Comment transformer un exposé en une séquence pédagogique active ?

La passivité est mère de tous les vices en pédagogie ! Et l’exposé du formateur suscite trop souvent cette passivité. Selon la méta-analyse réalisée par Michelene Chi, il n’est « d’apprentissage profond » qu’à partir du moment où l’apprenant peut lui-même construire ses savoirs et les échanger avec ses collègues (cf. notre article ici).

Pour favoriser ces apprentissages, le formateur doit réduire toutes les « séquences passives » en formation et les remplacer par des temps d’activité, de réflexion, de production de connaissances par les apprenants.

Dans nos formations de formateurs, nous travaillons tout particulièrement ce point. Voici trois techniques que nous proposons à nos apprenants pour remplacer le classique exposé par des techniques réellement actives.

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1)  Le Quiz Starter

Le quiz starter repose sur un principe simple : plutôt que de transmettre le savoir puis de contrôler si les apprenants l’ont bien mémorisé par un quiz, le formateur démarre par le quiz et n’apporte plus que les savoirs nécessaires en fonction des réponses des apprenants.

Le Quiz utilisait en démarrage permet à l’apprenant d’activer sa structure de connaissance, de s’interroger sur ce qu’il sait, de chercher par lui-même la connaissance avant de bénéficier du transfert de connaissances de son formateur.

Pour le formateur, cela lui permet dès le démarrage d’identifier ce que les apprenants savent déjà sur la question et de n’apporter que ce qui est nécessaire. C’est une approche écologique de la formation : on transmet seulement les connaissances qui sont nécessaires, pas celles qui sont déjà acquises. On fait de la chasse aux gaspis des connaissances !

La technique du Quiz starter est très facile à mettre en place.

1. Le formateur rassemble tout le contenu qu’il a à transmettre en fonction des objectifs pédagogiques qu’il s’est fixé.
2. Le formateur découpe son contenu en séquence de 5 minutes environ et pour chacune des séquences il recherche une question précise qui permet de vérifier le niveau de connaissance de ses apprenants sur le sujet. Il procède en fait de la même manière que s’il devait faire un Quiz synthèse ou de contrôle en fin de formation.
3. Le jour de la formation le formateur propose aux apprenants de démarrer chaque séquence de 5’ de son exposé par la question du quiz starter. Il répartit le groupe en binôme ou trinôme (c’est plus riche et il y a plus de chance d’obtenir des bonnes réponses car cela génère du conflit socio-cognitif – cf notre article ici).
4. A chaque séquence de 5’, il procède de la même façon : 1- Réflexion en binôme pour répondre à la question, 2-Partage des réponses, 3-Apport de contenu du formateur : quand le groupe a la bonne réponse à l’unanimité, il confirme le résultat, quand les avis du groupe ont des points de vue divergents, il lance un rapide échange et fait un apport, et quand le groupe répond de façon incorrecte, il le questionne pour comprendre son raisonnement et livre l’apport nécessaire à sa compréhension.

Le Quiz starter est une technique à la fois simple à préparer et facile à animer. Elle a un côté ludique très apprécié par les apprenants. Elle peut être animée aussi bien de façon présentielle qu’à distance, notamment avec des outils d’animation de type Quiz en ligne.

2)  La FAQ

A l’instar du Quiz Starter, la FAQ ou Foire aux questions permet de s’ancrer sur les pré-acquis des apprenants. Mais cette fois-ci ce n’est plus le formateur qui interroge ses apprenants, ce sont les apprenants qui interrogent leur formateur.

Comment cela fonctionne concrètement ? Le formateur distribue des post-it (à distance cela peut s’animer via des outils de type Klaxoon) et demande aux participants sur les post-it, par exemple bleus, d’indiquer ce qu’ils savent du sujet de l’exposé et sur les post-it d’une autre couleur, par exemple jaune, les questions qu’ils se posent encore sur le thème de l’exposé. Pour plus d’efficacité pédagogique, vous aurez intérêt évidemment à faire faire ce travail de réflexion en binôme ou trinôme (encore une fois pour favoriser le conflit socio-cognitif).

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Le formateur ramasse ensuite tous les post-it et les colle au tableau. Il va ensuite, faire son exposé en reprenant les idées correctes apportées par les participants, en corrigeant les idées fausses et en répondant à toutes les questions qui nécessitaient des éclaircissements.

Le formateur peut reprendre certaines de ses diapos qu’il avait préparées pour valider des points ou répondre à des questions, mais il ne tombera pas dans le piège du monologue devant l’écran. Car il répondra aux questions et les réponses du formateur, à leur tour, provoqueront chez les apprenants l’envie de poser de nouvelles questions. C’est le groupe qui dirige alors l’intervention du formateur. C’est la connaissance « on demand ».

Evidemment, vous allez penser que cette technique ne fonctionne pas quand les participants ne connaissent rien au sujet. Et vous aurez raison. Mais ce cas de l’apprenant-ignorant est exceptionnel :

• En formation professionnelle, les apprenants sont rarement des tout débutants. Ils ont souvent une première connaissance du sujet.
• Vous pouvez utiliser le principe de la classe inversée pour élever le niveau des pré-acquis de vos apprenants. Par exemple, vous leur demanderez de consulter avant de venir soit un module de E-Learning sur le sujet, soit un PDF sur l’essentiel du contenu de votre exposé, soit des sites de références sur le sujet afin de se faire une première idée du sujet.

La FAQ est une technique très dynamique et participative que vous pouvez donc utiliser très souvent si vous y associez le principe de classe inversée. Elle développe chez vos apprenants le sentiment de contrôle sur leur apprentissage. Vous ne leur dites plus ce qu’ils doivent savoir, c’est eux qui vous demandent ce qu’ils souhaitent apprendre !

3)  « La formation dont je suis le héros »

“La formation dont je suis le héros” est une technique plus radicale dans la transformation de l’exposé en séquence active de formation. Cette fois-ci, le formateur n’intervient plus qu’en soutien de la transmission des connaissances. Ce sont les apprenants qui deviennent à tour de rôle formateur.

Cela peut vous surprendre, mais ça fonctionne très bien et nécessite assez peu de temps et de compétences pédagogiques pour la mise en oeuvre.

1. Avant la session, le formateur découpe son exposé en 3 ou 4 parties.
2. Avec l’invitation à la formation, il demande aux participants qu’il a réparti en 3 ou 4 sous groupes, de préparer une partie de l’exposé. Concrètement, si la session comprend 12 participants, il demande aux trois premiers de consulter de la documentation pédagogique sur la première partie de son exposé, puis au deuxième de faire de même sur la partie 2 et ainsi de suite.
3. Pendant la session, au moment de réaliser son exposé, le formateur demande aux participants de se mettre en sous-groupe et de préparer une synthèse à présenter devant leurs collègues sur la partie sur laquelle ils ont travaillé lors de la préparation.
4. Une fois ce travail de synthèse réalisé, chaque sous-groupe fait à tour de rôle sa présentation.
5. A la fin de chaque présentation, le formateur invite le reste du groupe à interroger leurs collègues, à exprimer ce qu’ils ont compris et ce qu’ils maîtrisent moins bien.
6. Le formateur résume et fait des apports complémentaires après chaque présentation en fonction des questions et incompréhensions des participants.

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Au final, l’exposé est donc réalisé par les apprenants eux-mêmes et non plus par le formateur. L’efficacité de cette technique pédagogique réside dans le principe bien connu qu’on retient d’autant mieux une connaissance qu’on est capable de la transmettre soi-même. Le formateur en dit beaucoup moins, mais il en fait mémoriser beaucoup plus !

La technique de “La formation dont je suis le héros” peut vous paraître un peu chronophage. En fait, elle ne l’est pas si elle est mise en oeuvre dans un parcours de formation distribué dans le temps. Le formateur donne les consignes à la fin du module, les apprenants font la préparation en intersession et le formateur n’a plus qu’à faire faire les présentations aux apprenants lors du module suivant.