La formation est pensée aujourd’hui par nos décideurs comme “LA“ solution au chômage. Depuis plus de 40 ans, réforme après réforme, la finalité de la formation est orientée à chaque fois davantage vers le traitement social du chômage. La loi de 2009 a marqué un nouveau pas décisif dans ce sens avec la création du FPSPP. Celle à venir devrait encore accentuer le phénomène.
Il faut aujourd’hui changer de cap et permettre à la formation de poursuivre toutes ses finalités à savoir :
- Développer la compétitivité des entreprises, grâce à une formation accompagnant l’évolution des technologies et des organisations,
- Favoriser la promotion sociale en permettant aux salariés et travailleurs non salariés qui le souhaitent de changer plusieurs fois de niveau de qualification au cours de leur vie professionnelle,
- D’offrir à tous ceux qui le souhaitent (actifs comme non actifs) d’accéder à un niveau supérieur de culture.
Ces trois finalités étaient au fondement de la réforme de 1971. Malheureusement, l’évolution du contexte économique en a décidé autrement.
Aujourd’hui, les orientations politiques données à la formation sont dangereuses. Elles tendent à faire de la formation, un simple instrument au service du chômage, en délaissant la compétitivité et la promotion sociale qui sont les véritables leviers du développement de l’emploi.
Tout miser sur la formation des chômeurs est, certes politiquement correct, mais est inefficace. Pour preuve l’évolution comparée du chômage et de l’investissement formation : en 1970, le taux de chômage est de 2% et l’effort de formation des entreprises de + de 10 salariés est de 1,3% de la masse salariale. Aujourd’hui, la France vient de passer la barre des 10% de chômeurs, alors que l’effort de formation de ce même type d’entreprise tourne autour de 3%. Les deux courbes augmentent en parallèle, on est loin de l’effet ciseau attendu.
Les politiques qui ont fait de la formation, la solution miracle au chômage, ont oublié l’essentiel. Trouver ou retrouver un travail n’est pas un problème de formation, mais une question d’employabilité et de mobilité. Or, se former sans exercer ne sert pas à grand chose pour développer son employabilité. Et il vaut mieux maintenir ses compétences et son employabilité en veillant à rester performant dans son métier que d’essayer de se reconvertir quand il est déjà trop tard. Dans ce domaine de l’emploi aussi, prévenir vaut mieux que guérir ! Alors il ne sert à rien de déshabiller Pierre, pour habiller Paul, comme le fait aujourd’hui le FPSPP en transférant les fonds de la formation des salariés vers les chômeurs.
Add comment