujourd’hui, quand le formateur commente son diaporama, l’auditoire vérifie sur son Smartphone qu’il ne dit pas de bêtise. Le formateur ne peut plus faire semblant. Les concepts, les notions, les définitions sont contrôlés en permanence.
A cela s’ajoute le fait que les apprenants peuvent avoir accès aux mêmes sources de connaissances que leurs formateurs avant ou après la formation. Twitter, YouTube, MOOC, blog professionnel, Linkedin, Viadeo fournissent un flux permanent d’informations professionnelles. Certes, elles sont plus ou moins justes, plus ou moins pertinentes, il n’empêche qu’elles pré-existent à l’intervention du formateur. Plus que jamais, faire apprendre, c’est faire désapprendre.
Le formateur doit en permanence se tenir au courant de l’évolution des connaissances de son métier pour être capable d’aider les apprenants à faire le tri entre connaissances justes et fausses, connaissances sans intérêt et à valeur ajoutée.
Quand on fait appel à un formateur, on en veut pour son argent !
Si le formateur n’est pas capable d’aller plus loin que les connaissances facilement accessibles sur la toile , autant rester chez soi ! L’intervention d’un formateur devient aujourd’hui un moment fort, un bien rare et parfois cher. Les attentes des commanditaires et des apprenants sont de plus en plus fortes à son égard.
Il se passe dans la formation ce que l’on a déjà constaté dans la vente. Le client attend que le vendeur lui en dise plus que son site internet. Le stagiaire attend qu’il lui apporte de la connaissance à forte valeur ajoutée.
Concrètement, cela se traduit par quatre missions principales du formateur :
- Flécher vers les connaissances indispensables afin de faire gagner du temps au stagiaire dans ses recherches.
- Relier les connaissances entre elles pour en extraire l’essentiel de ce qu’il faut acquérir.
- Contextualiser les connaissances en les traduisant dans l’environnement de son auditoire afin de favoriser son implication et son appropriation.
- Apporter des connaissances pointues non encore diffusées sur la toile afin de faciliter l’innovation.
Toujours moins « transmetteur », toujours plus « médiateur »
Apprendre ce n’est pas s’exposer passivement au savoir, c’est, comme le disent les constructivistes, accommoder sa structure de connaissances pré-existante à de nouvelles connaissances.
La magie de l’apprentissage se joue dans les moments d’appropriation. Que se passe-t-il dans la tête et, parfois dans le corps, d’un apprenant quand il est confronté à de nouvelles connaissances ou à une nouvelle façon de faire ?
Pour l’aider à s’approprier la nouvelle connaissance ou le nouveau geste, il faut comprendre son raisonnement, observer comment il s’y prend, pour pouvoir ensuite lui proposer d’autres voies d’appropriation. Et pour y parvenir, le formateur doit connaître toutes ces voies possibles. Ce n’est pas donné au premier des formateurs. Il faut une maîtrise parfaite de son domaine pour être en mesure de s’extraire de ce que l’on a à dire ou à montrer pour se concentrer totalement sur les apprenants et ainsi apporter cette valeur ajoutée de médiateur.