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Produire en volume du Digital Learning : comment s’y prendre ?

La question semble tarauder actuellement les directions formation. Comment faire pour passer d’une production (ou achats) de quelques modules e-learning par an à une production massive de Digital Learning. Car une fois la plateforme achetée, une fois la suppression des formations présentielles coûteuses décidée, une fois la politique annoncée du 100% blended learning fixée, reste à se donner les moyens de ses ambitions. A savoir : mettre à disposition des collaborateurs de véritables parcours d’apprentissages digitalisés. Et, là ce n’est plus quelques modules qui peuvent suffire, mais des centaines, voire, pour les plus grandes entreprises, des milliers de E-Learning, Vidéo learning et autres M-Learning qui sont nécessaires.

1) Bien poser le problème

Pour produire en masse du Digital Learning, il faut repenser complètement son modèle de conception pédagogique. D’une approche artisanale, projet par projet de formation, il faut passer à une approche industrielle basée sur la production de véritables bibliothèques de “learning nuggets” ou micro contenus de formation.

Il ne s’agit plus de produire du contenu digital “sur mesure”, parfaitement adapté à chaque besoin de formation comme on le faisait pour le présentiel, mais de concevoir les contenus digitaux comme des briques que l’on combinera ensuite en fonction des parcours individualisés. Pour prendre une analogie, les contenus digitaux doivent être imaginés comme des briques de Lego. Chaque contenu digital est indexé aux référentiels de compétences. Les parcours sont comme des notices de constructions. Ils définissent comment combiner au mieux les contenus digitaux pour répondre aux besoins des différents profils. L’aspect “sur-mesure” de la formation provient de la combinaison des briques, pas des briques elles-mêmes.

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2) Définir une stratégie de production

Une fois le problème bien posé, il est impératif de définir une stratégie à court / moyen / long terme. Les choix vont dépendre de la taille et du contexte de l’entreprise (équipes pédagogiques existantes ou inexistantes, experts ayant un penchant Geek ou, à l’inverse plutôt réfractaires aux nouvelles technologies, savoirs stabilisés ou en permanence renouvelés, etc.).

Pour faire simple, la direction formation devra choisir entre trois solutions possibles : faire en interne, faire en externe, louer des solutions standards.

Faire en interne présente l’avantage de la maîtrise du savoir-faire et facilite les mises à jour. Faire en externe permet de démarrer rapidement avec un volume important. Louer des solutions standards donne accès à moindre coût à des volumes très importants de contenu, mais ne répond le plus souvent qu’à une partie des besoins (contenu générique comme par exemple pour les langues, la bureautique et en partie le management).

3) Penser avant tout aux modalités et “templates” pédagogiques

Que l’on produise en interne ou en externe, il est indispensable de faire des choix de modalités pédagogiques et de se doter de chartes pédagogiques ou “templates”.

Le digital learning regroupe différentes modalités. Entre le E-Learning d’une vingtaine de minutes, le flash learning de 3 à 7 minutes, la vidéo de l’expert, le film d’un geste professionnel ou encore une fiche E-reading, les différences sont très grandes et les complémentarités très fortes. La direction formation devra donc faire des choix de modalités. Et pour chacune, définir des “templates” ou modèles afin de produire en masse, c’est-à-dire des gabarits qui permettront de produire de façon industrielle chaque module.

4) Faire simple côté équipement

En complément des choix de modalités et de template, il conviendra de faire des choix d’équipements. On privilégiera la simplicité d’utilisation pour les concepteurs sur l’aspect sophistication du produit final à destination des apprenants. Le mieux est souvent l’ennemi du bien dans ce domaine. Choisir des outils fiables, produits par des sociétés bien établies assurant la formation des concepteurs est souvent la meilleure solution. Attention ! Le piège de la nouveauté et de la multiplication des outils n’est jamais bien loin.

5) Bien définir les rôles et accompagner les “nouveaux professionnels de la pédagogie”

Croire que produire des vidéos learning ou des rapid e-learning est une chose simple est une erreur à ne pas commettre. Méfions-nous des discours marketing ! Concevoir du digital learning est un vrai métier. Pour être plus juste, cela fait appel à plusieurs corps de métiers. Trois exactement :

  • L’expert qui détient le savoir et doit le formaliser
  • Le pédagogue qui “scénarise” le contenu en fonction des compétences visées
  • Le “réalisateur” c’est-à-dire celui qui réalise à proprement parler le produit de digital learning. Et dans ce domaine, il existe autant de métiers que de types de produits (vidéaste pour le vidéo learning, graphistes et professionnels de l’intégration de produits Rapid E-Learning pour le E-Learning, spécialistes webdesign pour le E-Reading, etc.)

Rares sont les personnes capables de maîtriser ces trois expertises métiers. Parfois les deux premières peuvent être réalisées par la même personne, comme les deux dernières. Mais généralement, chaque expertise doit être confiée à des personnes différentes et il est nécessaire de bien définir les rôles et les interfaces.

Dans tous les cas, ces expertises métiers ont une courbe d’apprentissage assez longue. On privilégiera donc un nombre restreint d’intervenants. On ne se limitera pas à les former, mais on les accompagnera dans la durée pour une montée en compétence rigoureuse.

 

Marc Dennery

Marc Dennery

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